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L’Essor N° 17380 du 26/2/2013

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CEDEAO : Les crises focalisent les énergies
Publié le jeudi 28 fevrier 2013  |  L’Essor


© AFP par DR
Mali : les Chefs d’Etats de la Cedeao réunis à Yamoussoukro
Mercredi 27 février 2013. Les Chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont réunis, en sommet, dans la capitale politique ivoirienne


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sommet de Yamoussokro est dominé par la question des crises malienne et bissau-guinéenne et par celle du fonctionnement des institutions de la Communauté

Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’ivoire, accueille depuis hier le 42è sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, participe aux assises qui s’achèvent aujourd’hui, aux côtés de ses pairs de l’espace communautaire. Il était arrivé dans la ville natale de feu Felix Houphouet Boigny mardi, au moment où le Conseil de sécurité de la CEDEAO se réunissait (lire ci-dessous l’article de F. Maïga).

Comme l’on pouvait s’y attendre, l’ombre du Mali et de la Guinée-Bissau a largement plané sur les discussions auxquelles ont participé tous les dirigeants de l’espace communautaire. Les assises se sont déroulées dans la salle de conférence de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, un bâtiment qui se dresse majestueusement en plein cœur de Yamoussokro.

Sous l’acropole de l’édifice, il était midi hier quand les dirigeants de la CEDEAO ont fait leur entrée dans une salle qui a refusé du monde, sous les ovations d’un parterre de diplomates, journalistes, experts militaires et étudiants. Après l’exécution de l’hymne de la CEDEAO, la cérémonie d’ouverture officielle a débuté sous la houlette du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, coiffé de la double casquette d’hôte et de président en exercice de l’institution sous régionale depuis le 17 février 2012.

D’autres invités de marque, non membres de la CEDEAO, retenaient l’attention dans la salle. Il s’agit du président tchadien, Idriss Deby Itno, dont le pays a envoyé un contingent très actif et bien formé de près de 2000 hommes dans notre pays et du président burundais, Pierre Nkurunziza, dont le pays propose d’envoyer des troupes pour épauler la Misma. Il y avait aussi des diplomates algériens qui multipliaient les entrevues avec leurs homologues et des Marocains, messagers du roi Mohamed VI.

Instant émouvant : la minute de silence observée à la mémoire des soldats tombés au front dans notre pays. Au nombre de ces disparus, le président Ouattara mentionnera les 24 soldats tchadiens tués à Kidal, les 2 Togolais ayant perdu la vie lors d’un accident, les deux Français morts suite à de graves blessures au combat et tous les Maliens tombés au champ de l’honneur.



AVANCEES REMARQUABLES. Le président en exercice de la CEDEAO, au terme de son mandat annuel, a vivement remercié ses pairs pour la confiance et l’estime dont il a été l’objet durant un mandat « très difficile » avant de brosser à grands traits son bilan à la tête de la Commission. Sur le plan sécuritaire, Alassane Dramane Ouattara s’est félicité des avancées remarquables de la Commission – qui s’est réuni 10 fois en 12 mois – obtenues au Mali et en Guinée Bissau. A son actif, le retour de l’ordre constitutionnel dans les deux pays en crise et la mise en place d’une force internationale d’intervention devant réunir, à terme, 8000 soldats. Sans compter les 2000 Tchadiens dont l’essentiel est déjà engagé dans les combats à Kidal aux côtés de leurs frères d’armes français.

Selon le président Ouattara, plus de 73 % de l’effectif de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) est actuellement déployé sur le terrain. Mais la difficulté majeure demeure la mobilisation des 228 milliards de Fcfa nécessaires au déploiement effectif des troupes. La semaine dernière, à Addis Abéba, des engagements ont été pris par différents bailleurs. « Entre l’engagement et la mise à disposition, il y a un temps », remarque un diplomate membre de la délégation présidentielle. Cette facture que la communauté internationale s’est engagée à régler et qui est destinée
à la Misma, à l’armée malienne et à l’aide humanitaire, s’avère insuffisante. De récentes évaluations de la CEDEAO doublent le budget initial, le portant à 475 milliards de Fcfa (lire l’Essor de mardi).

En référence aux accusations d’exactions dans le Nord de notre pays, toujours en proie à la violence et une guerre d’usure, le président Ouattara a appelé aux respects des droits de l’homme et à un dialogue inclusif. Pour ce qui est de la Guinée Bissau, il a plaidé pour la levée des sanctions internationales. Il a également évoqué la mise en place d’une stratégie commune de lutte contre le terrorisme. Le document qui doit être adopté est déjà sur la table des services techniques de la Conférence. Le président Ouattara a émis l’idée d’une politique de défense commune pour, selon lui, être plus efficace et éviter les erreurs du passé.



PLACE AU DIALOGUE. Avant de céder le pupitre au président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, Alassane Dramane Ouattara a remercié le président tchadien pour son engagement personnel et surtout sa grande contribution dans la gestion de la crise malienne. Aussi, au président Yayi Boni du Bénin, au médiateur Blaise Compaoré du Burkina Faso et à Goodluck Jonathan du Nigéria, le président de la conférence a réitéré sa reconnaissance et a renouvelé ses encouragements.

Kadré Désiré Ouédraogo a, pour sa part, rappelé l’importance « de garder à l’esprit les enjeux actuels relatifs notamment à la stabilisation et à la sécurisation définitive des zones libérées ». Ceci, selon lui, aura l’avantage d’« empêcher les incursions de guerre asymétrique qui seraient de nature à saper les avancées jusque là enregistrées sur le terrain ». Il aussi plaidé pour « la transformation de la Misma en force de maintien de la Paix de l’ONU » mais « selon des modalités spécifiques ».

Côté économie, les nouvelles ne sont pas mauvaises. Mais « nous devons redoubler d’efforts pour accélérer l’avènement d’une Afrique de l’ouest développée intégrée et compétitive », a indiqué le président de la Commission qui appelle à « une mutualisation des ressources » et au « respect scrupuleux des principes de gouvernance ».

Après les deux discours-bilan, les applaudissements ont accueilli l’intervention du président Idris Déby Itno qui, sans gants, a rappelé aux dirigeants de la sous-région que « l’heure n’est plus aux discours mais plutôt à l’action ».

« L’ennemi n’attend pas », a-t-il énoncé avant d’appeler l’Etat-major de la Cédéao à plus de célérité en accélérant l’envoi des troupes dans la zone libérée. Le président tchadien a invité la classe politique et la société civile à taire les différends pour faire place au dialogue et à la réconciliation. « Militaires maliens, votre place est au front. Et nous vous attendons au Nord, à la frontière de l’Algérie», a-t-il lancé avant de réaffirmer au peuple malien toute sa détermination à l’aider à libérer totalement son territoire occupé par quelques « illuminés se réclamant jihadistes».

Le Tchad qui compte 1 800 hommes dans le désert malien a déjà payé un lourd tribut aux combats dans les massifs des Iforas qui ont fait 25 morts et 50 blessés dans les rangs de son contingent, a rappelé Idriss Déby Itno.

Nous reviendrons sur les décisions des dirigeants réunis à huis clos dans notre prochaine parution.

Envoyé spécial

A.M. CISSE

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