Depuis leur 3e place en 2012 (Gabon-Guinée Equatoriale) et 2013 en Afrique du Sud, les Aigles du Mali ont du mal à confirmer leur rang aux phases finales de Can. Si, en 2015 ils ont été éliminés par tirage au sort, cette année au Gabon la sélection nationale senior a lamentablement échoué dans un groupe D pourtant à sa portée. La faute à une gestion technique peu appropriée.
Comme en 2015 en Guinée équatoriale, les Aigles du Mali ont été éliminés de la 31e phase finale de la Can dès le 1er tour. S’il y a deux ans, c’est un tirage au sort qui a scellé le sort de notre sélection nationale senior de football, cette année l’encadrement technique n’a pas été à la hauteur d’une bonne gestion du potentiel qu’il a lui-même rassemblé. Et curieusement, il s’est offert le luxe d’ignorer des pépites au prétexte de n’avoir pas besoin de leur apport pour combler la forte attente du public sportif.
En conséquence, le Mali est éliminé sans gloire avec deux nuls et une défaite. Le seul réconfort est sans doute ce bijou d’Yves Bissouma contre l’Ouganda comme prouver à Alain Giresse qu’il a eu tort de sous-estimer lui et sa génération.
Les signes avant-coureurs de cette élimination n’ont pas pourtant manqué ces derniers temps. Depuis le dernier match des éliminatoires de la Can “Gabon-2017” contre le Bénin à Bamako (5-2), le 4 septembre 2016 au stade du 26-Mars, les Aigles n’ont été que l’ombre d’eux-mêmes.
Les deux premiers matches des éliminatoires de la Coupe du monde “Russie-2018” ont mis en évidence un malaise au sein de l’effectif de cette sélection nationale et surtout le manque d’emprise de l’encadrement sur certains joueurs à l’égo surdimensionné.
Après deux journées, dans les éliminatoires du prochain Mondial, le Mali affiche un zéro pointé et occupe la queue du groupe C après une défaite (1-3) contre la Côte d’Ivoire à Bouaké et un nul blanc contre le Gabon à Bamako.
Depuis ce fabuleux match contre les Ecureuils au 26-Mars de Bamako, les Aigles sont méconnaissables à cause surtout des dissensions internes entre certains joueurs. C’est ce qui explique des forfaits volontaires déguisés en blessures.
Nous avions un moment souhaité un grand rassemblement avec tous les joueurs susceptibles de défendre les couleurs du Mali dans les deux ans à venir. Et cela afin de se dire les vérités en face et continuer la route avec ceux qui sont réellement déterminés à défendre les couleurs nationales sans aprioris. Et la trêve hivernale en offrait l’occasion à la Fémafoot et à l’encadrement technique.
Toujours est-il qu’Alain Giresse a finalement révélé une présélection de 26 joueurs sans certains ténors (Modibo Maïga, Cheick Tidiane Diabaté, Sigamary Diarra, Cheick Fantamady…) et des valeurs sûres comme Adama Niane, Adama Traoré (Angleterre), Diadié Samassékou. Comme le dit un chroniqueur sportif, un choix est toujours subjectif. L’essentiel est que celui le fait l’assume.
Catastrophique gestion de l’effectif
Mais, nous avions toujours défendu que les résultats des Aigles au Gabon dépendraient beaucoup de la gestion (technique et mentale) de cet effectif par l’encadrement technique. Ce dosage entre jeunes talents et valeurs confirmées pouvaient marcher à condition que le coach ne se fige pas dans des schémas tactiques privilégiant la prudence à l’audace d’attaquer pour surprendre nos adversaires.
Malheureusement, lors de nos deux premières sorties, le staff s’est curieusement accroché à des joueurs loin d’être au mieux de leur forme (Bakary Sako, Sambou Yattabaré…) se privant ainsi de la vitalité d’une jeunesse qui piaffait d’impatience pour prouver sa valeur.
En un mot, le coach a manqué de courage, d’audace ! Il a fait des mauvais choix en privilégiant l’expérience à la spontanéité juvénile. Le coach a donc une grande responsabilité dans cette élimination prématurée des Aigles.
Au Gabon, Alain Giresse a préféré s’enfermer dans sa propre logique visiblement basée sur la prudence. Ce qui s’est révélé suicidaire parce que ceux à qui il a fait confiance se sont presque révélés des canards boiteux.
Il faut aussi souligner que les Aigles du Mali ont manqué d’une forte personnalité dans les vestiaires pour guider cette sélection. C’est ce rôle que Seydoublen (Seydou Kéita) a joué auprès de ces jeunes coéquipiers en 2012 et en 2013. Il a eu mal à l’assumer en 2015 parce que son autorité a été sapée par certains joueurs qui se prenaient déjà pour des stars incontournables.
Alain Giresse doit-il partir ? Qui pour le remplacer ? Ce débat est souvent virulent sur les réseaux sociaux depuis cet échec. Et nombreux sont ceux qui pensent qu’il est temps que nous fassions confiance à un Malien pour coacher la sélection nationale senior de football.
C’est une piste et une solution envisageable avec la montée en puissance des cadets et juniors mondialistes. Qu’ils le veuillent ou non, ces talents savent qu’ils doivent tout à des techniciens comme Faniery Diarra et Mbaye Bâ.
C’est envisageable surtout quand on voit ce qu’Aliou Cissé, ex-capitaine des Lions de la Terranga, est en train de réussir avec le Sénégal. C’est une sélection qui a marqué les esprits au Gabon malgré son élimination en quarts de finale. On se rappellera aussi que l’Egypte a eu toutes ses consécrations avec un coach du pays, que le regretté Stephen Keshi a offert au Nigéria sa dernière consécration africaine en 2013 en Afrique du Sud et que c’est avec Yeo Martial que les Eléphants de la Côte d’Ivoire ont été sacrés pour la première fois en 1992 au Sénégal…
Mais comparaison n’est jamais raison et la personnalité est très importante à ce niveau. Il faut avoir de la personnalité pour imposer sa vision technique et tactique à un joueur qui sait qu’il gagne en un mois ce que tu ne peux pas gagner en un an et qui croit que jouer pour la patrie n’est pas un privilège, mais un sacrifice personnel.
Les partisans du choix d’un technicien national pour diriger les Aigles se basent sur les résultats des petites catégories (cadets et juniors) dont la gestion technique est totalement différente de celle des seniors. L’EN fanion est un autre environnement, un autre niveau dont la gestion dépasse la seule maîtrise technique…
Sans aucun complexe, nous pensons que le problème ne se pose pas forcément en termes d’entraîneur expatrié ou national, mais de l’efficacité de l’encadrement technique.
Ces dernières années, le sélectionneur national est beaucoup plus sous la tutelle du 1er vice-président de la Fémafoot chargé des sélections nationales. Ainsi, Alain Giresse est le choix de Boucary Sidibé dit Kolon (ex-président du Stade malien de Bamako, aujourd’hui ambassadeur aux Emirats arabes unis). Et c’est lui aussi qui aurait désigné son adjoint.
A partir du moment où on a en une direction technique nationale (DTN), son avis doit être important, voire primordial dans le choix d’un sélectionneur national. Et c’est cette DTN qui est mieux placée pour nous éclairer sur le débat actuel.
Mais, curieusement, elle est tenue à l’écart non seulement dans le choix d’un technicien pour les sélections nationales, mais aussi de leur préparation et de leur participation aux phases finales des compétitions auxquelles elles réussissent à se qualifier.
A notre analyse, Malien ou expatrié, le choix d’un adjoint doit être aussi important que celui de l’entraîneur principal. C’est un poste que l’on néglige alors qu’il est très important. Ne serait-ce que pour préparer un technicien malien à se positionner pour être entraîneur principal dans un bref délai.
Il doit être confié à quelqu’un qui à une forte personnalité et qui peut réellement apporter au sélectionneur quelque chose en termes technique, mental…
Un expatrié judicieusement secondé et bien encadré par la DTN
Le mental est nécessaire d’autant plus que la psychologie du footballeur malien est souvent la donne essentielle que les expatriés ont du mal à apprécier pour la maîtriser. Nous n’avons rien contre l’homme, mais nous pensons que celui qui occupe ce poste depuis des années n’est d’aucune utilité aux coaches au poste d’adjoint ! Contrairement à un Djibril Dramé, à un Mbaye Bah, Faniery Diarra, Cheick Oumar Koné.
L’autre problème majeur, c’est de tenir le directeur technique national (DTN) loin de la sélection nationale alors que c’est un technicien expérimenté que de nombreux pays nous envient.
Ce consultant et instructeur de la Caf et de la Fifa n’a rallié le Gabon qu’au moment où les carottes étaient presque cuites pour le Mali. Cela d’autant plus que c’est surtout face à l’Egypte que nous avons laissé filer notre chance de nous qualifier pour le second tour.
C’est incompréhensible qu’on le tienne éloigné du staff technique des Aigles, surtout pour préparer et participer aux phases finales de Can (2012, 2013, 2015 et 2017) alors que ses conseils et ses analyses de nos adversaires et des stratégies à mettre en place sont souvent du pain béni pour un technicien qui l’écoute réellement et sait y tirer les enseignements nécessaires.
En 2012, toujours au Gabon, nous avons eu le privilège de cohabiter avec l’actuel DTN et de bénéficier de ses analyses pour enrichir nos papiers. Et les résultats des rencontres lui donnaient toujours raison. Le DTN, est un élément essentiel autour des sélections nationales. Mais, visiblement, le nôtre dérange beaucoup de gens au point qu’on ne fasse aucun effort pour profiter de son expertise.
C’est pourquoi nous sommes convaincus que même avec un coach national, on ne sera pas au bout de nos déceptions parce que le problème est plus profond qu’on ne le pense ! Comme on le dit, le ver est dans le fruit et il faut un traitement de choc et non un remède circonstanciel.
Notre avis est aujourd’hui un expatrié assisté de Djibril Dramé ou Cheick Oumar Koné et supervisé par le DTN dont l’avis doit compter dans son choix. Et il faudrait aussi voir comment mieux impliquer Seydou Kéita et Frédéric Oumar Kanouté dans cet encadrement technique new look. Comme conseillers ou chargés de mission par exemple !
Et si nous devons changer de coach, c’est le moment de le faire pour permettre au nouveau de mieux s’imprégner de son nouvel environnement. Cela est extrêmement important pour mieux aborder les éliminatoires de la Can “Cameroun-2019” (le Mali est dans le groupe C avec le Gabon, le Burundi, Djibouti ou Sud Soudan) prévus de juin 2017 à novembre 2018.
Sans oublier la 3e journée des éliminatoires du mondial “Russie-2018” avec un déplacement très important au Maroc le 28 août 2017 (Maroc-Mali, et Gabon Côte d’Ivoire).
Après cet échec, cette énième désillusion, le plus important, c’est de vite rebondir !