Les dirigeants des 28 pays de l’UE veulent s’atteler au défi migratoire de la Méditerranée. Ils souhaitent clarifier ce vendredi à La Valette la coopération qu’ils recherchent avec les pays d’Afrique. Les Européens veulent en priorité couper les filières de migration clandestine depuis la Libye vers l’Europe. Quitte à envisager des projets polémiques, comme le renvoi à l’avenir vers des «lieux sûrs» en Afrique des migrants secourus en mer. L’Association malienne des expulsés dénoncent « une pression » sur les pays africains.
En Méditerranée, les chiffres ont atteint en 2016 un niveau record avec plus de 180.000 arrivées sur les côtes italiennes, tandis que 4.500 personnes ont perdu la vie en cherchant à les atteindre. Ces migrants, dont 90% ont transité par la Libye, viennent surtout d’Afrique subsaharienne.
La plupart ne sont pas des réfugiés potentiels aux yeux de l’UE, mais des migrants économiques à renvoyer. En complément aux opérations de secours et militaires pour lutter contre les passeurs, les Européens misent sur un soutien aux garde-côtes Libyens, afin qu’ils s’attaquent eux-mêmes aux passeurs et puissent ramener en Libye les migrants secourus en mer.
L’Union européenne veut poursuivre dans l’immédiat sa démarche de «partenariats» avec les pays situés au sud de la Libye. Elle a initié en 2016 un dialogue avec cinq pays-clés, le Sénégal, le Mali, le Nigeria, le Niger et l’Ethiopie, leur proposant de l’aide au développement pour s’attaquer aux «racines» des migrations, et leur demandant de «réadmettre» en contrepartie davantage de leurs ressortissants expulsés d’Europe. Mais comme le Mali, ces pays hésitent à prendre de tels engagements qui restent très impopulaires.
Au Mali cette rencontre est très suivie par les organisations de défense des migrants. Selon elles, la réunion de Malte n’a d’autres objectifs que de mettre la pression sur les Etats africains à signer les accords de réadmission.
Selon Ousmane Diarra, président de l’Association malienne des expulsés, l’Union européenne ira jusqu’à conditionner son aide à la signature des accords de réadmission.
« C’est une rencontre très dangereuse pour les Africains. Ils vont influencer ou intimider nos dirigeants pour les amener à prendre un engagement qui ne sera pas leur souhait. Je sais que ce ne sera pas facile, ce sera toujours des pressions européennes sur les cinq points qui étaient à l’ordre du jour il y a un an, c’est à dire en 2015. Et l’ordre du jour c’était l’accord de réadmission, le laissez-passer européen et tant d’autres. Alors, tout ce que nous, nous avons dit en tant qu’association activiste de la société malienne, c’est de dire à l’Etat malien de ne signer aucun accord avec l’Union européenne sur la migration. Mais, toujours l’aide au développement européenne est conditionnée, et c’est la question de la migration qui est maintenant conditionnée à beaucoup de choses, parce que l’Europe ne veut plus financer et ne veut pas aider les pays africains qui ne veulent pas signer les accords sur la migration », a-t-il conclu