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Art et Culture

Musique malienne: Abdoulaye Diabaté fêtera ses 40 ans de carrière musicale le 17 février prochain
Publié le vendredi 3 fevrier 2017  |  Le Tjikan
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En prélude à la célébration de ses 40 ans de carrière musicale, le grand artiste malien Abdoulaye Diabaté, nous a accordé un entretien au cours duquel, il nous parle de sa longue carrière, de ses ambitions et de ses projets d’avenir.
Issu d’une des plus grandes familles de griots à Ségou connue sous le nom de ‘’Diabatéla’’, l’artiste, compositeur Abdoulaye Diabaté à la voix sublime, est un natif de la cité des Balazans (Ségou), plus précisément à Cinzana Gare à 30 km de la ville de Ségou. Avant de devenir musicien, le fils de Sitan Dembélé est d’abord comptable de profession.
Avec une mère qui était chanteuse, Abdoulaye Diabaté, dès son plus bas âge va être mordu par la musique. C’est ainsi qu’il commença à chanter bien avant l’indépendance du Mali. Et à chacune de ses sorties sur la scène, il enchante le public avec sa belle voix et son style traditionnel. Dans ses chansons, malgré son très jeune âge à ses débuts, il véhiculait déjà des messages d’éducation, de sensibilisation.
« C’est ma maman qui était chanteuse et j’étais très attaché à elle comme tout enfant de mon âge. Elle était griotte, mais n’a jamais voulu enregistrer ses chansons. Elle animait les cérémonies de mariages, de baptêmes et autres au niveau du village. Ces chansons m’inspiraient beaucoup et me touchaient et il m’arrivait de pleurer pendant qu’elle chantait car ses chansons étaient très éducatives et à la fois émotionnelles. C’est ce qui m’a poussé vers la musique », nous a confié Abdoulaye Diabaté. Avant d’ajouter que ceci ne l’a pas empêché d’aller à l’école coranique et française aussi.
« Je suis grand lecteur du Coran. Après le DEF et les deux parties du Baccalauréat, je suis allé faire des études de comptabilité. Après les études, j’ai eu la chance d’obtenir un poste à Koutiala où j’ai fait 25 ans étant comptable », a-t-il expliqué.
Après 25 ans de service à Koutiala, Abdoulaye Diabaté a décidé de laisser les chiffres pour s’adonner à part entière à la musique.
Comme on le dit, la musique est l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille mais la comptabilité aussi était pour lui, l’art de combiner les chiffres d’une manière juste et équilibrée.
« Cela n’a pas été facile. Mais, j’ai dû suivre mon destin », a souligné Abdoulaye Diabaté. Qui ajoute qu’en dehors de la musique, il est passionné par l’élevage et l’agriculture.
Selon l’artiste, depuis le début de sa carrière, il a mis sur le marché discographique au total neuf albums.
« Je ne fais pas un album tous les ans. Quand j’en fais, je peux faire 5 ans sans faire un autre. En chantant, je recherche la paix, l’entente, l’amour, la réconciliation. Je moralise et je prends des thèmes sociaux. J’ai chanté avant l’indépendance, après l’indépendance et toujours, je continue à chanter. Ma première chanson date de 1966 et est intitulé ‘’BENDE’’. Ce qui veut dire l’entente que je continue à chanter d’ailleurs », a-t-il laissé entendre.
Abdoulaye Diabaté a aussi participé à la biennale artistique, aux semaines nationales avec les thèmes sociaux qui rapprochent les gens.
Comme conseil à la jeune génération d’artistes, il leur demande de créer leurs propres œuvres au de copier celles des autres.
« Cela ne me dérange pas quand on me copie car c’est quand c’est bon qu’on est copié. Moi-même j’ai interprété des chansons de ma maman. Mais je compose plus que je n’interprète. Je demande à mes enfants et à mes jeunes frères d’avoir le courage de créer car sans créativité, on n’avancera jamais. Les jeunes ont de très belles voix, la qualité mais ils ont la paresse de composer », déplore-t-il. Avant d’indiquer que la musique malienne a un avenir radieux malgré toutes les difficultés que traversent les artistes comme la piraterie, le manque de droit d’auteur. Abdoulaye Diabaté regrette que l’artiste malien n’arrive même pas à vivre de son art. Mais que c’est seulement l’amour du métier qui le fait évoluer.
« Tant que le gouvernement ne s’y met pas, l’avenir de la musique malienne va s’assombrir. On n’est pas aidés ni sponsorisés, on vole de nos propres ailes et tout cela affaiblit l’avenir de la musique malienne. On est freinés par la piraterie et le manque de moyens », ajoute-t-il.
Selon lui, nombreux sont les artistes et les rappeurs qui l’approchent pour qu’il leur enseigne la musique.
« J’ai même demandé au gouvernement de me sponsoriser pour que je puisse ouvrir une école de musique. Je n’ai pas pu encore le faire mais mon fils Iba Diabaté a ouvert un espace de loisir qu’on appelle ‘’Duli’’. Là-bas, on apprend aux jeunes artistes, les instruments de musique et les pas de danse en voie de disparition », a fait savoir Abdoulaye Diabaté. Selon qui, l’imitation des autres est devenue monnaie courante chez les artistes Maliens alors qu’il existe plusieurs pas de danse au Mali. Notamment, le ‘’Dansa, le ‘’Diandjigui’’, le ‘’sogolo’’, le ‘’bandiala’’, le ‘’takamba’’, etc. Des pas de danses qu’il faut valoriser au lieu d’imiter ceux des autres.
En plus de cela, l’artiste dénonce l’habillement cynique de certains artistes. Et c’est pour toutes ces raisons qu’il a songé à ouvrir une école de musique dont le projet n’a pas encore été concrétisé, faute de soutien des autorités du Mali.
Abdoulaye Diabaté nous a confié qu’il va fêter ses 40 ans de carrière musicale le 17 février prochain au Palais de la Culture à partir de 21 heures.
« C’est ce jour là que je vais jouer sur scène tous les anciens morceaux qui ont fait feu pendant toute ma carrière depuis le début jusqu’aujourd’hui. Il y aura, toute la nouvelle génération de musiciens et je leur expliquerai comment je suis arrivé au niveau où je suis. Ce n’est pas pour dire au revoir à la musique ni à la scène, mais, je vais vider l’ancien sac et remplir le nouveau sac pour autre chose. », a-t-il annoncé. Et de lancer un appel solennel aux Maliens pour qu’ils fassent la paix car selon lui, la paix et l’entente sont la clé de notre bonheur commun.
Aoua Traoré
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