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Des lampes solaires fabriquées avec trois fois rien pour éclairer le Mali
Publié le vendredi 3 fevrier 2017  |  France 24
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Un peu de bois, des pots de confitures et quelques connaissances en électronique ont suffi à un Malien vivant à Paris pour lancer des lampes solaires écologiques. Particularité : le projet associe des retraités français et des jeunes Maliens, en assurant un transfert de compétences pour pouvoir amener l’électricité dans des villages au Mali.

L’accès à l’électricité est un enjeu particulièrement crucial au Mali : selon le journal Le Monde, le taux d’électrification est de 55 % dans les zones urbaines et de 15 % seulement dans les zones rurales, une moyenne inférieure à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Le pays est alimenté à hauteur de seulement 4 % par de l’énergie solaire. Un marché que Chérif Haïdara, Malien vivant à Aubervilliers, en banlieue parisienne, ne demande qu’à développer, avec AfrikaSolar, son entreprise destinée à ne produire que des lampes solaires facilement démontables et réparables.


Des lanternes ou des lampes plus grand format sont également confectionnées.
Chérif Haïdara/AfrikaSolar



Au-delà de l’aspect pratique et facile à reproduire, le projet a deux objectifs au Mali : lutter contre l’utilisation de générateurs utilisant de l’essence et qui sont très polluants, mais aussi concurrencer le marché des lampes provenant d’Asie du sud-est, qui dominent très largement sur les marchés africains.

Les lampes d’AfrikaSolar ne sont pas des objets miracles pour autant : la plupart ne peuvent pas éclairer de grandes pièces et ont une autonomie d’une quinzaine d’heures. Elles ne sont pour l’instant pas assez imperméables pour être utilisées à l’extérieur quand il pleut. Mais la plupart des modèles sont 100 % écologiques, sans plastique, et créés à partir de matériaux de récupération comme des pots de confitures, des bocaux de cornichons ou des sachets plastiques.



Des lampes ont été offertes à des écoliers maliens pour leur permettre d'étudier après la tombée de la nuit. Photo AfrikaSolar.
"Ce projet a permis à des familles au Mali de remplacer leur générateurs polluants par des lampes écologiques "

Chérif Lamine Haidara
Chérif Lamine Haidara
Chérif Haïdara, 29 ans, est à l’origine du projet Afrikasolar. Il est aussi le fondateur d’Afrikasia, une association créant des liens culturels entre l’Asie et l’Afrique, et dont les activités ont été le point de départ d’AfrikaSolar.

J’ai eu l’occasion d’étudier les marchés asiatiques et également le marché français pour comprendre pourquoi l’énergie solaire n’est pas très développée en Afrique. L’explication, c’est que le coût initial pour financer ce genre de projet est prohibitif, et pas amortissable avant cinq à sept ans par rapport à d’autres projets utilisant des énergies plus polluantes. C’est un investissement souvent considéré comme risqué. Surtout qu’en Afrique, il n’existe pas de crédits d’impôts permettant de rembourser les personnes qui auraient l’audace de se lancer dans ce domaine.

"En un peu plus d’un an,
on a vendu environ 500 lampes !"

J’ai voulu répondre à plusieurs problèmes liés à l’absence d’électricité et donc de lumière : je trouve par exemple anormal qu’une entreprise qui n’a plus de courant doive compter sur un groupe électrogène très polluant pour continuer à travailler.


Un membre de l'équipe AfrikaSolar en pleine fabrication d'une lampe dans un atelier collaboratif. Photo Chérif Haïdara.

Nous avons créé une trentaine de modèles. Tous ne sont pas rentables, mais en tout, nous avons vendu près de 500 lampes depuis le lancement en 2015 [le prix des lampes varie de 10 à 40 euros, Ndlr]. Les lampes sont principalement achetées par des particuliers de la diaspora malienne pour les ramener au Mali. Une centaine de lampes ont ainsi été amenées par des Maliens de la diaspora dans la ville de Kayes ou plusieurs dizaines de familles ont pu en profiter.

"Des retraités français et de jeunes maliens
sont associés dans ce projet"

L’originalité du projet est qu’il associe des retraités français, amoureux de l’Afrique, comme l’explique Chérif Haïdara :

Certains retraités avaient envie de donner de leur temps et de leurs compétences, notamment en menuiserie. En tout, il y a une dizaine de bénévoles en France qui assurent également le service après-vente et la réparation de ces objets en transmettant leurs connaissances.


Séduits par le projet, des retraités donnent de leurs temps et de leurs compétences pour aider à fabriquer les lampes. Photo Chérif Haïdara.

Nous avons aussi un atelier à Baco-Djicoroni Aci, un quartier de Bamako. Nous transmettons les connaissances de nos retraités grâce à des formations à distance, par Skype, et planifions prochainement un voyage sur place pour que nos bénévoles puissent transmettre leurs compétences aux jeunes Maliens associés au projet à Bamako. Si vous avez des connaissances en électronique, que vous soyez retraité ou non, et que vous souhaitez vous investir dans ce projet, car vous êtes un amoureux de l’Afrique, vous êtes le bienvenu ! "

Comment aider ce projet ?

À court terme, notre Observateur engagé estime que son projet pourrait créer une dizaine d’emplois au Mali. Pour cela, il cherche des financements, mais pas seulement :

Nous aimerions créer des partenariats avec des centres de tri qui seraient d’accord pour nous transmettre les objets utilisés pour nos lampes, par exemple des pots de confiture. Si des réseaux de distribution en Europe et en Afrique souhaitent s’associer à ce projet pour commercialiser ces lampes, nous cherchons à passer à la vitesse supérieure !






Comme Chérif, de nombreux Observateurs se sont engagés pour l’accès à l’électricité, que ce soit grâce à un cartable solaire en Côte d’Ivoire, grâce à de la récupération et un peu de bricolage en République démocratique du Congo ou encore en Centrafrique pour lutter contre les générateurs polluants.

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