Tard vaut mieux que jamais, dit-on souvent. En effet, c’est le mardi passé, dernier jour du mois de janvier 2017 que le président de l’Union pour la République et la Démocratie (Urd), l’Honorable Soumaïla Cissé, a présenté à la presse les vœux de nouvel An au nom de son parti, mais aussi et en même temps, au nom de l’Opposition dont il est le chef de file. C’était aussi l’occasion d’échanger sur les sujets d’actualité et principalement sur la gestion du pays avec les journalistes venus nombreux pour l’occasion à la Maison de la presse à Bamako.
A l’occasion de cette rencontre avec la presse, l’Honorable Soumaïla Cissé était accompagné, en plus des cadres de son parti, l’Urd, de plusieurs personnalités de l’opposition démocratique et républicaine dont il est le chef de file. Après son discours de présentation de vœux, l’assistance a eu droit à la projection d’un film intitulé ” L’An III d’IBK “ avant de répondre à une série de questions des journalistes. Mais il faut noter que Me Demba Traoré, secrétaire national à la Communication de l’Urd, avec l’éloquence brodée d’humour qu’on lui reconnaît, a joué parfaitement sa partition de Maître de cérémonie. Une occasion pour lui, dans son introduction, de donner un coup de griffe à l’Ortm ” jaloux de sa tradition de censure des propos constructifs de l’Opposition “. Comme preuve, selon Me Demba Traoré, aucun propos du chef de file de l’Opposition n’a été diffusé lors de sa visite à Gao suite à l’attentat barbare qui y a été perpétré par des ennemis du Mali.
Dès l’entame de son propos liminaire, Soumaïla Cissé relativise les propos de Me Demba Traoré, en précisant qu’il ne faut pas généraliser la situation au niveau de l’Ortm où il y a “des techniciens consciencieux qui cherchent à faire leur travail normalement et qu’il ne faudrait pas confondre avec les professionnels du ciseau”.
Pour le président de l’Urd, la transition était ainsi trouvée pour parler de la situation de la presse dans le monde en général et au Mali en particulier, s’inspirant du dernier rapport annuel de l’Ong Reporters sans frontières : “L’année 2016, tout en étant riche en évènements a été particulièrement éprouvante pour vous les journalistes. En effet, en 2016, 74 journalistes ont été tués en faisant leur métier, tués tout simplement en voulant informer la population. Tel est le bilan macabre que l’ONG Reporters Sans Frontières a présenté à la fin de 2016, contre 110 décès enregistrés en 2015 “, dira-t-il
Il évoquera ensuite le cas du journaliste Birama Touré disparu depuis un an et pour lequel il interpelle les autorités afin que la lumière soit faite sur “cette disparition mystérieuse”. Dans cet élan, le chef de l’opposition démocratique et républicaine s’est indigné devant les menaces faites au journaliste Adama Dramé du journal “Le Sphinx”. C’est ainsi qu’après avoir rappelé aux journalistes leur devoir, notamment le respect des principes journalistiques en ce qui concerne l’éthique et la déontologie, le président de l’Urd de s’adresser à la presse en ces termes : “Continuez à dénoncer les dérives, à interpeller, à jouer votre rôle de quatrième pouvoir”. Mais, a-t-il tenu à préciser lors des débats : “Evitez d’être instrumentalisés et de vous diviser en journalistes du pouvoir, journalistes de l’opposition, de ceci ou de cela…ce n’est pas votre rôle. C’est vrai qu’on peut avoir une sensibilité, mais cela ne doit en rien nuire à l’exercice de votre profession notamment dans le traitement de l’information fondé sur la vérité”
Concernant l’environnement de travail des journalistes, tel un serment, l’Honorable Soumaïla Cissé d’affirmer : ” L’Urd est prête à appliquer et approfondir toutes les initiatives visant à protéger la presse “. Dont acte !
La gestion du pays s’est beaucoup invitée dans les débats, surtout après la diffusion du film ” L’An III d’IBK ” qui constitue un véritable recueil d’échecs dans la gestion des affaires publiques. Un tableau tellement sombre qu’un journaliste de demander si ce n’était pas fait “uniquement pour dénigrer le président de la République”. Réponse de Soumaïla : “Nous n’avons rien inventé. Ce sont des faits réels que nous vus avons présentés. Nous ne souhaitons aucun mal à notre pays. Nous ne souhaitons pas que les écoles soient fermées, que les hôpitaux ne soient pas dans cet état déplorable comme celui que vous avez vu dans ce film. Le président est le président de tous les Maliens. Mais nous devons dénoncer ce qui ne va pas. Le président a aussi des obligations. A ce titre, il doit rendre compte au peuple qui lui a fait confiance. On ne doit pas endormir les gens en disant que tout va bien. Tout ce que nous avons dit n’a pas été inventé. Il faut accepter que la gouvernance de notre pays n’est pas bonne “.
Ce débat avec les journalistes a en tout cas permis au chef de file de l’Opposition de s’étendre sur la mauvaise gouvernance dont le pays fait l’objet et qui se caractérise par la corruption, l’insécurité, la cherté de la vie, en un mot la déception d’un peuple qui portait trop d’espoir sur l’actuel président de la République pour l’avoir quasiment plébiscité. Et à la question de savoir s’il aurait mieux fait, la réponse, bien que courte est très significative : “Il faut essayer pour le savoir”.
Cette conférence de presse sonne comme une véritable rentrée politique pour le chef de file de l’opposition démocratique et républicaine qui affiche la bonne santé de son regroupement politique qui s’est enrichi de 16 partis politiques ayant quitté la Majorité avec armes et bagages. Et espérons aussi avec militants et sympathisants pour peser sur la balance.