La violence terroriste qui gangrène le nord du pays touche désormais le centre. Des groupes djihadistes ou d’autodéfense sèment confusément la terreur.
Cette nuit-là, Ibrahima Maïga s’est couché tôt, harassé par une journée de travail bien remplie passée entre Sévaré et Ngouma. Vers 2 heures du matin, dans un sommeil profond, il sent qu’on le secoue. Grognant, il lance son bras pour chasser l’importun. Un objet froid et métallique stoppe la course de sa main, le faisant sortir d’un coup de sa torpeur. Une puissante lumière l’éblouit, une torche fixée sur un fusil que braque sur lui une silhouette noire, un homme portant un treillis de l’armée de terre. Un autre, derrière lui, s’active bruyamment à retourner ses affaires.
“J’ai d’abord cru que c’étaient des militaires qui avaient besoin d’essence”, raconte Ibrahima, animateur radio à Ngouma, assis sur un petit tabouret de bois dans la pénombre d’une arrière-salle de la radio FM de Douentza. “Ils m’ont dit qu’ils voulaient de l’argent, mais je n’avais rien !” Les deux hommes fouillent la pièce puis s’en vont, laissant Ibrahima tremblant de peur. Vingt minutes plus tard, une fusillade éclate, un cri perce la nuit, des moteurs démarrent en trombe, puis plus rien. Ce soir-là, les bandits sont repartis avec un butin 5 millions de francs CFA [7 600 euros] et un véhicule. Nul ne sait d’où ils sont venus ni qui ils étaient, mais dans la cinquième région du Mali, cette scène tragique fait désormais partie du quotidien. Incursion au cœur de la région de Mopti, véritable Far West malien.
La route qui mène à Douentza, chef-lieu du cercle aux portes du nord du Mali, est chaotique et