Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Front anti – CFA: ine manif à Bamako le 11 février
Publié le mardi 7 fevrier 2017  |  Info Matin
Des
© Autre presse par DR
Des billets de banque
Comment


Si lors de la première journée de mobilisation contre le franc CFA, 12 villes et d’éminentes personnalités avaient participé, cette fois, le nombre passe à une vingtaine de capitales et un gouverneur de la Banque centrale y prendront part.

Décidément, le succès de la mobilisation contre le Franc CFA, organisée par Urgences panafricanistes (Urpanaf) de l’activiste Kémi Séba, se confirme avec l’élargissement du mouvement de contestation.
Pour preuve : après le 7 janvier dernier, une nouvelle journée de mobilisation sera organisée le 11 février prochain avec plusieurs manifestations un peu partout dans le monde. Cette fois, ce sont une vingtaine de pays qui seront concernés par cette levée de boucliers contre le franc CFA. Les villes où il est annoncé des manifestations sont : Dakar, Bamako, Ouagadougou, Niamey, Cotonou, Abidjan, Brazzaville, Yaoundé, Libreville, Kara (Togo), Paris, Metz, Londres, Bruxelles, Liège, Lausanne, New-York, Hatti, Montréal, Buenos Aires, Fort-de-France (Martinique), New Dehli.
C’est dire à quel point la démarche visant à contester cette monnaie des colonies françaises d’Afrique (ancien nom du franc CFA) mobilise les Africains dans le monde.
Cette fois, Paris risque d’être le point focal de la contestation des antis CFA. Puisque de grands noms s’y sont associés et seront certainement présents dans la capitale française.
C’est le cas notamment de Pedro Biscay, le jeune gouverneur de la Banque centrale d’Argentine. On note également d’autres qui seront dans la manifestation parisienne comme l’ivoirien Nicolas Agbohou, éminent économiste et auteur du livre le franc et l’euro contre l’Afrique ; et Toussaint Alain, ex-conseiller de Laurent Gbagbo.
Cette fois, outre les grandes villes occidentales comme Paris, Bruxelles, Londres, Lausanne ou Montréal où résident de fortes communautés africaines, la société civile de l’Afrique centrale se mobilisera largement. Ce sera le cas au Cameroun, au Gabon ou encore à Brazzaville. Le fait que la zone de la CEMAC ait été sous la menace d’une dévaluation n’est sans doute pas étranger à ce regain d’intérêt pour la thèse qui veut la sortie totale des 15 pays africains du franc CFA.
Il convient de rappeler que le mécanisme monétaire du franc CFA crée un lien de dépendance singulier entre l’ancienne métropole et les 8 pays de l’UEMOA, les 6 pays de la CEMAC et les Comores.
En effet, les différentes banques centrales doivent déposer 50% de leurs réserves auprès du Trésor public français. En quelque sorte, il s’agit d’un prêt accordé à l’Etat français qui, en contrepartie, garantie la disponibilité de l’Euro pour les économies concernées. Cela plonge les entreprises et les Etats dans une paresse financière et un manque d’inventivité.
Par ailleurs, avant ces manifestations, le ton avait été donné par un dirigeant africain toujours en activité. On est en août 2015, le Tchad célébrait le 55è anniversaire de son indépendance. Le président Idriss Deby Itno choisit cette date symbolique pour non pas parler de l’indépendance de son pays vis-à-vis de la France, mais de celle des pays de la Zone franc par rapport à l’ancienne métropole coloniale.
« Le FCFA est aujourd’hui garanti par le Trésor français. Il faut que dans les faits, cette monnaie soit la nôtre pour que nous puissions en faire une devise convertible et un outil de développement», avait-t-il dit en substance.
C’était bien la première fois qu’un chef d’Etat levait la voix pour dénoncer ce que tout le monde savait déjà. Idriss Deby venait de poser des questions cruciales, longtemps évitées par ses pairs.
«Pourquoi cette monnaie n’est pas convertible ? Pourquoi tous les échanges passent par la Banque de France ? Qu’est-ce que nous gagnons en mettant nos ressources dans des comptes d’opérations ? Quel est le taux d’intérêt que nous gagnons», s’est- il demandé.
Il se pose avant tout le problème du fameux compte d’opération. Car, faut-il rappeler, les banques centrales sont tenues de verser pour le compte du Trésor public français la moitié de leurs avoirs extérieurs. En d’autres termes, les économies africaines financent l’Etat français en contrepartie de sa garantie. Car une fois entre les mains du Trésor français, on imagine bien que cette somme finance l’éducation, la santé et la police française, entre autres.
D’après les états de synthèse de la BCEAO au 31 décembre 2015, ce financement de l’Etat français par le biais des économies des 8 pays de l’UEMOA est de 3405 milliards de FCFA en fin 2015 contre 3 097 milliards de FCFA en 2014, soit l’équivalent de plus de la moitié du PIB malien.
Pour ce financement du Trésor français, la Banque centrale ouest africaine n’a reçu qu’un petit pécule : 23,56 milliards d’intérêt en 2015. Concrètement, le rendement calculé n’est que de 0,72 % pour un crédit moyen de 3 251 milliards accordés par les pauvres citoyens, Ivoiriens ou Maliens aux riches Français, par la BCEAO et le Trésor français interposés. Autant dire que la France reçoit un financement gratuit de la part des pays africains qui, eux, l’acceptent sans rechigner. C’est une aberration, mais c’est ainsi depuis 1945, date à laquelle la Zone franc a été mise en place.

Par Mohamed D. DIAWARA
Commentaires