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Irrigation de proximité : IPRO-REAGIR fait Œuvre utile au pays Dogon
Publié le mardi 7 fevrier 2017  |  L’Essor
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projet, financé conjointement par les coopérations allemande et canadienne, soulage les populations en renforçant leurs capacités de résilience aux effets des changements climatiques.

Le plateau dogon est, par excellence, une zone où la pluviométrie est capricieuse et les relevés ne dépassent guère les 600 millimètres de pluies par an. Ce qui explique que les paysans habitant cette zone ne sont guère choyés par la nature. Loin d’être fatalistes, les paysans dogon font preuve d’une bravoure et d’un dévouement à toutes les épreuves. Ainsi leur endurance au travail, surtout de la terre, a traversé les frontières de leur contrée et même leur légendaire droiture a fait la renommée de ce groupe ethnique réputé comme loyal et très sincère dans les relations humaines. Puisque la nature n’a pas été généreuse à leur égard en leur offrant des conditions optimales de cultures vivrières, les dogon, loin de pleurer sur leur sort, ont pris leur destin en main en transformant le terrain hostile en un terreau fertile de production agricole.
C’est cela que le Projet irrigation de proximité renforcement à l’agriculture irriguée (IPRO-REAGIR) a compris en acceptant de voler au secours de ces paysans en réalisant des micro-barrages et des magasins de conservation de l’échalote. Le ministre de l’Agriculture, Kassoum Denon, a procédé samedi dernier à l’inauguration de deux magasins de conservation de l’échalote à Tillekanda et Andioumbolo, des villages des communes rurales de Doucombo et de Soroly, situés respectivement à 15 et 18 kilomètres de Bandiagara et un micro-barrage à Diombololey, village situé aussi à 15 kilomètres du chef-lieu de cercle (commune rurale de Doucombo).
La délégation ministérielle s’est, par ailleurs, rendue sur les périmètres maraîchers exploités par les paysans qui transportent très souvent de la terre sur les hauteurs rocailleuses, où ils ont aménagé des espaces qu’ils fertilisent pour cultiver les légumes. Elle a également visité le site de réalisation du pont-barrage de Bandiagara qui sera construit sur un passage du fleuve Yamé qui s’écoule en amont et en aval de la ville. Cet ouvrage est financé à hauteur de 300 millions Fcfa par les coopérations allemande et canadienne. Le coordinateur du Projet IPRO-REAGIR, Moussa Ben Issack Diallo a expliqué au ministre que le démarrage des travaux prévu en juin prochain n’attend plus que la finalisation de l’étude environnementale. La construction de ce pont-barrage, a-t-il expliqué, permettra de rehausser la nappe phréatique d’une part pour les habitants de Bandiagara, dont les puits tarissent depuis quelques années du fait de la baisse de la recharge de la source d’eau souterraine et procurera presque sur toute l’année une source d’eau pour les activités maraîchères, d’autre part.
Le micro-barrage de Tillekanda qui a coûté 20 millions Fcfa financés par la coopération allemande en 2009 permet de stocker 16.386 mètres cubes d’eau pour irriguer 3,07 hectares. Il bénéficie à 329 exploitants qui cultivent essentiellement de l’échalote et de la pomme de terre. Le paysan Amadou Guindo a confié faire de la pomme de terre cette campagne de contre-saison à l’opposé de l’échalote qui n’est pas compétitive à ses yeux. En effet, il a avoué que les acheteurs potentiels de ce légume commencent à les décourager en leur proposant de prendre leurs récoltes à 100 ou 125 Fcfa le kilogramme. A la proposition du ministre Denon de conserver leurs productions d’échalote dans les magasins de conservation pour attendre les périodes favorables de vente, le paysan a rétorqué que le manque de ressources financières pour faire face aux charges du ménage empêche plus d’un de respecter cette démarche, fusse-t-elle pertinente. Autrement dit, il a fait comprendre que le besoin pressant de finances l’emporte avant tout sur les considérations optimistes de gestion.
A Diombololey, les paysans sont impatients de voir leur ouvrage entrer en service. Sa construction a coûté 52,1 millions Fcfa financés par les coopérations allemande et canadienne et permet de stocker un volume de 46.010 mètres cubes afin d’irriguer 12 hectares. Le ministre Kassoum Denon a remis solennellement les fermetures métalliques du passage d’eau du barrage. Les 1146 bénéficiaires de cet ouvrage pourront l’exploiter en cultivant de l’échalote, de la tomate, du piment et de la laitue. Les spécialistes prévoient des rendements intéressants pour les légumes cultivés de l’ordre de 35 tonnes à l’hectare pour l’échalote, 8 tonnes à l’hectare pour le piment et 22 tonnes à l’hectare pour la tomate. Les paysans ont hâte de voir que le micro-barrage entre en service. Mais, ils devront patienter jusqu’à l’hivernage prochain, car le système de retenue n’était pas fonctionnel au moment où l’ouvrage a été livré. D’ores et déjà, l’enthousiasme était perceptible sur tous les visages et les messages de remerciement et de gratitude formulés par les populations à l’endroit du projet et du gouvernement pour leur avoir permis de diversifier et d’augmenter leurs revenus grâce aux cultures maraîchères.
Mieux encore ce sont les populations environnantes de la ville de Bandiagara qui étaient très contentes à l’idée de la réalisation du pont-barrage situé à 2 kilomètres de la cité sur la route nationale 15. Cet ouvrage permettra d’irriguer 75 hectares de périmètres maraîchers qui profiteront à 750 bénéficiaires, dont 6000 indirects et permettra de créer 1500 emplois directs. Le chef du département s’est d’autant plus réjoui de cette réalisation qu’elle est la concrétisation d’une promesse présidentielle faite aux populations de Bandiagara qui avaient émis le vœu lors d’un de ses passages dans la localité. En effet, a rappelé le ministre Denon, les populations par la voix des autorités locales avaient demandé au président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, de les soulager de la pénurie d’eau à laquelle elles étaient confrontées à la suite de l’effondrement du barrage en 2008 qui permettait de retenir l’eau de pluies. Cette retenue permettait la recharge de la nappe phréatique qui approvisionnait la ville depuis les années 40 et 50. Le ministre Kassoum Denon a beaucoup apprécié le projet IPRO-REAGIR, dont les interventions s’inscrivent en droite ligne de la politique de l’irrigation de proximité de son département. Il a remercié les coopérations allemande et canadienne pour leurs appuis multiformes au gouvernement et notamment dans le secteur Agricole.
M. COULIBALY
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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