Dans le dossier des négociations pour la libération des otages d'Arlit et les liens possibles avec l'assassinat de nos collègues Ghislaine Dupont et Claude Verlon, RFI vous a proposé la semaine dernière deux interviews exclusives : celles du négociateur nigérien Mohamed Akotey et celle de l'intermédiaire malien Ahmada Ag Bibi, qui présentent des versions très différentes sur les rôles respectifs des différents acteurs de la libération des otages français, survenue en octobre 2013. Aujourd'hui, c'est Pierre-Antoine Lorenzi, l'un des négociateurs français, qui accepte de livrer de nouvelles informations à RFI.
Pierre-Antoine Lorenzi refuse de témoigner au micro : il le fera « le cas échéant » devant « un juge ». Il accepte cependant de donner quelques précisions sur sa version des faits. A partir d'avril 2013, Lorenzi fait équipe avec le Nigérien Mohamed Akotey, et obtient la libération des quatre derniers otages d'Arlit.
Pourquoi a-t-il, en cours de route, été préféré au premier négociateur français, Jean-Marc Gadoullet, qui avait fait libérer les trois premiers otages et qui affirme aujourd'hui que c'est son travail qui a aussi permis la libération des quatre derniers ?
« Questions géopolitiques »
Selon Pierre-Antoine Lorenzi, ce ne sont pas des raisons politiques ni une guerre des services qui permettent de l'expliquer. « Les autorités de l'Etat avaient perdu toute confiance dans Jean-Marc Gadoullet », croit savoir Lorenzi.
Il énumère une liste de griefs, concernant notamment la technique de négociation « par paquets » employée par son concurrent, des « questions géopolitiques impliquant le Mali, la Mauritanie, le Niger et l'Algérie » ; questions dont le détail n'est pas précisé.
L'Etat reste silencieux
Lorenzi parle également d'une rançon jugée « outrageusement surpayée » pour la libération de l'otage Françoise Larribe. Le ministère français de la Défense n'a jamais accepté de s'exprimer sur le sujet.