ÉconomieDéveloppement du secteur industriel malien : Le ministre Mohamed Aly Ag Ibrahim recense les préoccupations des chefs d’entreprises industrielles
En vue d’échanger sur les difficultés qui entravent le développement du secteur industriel malien et proposer des pistes de solution, une journée de concertation s’est tenue, le samedi 4 février dernier, dans la salle Moussa Balla Coulibaly du Conseil National du Patronat du Mali entre le Ministère du Développement Industriel et les patrons des entreprises industrielles. C’était sous la présidence de Mohamed Aly Ag Ibrahim, ministre du Développement Industriel en présence de nombreux chefs d’entreprises industrielles.
L’objectif de cette rencontre était d’impliquer les responsables des entreprises industrielles pour une meilleure prise en charge de leurs préoccupations dans la formulation des politiques et stratégies de développement industriel au Mali.
Dans son allocution, Mahamoud Haïdara, secrétaire général adjoint du CNPM a souligné l’importance capitale de cette rencontre, qui selon lui, témoigne non seulement de la confiance qui existe entre le secteur public et privé. Mais aussi, de l’engagement du ministre de tutelle à poursuivre sans relâche, le renforcement des entreprises industrielles à travers la mise en place d’un environnement favorable à la pratique des affaires dans le pays.
« Nous sommes des chefs d’entreprises qui avons une ambition pour le Mali : faire du Mali un pays prospère et solidaire, doté de fortes valeurs morales et possédant une économie compétitive, dynamique et résiliente. Un Mali performant par ses entreprises, son climat d’affaires, son environnement social, respectant la propriété privée et garantissant le droit du citoyen à la sécurité de sa personne et de ses biens », a-t-il affirmé. Avant d’évoquer plusieurs problèmes que rencontre le secteur industriel malien. Et d’ajouter que le CNPM, à travers son mémorandum pour la relance économique et le développement des entreprises, estime que des réformes sont nécessaires pour atteindre les objectifs visés.
Comme entraves à l’essor du secteur industriel malien, Mahamoud Haidara a déploré entre autres, l’insuffisance d’infrastructures de base, le coût élevé des moyens de production dont l’énergie, la faible articulation entre l’industrie, la recherche et les autres secteurs de l’économie, l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Mais aussi, l’accès difficile au financement, le taux élevé de l’impôt sur les sociétés.
« Pour résoudre les problèmes évoqués, l’instauration d’un dialogue public-privé permanent s’avère nécessaire dans la perspective de soutenir le développement de nos entreprises industrielles. Et nous comptons sur votre engagement personnel auprès de vos collègues du gouvernement pour atteindre ces objectifs », a-t-il lancé au ministre.
A sa suite, le ministre Mohamed Aly Ag Ibrahim dira que le parc industriel malien est vétuste et que le Mali est le plus gros importateur de produits finis de l’UEMOA. Pourtant, regrette-t-il, il dispose de ressources naturelles, d’une main d’œuvre laborieuse et d’un climat des affaires reconnu comme étant le plus attractif de la sous-région. Pour le ministre du Développement Industriel, depuis l’avènement de la 3ème République, c’est la toute première fois qu’un choix politique tranchant en faveur de l’industrialisation est fortement porté par les hautes autorités du pays.
C’est pourquoi, dit-il, l’ambition de son département est de créer, dans un très bref délai, les conditions les plus optimales pour que le secteur secondaire dans sa composante manufacturière, occupe la place qui lui revient dans la structure d’une économie moderne en vue de presser le rythme de la marche du Mali sur le chemin de l’émergence et du progrès.
Pour cela, promet-il, ils vont poursuivre la mise en œuvre des stratégies et plans d’actions de la politique de développement industriel adopté par le gouvernement depuis 2010. En rapport avec les organisations faitières et les autres départements concernés, poursuit-il, il sera également question de sortir des tiroirs les dossiers urgents pour apporter immédiatement des réponses concrètes aux préoccupations les plus handicapantes.
Il s’agit, selon lui, de trouver des solutions favorables aux contraintes liées à une fiscalité appliquée aux industriels, aux tarifs prohibitifs d’électricité, aux difficultés d’accès à des financements incitatifs, à la faiblesse de la professionnalisation des filières et à l’exiguïté du foncier industriel.
Le ministre Mohamed Aly Ag Ibrahim a également révélé que cette année, son département est porteur d’un projet de texte qui peut favoriser la mobilisation de financements innovants et la mise en place de technopoles pouvant rapidement renforcer et diversifier la base des infrastructures de transformation au Mali. Selon ses explications, cette réforme majeure est relative à une loi sur les zones économiques spéciales qui vise la création d’un cadre propice aux affaires et particulièrement aux investissements industriels. Il a promis que les chefs d’entreprises industrielles seront consultés à toutes les étapes de l’élaboration de cette nouvelle législation cruciale pour offrir des perspectives véritablement radieuses à l’Etat pour le développement du secteur industriel.
A en croire le ministre, les industriels constituent dans un Etat, un élément déterminant pour sa respectabilité, son rayonnement et son influence sur la scène internationale. Et seule une forte redynamisation du «Made in Mali » peut permettre au Mali de participer, la tête haute, aux échanges avec les autres au lieu de les subir et de compter sur l’espace communautaire voire continental.
«Nous avons déjà accusé dans ce cadre, un retard inacceptable par rapport à certains de nos voisins. Il nous faut impérativement accélérer la cadence pour se rattraper et se projeter dans un futur plus prometteur. Pour que ce rêve se transforme en réalité, vous êtes indéniablement l’espoir du Mali. Pour notre part, nous ne ménagerons aucun effort pour vous assurer un accompagnement bienveillant et multiforme afin que l’activité industrielle ne soit plus vécue comme une galère dans notre pays, mais comme le plus noble et le plus rentable des métiers », a-t-il déclaré. Avant de signaler que les observations et suggestions issues de ces échanges seront d’un apport inestimable pour mettre le cap sur la voie la plus indiquée afin de faire du Mali une puissance industrielle et prospère.