REPORTAGE - Dans le centre du pays, les radicaux imposent de plus en plus leur loi avec un discours efficace fait d'une lecture étroite du Coran, d'un rejet de l'État et d'une révolution sociale secouant les pesanteurs d'une société très traditionnelle.
Envoyé spécial à Mopti
Issa Dicko parle calmement et il a du mérite. Ce septuagénaire élancé est un fuyard, un réprouvé, depuis que les islamistes l'ont condamné à mort. Sa triste histoire se mêle à celle du centre du Mali qui, après le nord du pays, s'enfonce lentement dans l'insurrection djihadiste. Son cauchemar a commencé en avril 2015 quand son cousin, Amadou Issa Dicko, chef du village de Dogo, est abattu de trois balles au beau milieu du marché. «Les islamistes l'accusaient de collaborer avec l'État et l'armée. Il avait demandé de l'aide mais rien n'a été fait», regrette-t-il.
Cette mort ne l'a pas vraiment surpris. Dans cette vaste région, delta fertile où s'enroulent rizières et élevage, les radicaux imposent de plus en plus leur loi avec un discours efficace fait d'une lecture étroite du Coran, d'un rejet de l'État et d'une révolution sociale ...