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Koutiala : une ressortissante colombienne enlevée par des hommes armés
Publié le mercredi 8 fevrier 2017  |  Studio Tamani
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Une religieuse colombienne a été enlevée dans la nuit de mardi à mercredi dans le sud du Mali par des hommes armés. L'information a été confirmée par un élu local et par son entourage. Le kidnapping s'est déroulé à Karangasso à une cinquantaine de kilomètres de Koutiala. Les recherches lancées depuis hier restent infructueuses et le maire de la localité appelle les populations au calme et à la vigilance.


Sœur Gloria Agoti, la Colombienne, a été « enlevée mardi dans la nuit dans le village de Karangasso ». Les ravisseurs sont arrivés, selon des témoignages sur place, à moto. Selon une source sécuritaire, aussitôt après avoir été prévenue l'armée malienne a engagé une poursuite « contre les ravisseurs ». La religieuse, qui appartient à la congrégation des franciscaines, a été enlevée par des hommes armés qui sont partis avec elle dans un véhicule appartenant à son ordre.
A la mi-journée, l'enlèvement n'avait pas été revendiqué. Ce kidnapping survient après le rapt par des hommes armés, le 24 décembre 2016, à Gao de la Française Sophie Pétronin qui était à la tête d'une association d'aide à l'enfance.
Le sud du Mali, où la Colombienne a été enlevée, a connu des attaques jihadistes, aux frontières avec la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, après celles survenues dans le Nord et le Centre du pays.
Les autorités de Nampaga, commune dans laquelle se trouve le village de Karangasso, ont lancé des recherches pour retrouver l'otage et les assaillants. Mais pour l'instant aucun signe. Le maire de la localité appelle les populations au calme et à la vigilance après cet enlèvement.
Zoumana Célestin Dembélé, maire de la commune rurale de Nampaga, joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« J'ai été informé que des bandits armés sont venus agresser les sœurs, leur ont demandé de l'argent. La sœur supérieure leur a répondu qu'elle n'avait pas d'argent. Les ravisseurs ont demandé que pour se payer la tête des autres qu'est-ce que la sœur peut donner ? Elle leur a donné 30.000 francs CFA. Et malgré tout, les assaillants sont partis avec la sœur supérieure, son passeport et celui de son adjointe. Sur les quatre sœurs, trois sont Colombiennes et une est Burkinabé. La localité est à 5 kilomètres du goudron, ils ont pris la route bitumée Koutiala-Koury. Nous avons un compatriote installé au bord du goudron, on lui a demandé d'intervenir. C'est ainsi lui, il a fermé une barrière qui a été confectionnée lors de la réhabilitation de la route. Donc quand ils sont arrivés à la barrière, ils ont abandonné le véhicule, et ils ont continué sur Koury à moto ».
C’est la première fois depuis la crise du Nord qu’une prise d’otage intervient dans la région de Sikasso. L’enlèvement de Koutiala montre, selon certains observateurs, que le phénomène s’installe vers le Sud. Certains analystes recommandent de « revoir la carte sécuritaire du pays » avec la création de police municipale dans chaque localité.
Serge Daniel est journaliste-écrivain, spécialiste des questions sécuritaires. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« C’est une première au sud du Mali. Cela prouve deux choses : d’abord que le danger se métastase, c'est-à-dire change du Nord vers le Sud. C’est vrai qu’il y a quelques années, il y a eu l’enlèvement à l’extrême Ouest du Mali vers Kayes, mais tout cela se comprend parce que de Kayes vous pouvez aller directement remonter vers le Nord. Mais à partir de Koutiala c’est cas même très difficile. Est-ce qu’ils sont partis vers le Burkina Faso ou vers la Côte d’Ivoire ? Ça crée cas même beaucoup d’inquiétudes. En clair, c’est le danger qui se métastase comme je l’ai dit, mais ce qui est important c’est de revoir la carte sécuritaire du Mali, ça on l’a toujours répété. L’État n’a plus les moyens d’assurer la sécurité des Maliens et des Maliennes avec l’armée, la gendarmerie, la police et la garde nationale. Il faut probablement passer par la création de police communale, de police municipale, et ça me semble important ».
Le mode opératoire ressemble certes à celui des terroristes, mais est-ce que ce rapt peut aussi être assimilé à du banditisme ?
« Oui du banditisme, mais en même temps du terrorisme, parce que l’otage n’a pas été tué. S’ils voulaient le tuer, ils l’auraient fait peut être sur place. S’ils l’ont emporté c’est peut être pour demander une rançon, une compensation pour sa libération. Donc s’il y a une revendication, elle peut-être idéologique ou matérielle. Mais il faut attendre de voir ce qui va se passer ».

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