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Effets collatéraux de la grève des magistrats : «Quand il y a grève au niveau de la justice, les avocats restent au cabinet ou bien à la maison», dixit Me AT Diarra
Publié le jeudi 9 fevrier 2017  |  La Lettre du Peuple
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La grève illimitée des magistrats maliens continue, malgré une tentative de division du gouvernement. Les avocats, principaux auxiliaires de la justice, sont directement concernés par les effets de ce mouvement. Comment vivent-ils cette grève? Il y a également des Commissariats de police, traditionnels partenaires de la justice. C’est dans ce cadre que nous avons approché Me Amadou Tioulé Diarra, l’un des grands défenseurs des droits de l’homme, pour savoir comment les avocats vivent cette grève. Nous avons également fait le tour de certains Commissariats pour mesurer l’impact de cet arrêt de travail. Professeur et communément appelé Me AT Diarra, l’homme de droit s’est prêté volontiers à nos questions.

D’emblée, il a indiqué que « le problème de fond, c’est qu’en fait le communiqué qui a été lu par le Président du SAM et que le gouvernement a soutenu. Cela n’a pas été une bonne chose. Dans un mouvement social du genre, il n’est pas bon de diviser. Il faut trouver en fait une solution au mieux aux intérêts du pays et des parties. Nous sommes avocats, nous en pâtissons quand il n’y a pas d’audience. Mais nous ne sommes pas égoïstes, parce que l’indépendance de la justice c’est aussi l’indépendance des avocats. L’une ne va pas sans l’autre. La question de la justice a deux pieds. Il y a la magistrature et il y a les avocats ».



C’est pourquoi il a déploré le manque de concertation des magistrats avec les autres acteurs de la justice. «Nous pensons que ce débat a été mené, mais les deux syndicats des magistrats ont commis l’erreur de ne pas convoquer des sessions de rencontres, pas seulement avec les directions de certaines organisations. Normalement, ils auraient dû appeler les avocats, les huissiers de justice, les notaires et tous les acteurs de la famille judiciaire pour qu’on échange sur la question et pour trouver des solutions.

La conséquence de ce communiqué a été que les magistrats ont répliqué pour en démontrer la fausseté. Les revendications des magistrats sont soutenables. Mais tous les politiques qui vont dans les bureaux pour dire qu’ils les soutiennent ne peuvent pas, en toute sincérité, satisfaire ces doléances. Par contre, si on doit les satisfaire, il faut le faire sur la base du degré des questions et de leur importance, même si on l’étale dans le temps».

Concernant les effets de cette grève, Me AT Diarra s’est inquiété du fait qu’elle risque de jouer sur les délais des procédures. «Il y a des affaires qui sont pendantes devant les juridictions dont les délais sont épuisés, ou dont les délais seront épuisés pendant que la grève est en cours. Il est clair que lorsque les avocats ne vont pas devant les tribunaux, on ne leur paye pas d’honoraires. Des clients nous ont contactés la veille de la grève, mais, une fois que la grève a été déclenchée, ils sont restés chez eux.

Quand il y a grève au niveau de la justice, les avocats restent au cabinet ou bien à la maison. Nous en pâtissons, comme les justiciables, et même plus que les justiciables, parce que les avocats vivent des procédures. En dehors des procédures, il n’y a pas d’avocats.

Par conséquent, il est souhaitable qu’on reprenne. Il est souhaitable aussi que le gouvernement prenne son courage à deux mains et discute avec les syndicats qui sont représentatifs de la profession. Comment gérer les cas de délais de procédures, même si la reprise n’est pas effective? Il faut que les parties s’entendent, parce que, lorsque les délais de procédures expirent, c’est compliqué pour certains dossiers», conclut l’homme de droit.

Des commissariats de police remplis

Face à cette grève illimitée, nous avons également le tour de certains Commissariats de police pour voir son impact sur l’activité des policiers. En effet, la police est un des principaux collaborateurs de la justice. C’est elle qui garde à vue les présumés voleurs ou bandits, en attendant leur mise sous mandat de dépôt. Les Officiers de Police Judiciaire sont dans l’embarras devant certaines situations. Tout marche au ralenti. La grève de la justice bloque les procédures civiles et pénales. Conséquence, les violons sont remplis de bandits et de voleurs arrêtés.

La Rédaction

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