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Libération du Nord-Mali : Le téléphone pleure
Publié le mardi 29 mai 2012   |  L’Observateur Paalga


Prestation
© Getty Images par DR
Prestation de serment: Dioncounda Traoré prend les rênes du pouvoir
12 avril 2012.Bamako,Mali. Cérémonie d`investiture du président par interim du Mali après le retrait de la junte militaire de la tȇte de l`Etat.


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Visiblement, ce n’est pas demain qu’un remède efficace sera trouvé au cas malien. Dans le grand corps malade de ce pays au million de kilomètres carrés, tous les symptômes d’un mal devenu presque chronique sont logés : occupation du Nord, coup d’Etat du 22 mars 2012, refus de ceux qui en ont été les auteurs de plier bagages malgré les mesures de sortie honorable à eux proposées, incident au palais présidentiel avec la copieuse bastonnade du … président fraîchement installé, Dioncounda Traoré.

Ces derniers jours, la situation s’est davantage compliquée avec un mariage, pas d’amour bien sûr, mais peut-être de raison, entre les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes d’Ansar Dine et d’Aqmi, qui a accouché de la création de l’Etat islamique de l’Azawad. Même s’il est loisible de se demander si la raison prévaudra longtemps entre les tourtereaux, c’est assurément une mauvaise nouvelle pour ceux qui aspirent à la reconquête du Nord et tiennent à la laïcité du pays. D’aucuns pourraient espérer qu’ils se rentrent dedans au plus tôt pour que le nettoyage s’en trouve facilité ; malheureusement, il est avéré que l’espoir que des ennemis s’entre-déchirent afin de marquer des points reste souvent vain.

Cette évidence est pourtant criarde : pendant que les acteurs politiques, militaires et la société civile malienne s’étripent à Bamako, les occupants du Nord ne perdent pas de temps. Aujourd’hui, trois interrogations viennent à l’esprit de l’observateur de la vie sociopolitique du pays de Soundjata Kéita, qui ne sait plus à quel acteur se vouer ; autrement dit, depuis le départ de Dioncounda Traoré, parti se soigner en France, l’on se demande bien ce qui va se passer après sa guérison : reviendra-t-il au pays ?

Si c’était le cas, reprendrait-il la tâche qu’il avait abandonnée avec précipitation, surtout après l’humiliation subie qui a jeté un discrédit sur sa personne ? Par ailleurs, quelle serait l’attitude des membres de la junte dont le chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a définitivement été écarté du fauteuil présidentiel ? La question est pertinente d’autant que lui et sa troupe semblent avoir accepté la décision de la CEDEAO à contrecœur. Quelle serait donc la nature des futures relations entre l’ex-junte et le président Dioncounda ?

Côté CEDEAO également, le mystère reste opaque sur l’intention de faire intervenir au Nord sa fameuse troupe en attente. Le premier ministre Cheick Modibo Diarra a ajouté au brouillard lors de sa dernière sortie au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire ; il avait en effet annoncé ceci : "Les soldats sont prêts, la décision revient au Mali, mais vous savez, cela dépend de beaucoup de facteurs, il y a beaucoup d’options, ce serait vraiment en dernier recours". Beaucoup d’analystes pensent d’ailleurs que la reconquête du Nord ne semble pas être la principale préoccupation des différents acteurs à Bamako. De toute évidence, ces derniers, pour la plupart, préfèrent la guerre, confortable, de positionnement dans les salons climatisés de la capitale au fait de se frotter au climat, rude, du désert malien. Comme dans la célèbre chanson de Claude François, les habitants des trois villes pleureront donc longtemps au téléphone avant que leurs compatriotes de Bamako daignent leur répondre.

Issa K. Barry

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