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Après deux ans d’existence d’Ozone Mali: des Bamakois entre espoir et inquiétude
Publié le jeudi 9 fevrier 2017  |  Info Matin
Opération
© aBamako.com par A.S
Opération d`assainissement dans les rues de Bamako
Bamako, le 10 février 2015. Les agents balayeurs de la société de nettoyage Ozone Mali ont procédé à une grande toilette sur le boulevard du peuple.
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Dans le cadre de la propreté de la ville de Bamako, l’État, à travers la mairie centrale, a signé, le 9 février 2015, une convention avec l’entreprise marocaine Ozone pour une durée de 8 ans. Le coût de la mise en œuvre de cette convention est de 9 milliards FCFA par an, soit environ 72 milliards FCFA sur les 8 ans de la convention. Deux ans après sa signature de cette convention, les Maliens, qui avaient nourri l’espoir de vivre enfin dans un environnement propre, se désolent de la façon dont les travaux sont en train d’être exécutés.

L’espoir, ‘’Bamako ville propre’’, tant suscité demeure encore un rêve lointain pour les habitants de la ville avec l’arrivée d’Ozone Mali, même s’il y a des signes de bonne foi de l’entreprise à satisfaire les préoccupations de Bamakois.

La population restée sur sa faim
Selon Abdoulaye SIDIBE, locataire de chaises, dans la capitale, aux premiers jours de la signature de cette convention, j’avais un fort engouement quant à sa mise en œuvre en de garantir l’assainissement de la ville de Bamako. « J’ai pensé que c’était une nouvelle ère qui allait s’ouvrir pour notre capitale, mais ce qui nous est servi aujourd’hui par Ozone est loin d’être à la hauteur de nos attentes », a-t-il regretté. Pour M. SIDIBE, la non-collecte des ordures dans les concessions, laisse apparaitre que la convention porte uniquement sur le balayage des grandes rues et voies principales de Bamako.
« En tous cas, l’assainissement de la ville de Bamako n’est pas la propreté des voies publiques. Tant que les agents d’Ozone ne passent pas balayer les rues secondaires et enlever les ordures, l’initiative n’aura pas servi à une grande chose. Face à cette situation, les responsables de ce projet répondront devant l’histoire pour avoir gaspillé l’argent du contribuable à une initiative mort-née », a interpelé M. SIDIBE.
Même constat pour Fanta DIARRA, ménagère, qui pense que les GIE qui faisaient la collecte des déchets et ordures sont plus prompts que les agents d’Ozone qui prennent du temps avant de venir enlever les déchets. Aussi, pour cette ménagère qui envoisine la soixantaine d’années, les 3000 FCFA par concession et par mois que la population devrait payer comme sa contribution à la mise en œuvre de la convention est trop pour des ménages qui ne savent pas comment gagner leur pain quotidien. Elle pense que cette redevance ne devrait pas dépasser 2000 FCFA, un prix pratiqué par les GIE de la place.
Contrairement à ces deux premiers intervenants, Djénéba CISSOKO, qui est agent comptable dans une entreprise de la place, salue et félicite les initiateurs de ce projet. Parce que, selon elle, ce ne sont pas des GIE qui pourront rendre en charge la propreté de la ville de Bamako.
« L’assainissement d’une ville comme Bamako demande d’expertises, de moyen en termes de ressources humaines et financières. Or, nos GIE sont peu qualifiés et mal structurés. Je ne comprends pas la colère de la population qui estime que l’opération, de façon générale n’est pas satisfaisante, mais il faut qu’elle sache que c’est un processus qui est appelé, au fur et à mesure, à s’améliorer », a-t-elle lancé.
Violations des droits des travailleurs
Là également, tout n’est pas fameux parce que les agents d’Ozone se plaignent de leur traitement par les responsables. Ils estiment que tous leurs droits se sont respectés par l’entreprise.
Selon le secrétaire général du syndicat des travailleurs d’Ozone, Abdouraham SANOGO, les agents travaillent 48 heures par semaine, contrairement à la réglementation du travail en vigueur dans notre pays, qui est de 40 heures par semaine, sans heures supplémentaires. Ce qui, a-t-il estimé, est une violation flagrante de la législation nationale contre laquelle les travailleurs se battent, depuis plusieurs mois sans succès vain.
Aussi, le syndicaliste en chef a déploré que, deux ans après la signature de la convention, les agents d’Ozone Mali sont toujours sous un contrat à durée déterminée qui a été renouvelé plusieurs fois. De même, M. SANOGO a souligné que leurs droits de congé, de maladie ne sont pas respectés.
« L’entreprise nous prend comme des ouvriers. Nous n’avons pas droit à un congé de maladie. Nous avons un système de pointage qui ne prend pas en compte des cas de maladie et des même des accidents de travail, même s’ils sont justifiés, à la fin du mois, ces heures sont prélevées sur le salaire », a-t-il déploré.
A côté, un des agents nous racontait son calvaire : « Lorsque je suis tombé malade, une fois, le temps que j’ai passé à la maison sans pouvoir travailler a été prélevé sur mon salaire ». Avant de poursuivre : « Il y a de nombreux d’autres travailleurs qui souffrent de cette situation ».
En plus de ces préoccupations sociales soulignées, M. SANOGO a fait savoir que les agents souffrent de moyens adéquats de travail, même s’il est perceptible que depuis quelque temps, l’entreprise se bat pour résoudre ce problème. Mais il pense que cela n’est pas suffisant pour répondre aux attentes de la population, dans le cadre de l’assainissement de la ville de Bamako. Il faut à cet effet, recruter d’autres personnes pour étoffer l’effectif.
« Nous sommes environ 900 personnes à faire ce travail. Ce qui est deçà de l’effectif prévu dans la convention. C’est comme si vous confiez le travail de 1 100 personnes à 900 personnes. Il va de soi qu’il y’aura des problèmes », a-t-il souligné.
Malgré ces difficultés, le responsable syndical a reconnu que le salaire est régulier même s’ils sont en négociation pour son augmentation. Aussi, tous les travailleurs sont-ils inscrits à l’INPS et bénéficient de l’AMO.

Des difficultés dans la mise en œuvre de la convention
Par ailleurs, la mise en œuvre de la convention entre la mairie centrale et l’entreprise Ozone Mali souffre de plusieurs difficultés d’ordre financier, organisationnel et matériel. En effet, si dans cette convention, il est précisé que pendant la première année d’intervention, les ménages sont exemptés de payement et que l’État s’engage à aider la mairie à payer la somme pour les premières années de la mise en œuvre, il nous revient de plusieurs sources concordantes que l’État peine à respecter ses engagements. Ainsi, l’on apprend que l’entreprise Ozone a des arriérées impayées avec l’État s’élevant à plusieurs milliards de FCFA. Selon plusieurs responsables, cette situation est la conséquence de plusieurs dysfonctionnements et de faible rentabilité de l’entreprise Ozone Mali. Parce que, sans argent, la marge d’actions et d’activités est réduite, ajoutent-ils.
En outre, l’absence de décharge finale rend aussi difficile sinon impossible le travail d’évacuation des ordures et des déchets par Ozone Mali.
« À défaut d’une décharge finale, les agents sont obligés de faire le tour de la ville de Bamako pour aller déposer les ordures ou les déchets collectés dans des communes voisines de la capitale. Ce qui est une situation difficile et à la longue intenable », avertissent des responsables.
Enfin, l’incivisme de la population à ne pas s’adapter à la protection et à l’assainissement de l’environnement fait également partie des difficultés qui bloquent l’effectivité de la convention.

Par Sikou BAH
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