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Le Républicain N° 4574 du 28/2/2013

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Chronique du vendredi : Ce que le Mali a perdu et gagné à Yamoussoukro
Publié le vendredi 1 mars 2013  |  Le Républicain


© AFP par DR
Crise au Mali : clôture du 42eme sommet des chefs d’Etats de la Cedeao à Yamoussoukro
Jeudi 28 février 2012, Yamoussoukro. Les Chefs d’Etat de la sous-région se sont réunis durant 48 heures dans la capitale ivoirienne pour plancher sur la crise au Mali.


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Redondance, clair-obscur, mise en garde amicale et gains notables : le président rentre de Yamoussoukro après un bon sommet. Lui et toutes les autres institutions sont prorogées jusqu’à la fin de la transition. Le 42è sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao pouvait s’épargner la redondance puisque c’est l’autorité de la cour constitutionnelle malienne qu’elle reconnaît sur la question. Clair-obscur ? Il y en a eu à propos de la transformation de la Misma en opération de maintien de la paix avec un mandat de lutte contre le terrorisme.

Le débat est renvoyé au Conseil de Sécurité mais si les Nations-Unies peuvent s’accommoder d’une sorte de Licorne anti-terroriste, on les voit mal lancer leurs troupes contre Belmoktar et Abuzeid. Mise en garde maintenant. Abuja pousse de vrais cris du cœur pour le respect des droits de l’homme et contre toute exaction sur les civils. Là-dessus, les chefs d’Etat de la sous-région sont plus vagues que les Nations-Unies qui dénoncent, sans détour, les abus contre les Touareg et les Arabes.

Mais les leaders de la Cedeao n’en pensaient sans doute pas moins, pour avoir vu passer en boucle l’indignant reportage sur la mort du patriarche arabe et les propos de stigmatisation d’un responsable militaire sans doute captés par une caméra cachée. Un malaise que nos autorités ne peuvent pas ne pas ressentir dans une affaire qui ne peut passer par pertes et profits sans entamer davantage le petit crédit de nos autorités.

Ceci dit, le Mali gagne t-il quelque chose du sommet qui a pris fin hier à Yamoussoukro ? Oui. Véritable consécration pour un chef d’Etat somme toute nouveau, Alassane Ouattara a été reconduit à la tête de l’organisation sous-régionale. Il est, c’est vrai, le président de la Côte d’Ivoire et non celui du Mali. Mais ce pays ne pouvait normalement souhaiter mieux. Car Ouattara c’est la continuité d’une ligne de gestion de la crise malienne qui met en dialogue, donc en négociation la Cedeao, l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations-Unies. La capacité d’écoute et de compromis de l’Ivoirien ne sont pas de moindres atouts pour maintenir le consensus entre ces différents joueurs qui ne soufflent pas toujours dans la même trompette.
La stature internationale de Ouattara se charge du reste. On sait maintenant le rôle crucial qu’il a joué auprès de la France pour qu’elle intervienne à Konna, de même que ses efforts auprès de pays comme l’Allemagne ou les Usa pour soutenir l’action militaire internationale au Mali. Et puis, le président ivoirien est beaucoup mieux accepté dans l’opinion malienne que le médiateur Compaoré parce que perçu plus lisible et moins complaisant vis-à-vis des groupes armés qui occupaient le Nord de notre pays. Ce n’est pas rien.

Autre gain pour le Mali, la Cedeao a été on ne peut plus claire sur la question du Mnla dont elle exige le désarmement inconditionnel. Ensuite, pour elle, le principe du dialogue avec ce mouvement rebelle n’est pas automatique. Et il est exclu qu’il en soit ainsi sans que le Mnla renonce à ses revendications séparatistes.

Le dialogue est indispensable pour pacifier durablement le Nord malien, reconnaît la Cedeao, mais il s’agit du dialogue avec les communautés, les élus et les forces citoyennes.
Tout ceci renforce le gouvernement malien et le président Dioncounda Traoré. Alors que l’opinion nationale s’indigne de ce qu’elle croit être la mise à l’écart de l’armée malienne sur Kidal et la remise en selle du Mnla, la prise de position de la Cedeao ne pouvait mieux signifier Ces réserves confortent la partie malienne ( l’opinion comme ses gouvernants) qui ne cache plus sa déception contre la stratégie française à de remise en selle du mouvement rebelle à Kidal contre celle de la mise à l’écart de l’armée malienne. Bamako engrange donc. Il s’agit de savoir si Paris va encaisser et s’aligner.

Ou s’il préfèrera être en porte à faux avec la quinzaine de présidents de l’Afrique de l’Ouest. Même en guerre asymétrique, traiter cette exigence de la Cedeao par-dessus la jambe serait surprenant.

Adam Thiam

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