PolitiqueRencontre de la valette les 8 et 9 février autour du laissez-passer européen (LPE) : Des organisations de la société civile réclament la suspension immédiate du document
Dans un communiqué déposé à notre rédaction, plusieurs organisations de la société civile africaine et européenne dont l’Association malienne des expulsés (Ame) -Lougna Toukanranké, l’Association européenne pour la Défense des Droits de l’Homme, EuroMed Droits, le Forum des organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations, Medico International, Migreurop…ont exprimé leur inquiétude sur la rencontre de la Valette, à Malte, qui réunit les hauts fonctionnaires africains et européens autour de la question migratoire.
Pour ces organisations de la société civile, cette rencontre ne sera qu’un pas de plus pour restreindre la mobilité des personnes migrantes et permettra une fois de plus à l’Union européenne d’imposer sa loi aux pays de provenance de la majorité des immigrés. “Le plan d’action lancé à La Valette en novembre 2015 par l’UE, ses Etats membres et 35 Etats africains vise à lutter contre l’immigration irrégulière, le trafic d’êtres humains et les causes profondes de la migration forcée. Actuellement en cours d’évaluation, il s’appuie sur la coopération extérieure pour obtenir la signature, par des Etats “tiers”, d’accords de réadmission destinés à expulser plus facilement les personnes migrantes” peut-on lire dans ledit communiqué.
Selon l’Association malienne des expulsés (Ame), avec “le Laissez-passer européen (LPE), l’UE marque une étape supplémentaire de la stratégie d’externalisation de sa politique migratoire depuis vingt ans. Ce document de voyage, délivré par les Etats membres de l’UE – et eux seuls -, permet d’expulser une personne sans qu’elle ait été identifiée par le pays ” tiers “ dont elle est supposée être originaire, et donc sans laissez-passer consulaire, au mépris de ses droits et du principe d’égalité entre Etats souverains (garanti par la Convention de Vienne) “.
” Au-delà des effets négatifs immédiats d’une mesure d’éloignement sur les personnes, le flou total qui caractérise la mise en œuvre du LPE laisse craindre un nombre important de violations des droits, en atteste le nombre de questions sans réponse que pose l’utilisation de ce document” ajoute le communiqué. “C’est partant de tous ces constats que ces réseaux africains et européens d’organisations de la société civile signataires du présent communiqué réclament que les Etats membres de l’UE suspendent immédiatement l’utilisation du LPE et que les autorités européennes fournissent et publient sans délai les informations….La mobilité est un droit, et non un outil de chantage diplomatique” conclut le document.