La partie de l’infrastructure qui a échappé au feu était très animée hier. Les magasins étaient ouverts et il y avait une forte affluence. Aujourd’hui, les activités ont repris dans le grand marché de Gao dont une partie a été détruite lors des affrontements du jeudi 21 février dernier entre l’armée et les éléments du MUJAO qui s’étaient infiltrés dans la ville. Sous l’effet des bombardements à l’arme lourde, plusieurs magasins et hangars en tôle ont été pulvérisés. Les dégâts ont été plus importants dans le centre du marché où se trouve le grand hangar abritant les bouchers, les vendeurs de condiments et de légumes. Les boutiques qui sont également aux alentours du grand hangar ont été sérieusement endommagées par le feu.
Par miracle, la station d’essence Sonef qui fait juste face à la mairie où étaient retranchés la plupart des Moudjahidines a échappé au feu tandis que les hangars contigus ont été réduits en ruines. La station Sonef a reçu des balles dont les impacts sont encore visibles sur les murs. Hier, les pompistes ramassaient les débris de béton, de vitres et les douilles éparpillés par ci, par là. « Dieu merci les dégâts n’ont pas été d’une grande ampleur dans la station. A part les impacts de balles dans les murs et la destruction des installations électriques, ça va ici. On est en train de nettoyer et demain on commencera à vendre le carburant», annonce le patron de la station, Hamma Yahiya Touré.
L’hôtel Atlantide, l’un des plus anciens de la ville et le siège local de la BDM ont été aussi partiellement atteints par les flammes. Plusieurs commerçants du grand marché ont perdu tous leurs biens à cause de l’incendie occasionné par les bombardements. C’est le cas de Issiaka Konaté, vendeur de produits divers. « C’est toute ma boutique qui est partie en fumée. J’ai perdu plus de 300 000 Fcfa. Je ne sais pas quelle va être la suite », s’interroge le boutiquier. Les responsables de l’association des commerçants du marché de légume étaient venus établir le constat des dégâts causés par le feu.
Il ne reste plus rien de la plupart des magasins du marché de légumes. « On est en train d’évaluer les dégâts causés et pour le moment on n’a aucune idée du volume des pertes. Mais c’est énorme pour les petits commerçants que nous sommes », souligne le vice président de l’association, Abdoul Wahidou Waga Maïga, qui a lancé un appel aux bonnes volontés à contribuer à l’aménagement de la partie détruite du marché. Une équipe de la mairie a entrepris de recenser les commerçants qui ont perdu leurs biens. Entre mardi et mercredi, elle en a comptabilisés plus d’une centaine.
La partie du marché épargnée par le feu, était hier très animée. Les magasins étaient ouverts et il y avait une forte affluence. « On a peur de venir ouvrir nos boutiques dans l’insécurité, mais on n’a pas le choix. Le marché, c’est notre vie », commente le boutiquier Aboubacar Maïga qui était allé faire fortune en Côte d’Ivoire. Le gérant d’un magasin d’alimentation, Alassane Touré, pense lui aussi que les actions des islamistes ne doivent pas décourager les commerçants à venir ouvrir leurs boutiques.
Désormais, la sécurité est renforcée du côté du marché et de la berge du fleuve Niger. Selon des témoins, les jihadistes se sont infiltrés dans la ville du côté du marché vers 4 heures du matin avant de prendre la mairie et le palais de justice. Les hommes du lieutenant Abdoulaye Diallo que nous avons rencontrés au bord du fleuve, promettent la tolérance zéro à tous ceux qui tentent traverser maintenant le fleuve.