Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Art et Culture

Tinariwen, des rebelles en exil
Publié le samedi 11 fevrier 2017  |  letemps.ch
Comment


Loin du Mali et de l’Algérie, les musiciens touareg ont enregistré leur nouvel album entre les Etats-Unis et le Maroc

Littéralement, leur nom signifie «les déserts». Et il est aujourd’hui plus pertinent que jamais. Depuis que des intégristes ont pris possession du Sahara, les musiciens de Tinariwen se sont exilés afin de continuer à s’exprimer à travers ce blues lancinant qu’ils appellent «assouf». Les Tinariwen sont des hommes bleus, des Touareg. Ils sont apatrides, nomades. Leur pays, c’est cette vaste étendue de sable de quelque huit millions de kilomètres carrés et couvrant une dizaine de pays, dont le nord du Mali et le sud de l’Algérie, d’où ils sont originaires.

On dit qu’ils ont combattu l’armée malienne dans les années 1990, durant la rébellion touareg. Certains membres de ce collectif qui a évolué au fil du temps ont vécu dans les années 1970 en Libye, où ils se sont formés au maniement des armes dans les camps du colonel Kadhafi. C’est là-bas, dit la légende, qu’ils façonnèrent leur son, inspiré d’un côté par le pionnier Ali Farka Touré et de l’autre par le rock de Santana, Hendrix ou de Led Zep.

Ame retrouvée
Ce n’est qu’en 2002 que le monde découvre enfin Tinariwen. Le choc. Comment avons-nous pu vivre sans ce blues organique, hypnotique? Tinariwen, c’est la voix d’un peuple opprimé que les intégristes ont voulu faire taire lors du conflit amorcé en 2012. Comme rien ne ressemble plus à un désert qu’un autre désert, c’est dans le Mojave, au sud de la Californie, qu’ils ont travaillé il y a trois ans sur «Emmaar». Mais rien à faire, quelque chose manquait, comme si loin du continent africain les musiciens avaient perdu une partie de leur âme.

A lire également: Tinariwen, la danse du feu

Cet hiver, les Tinariwen nous reviennent avec «Elwan», gravé entre le Maroc et la Californie à nouveau, mais du côté du parc national de Joshua Tree. Miraculeux. On a l’impression de retrouver ces accords fiévreux qui faisaient d’«Aman Iman», en 2007, un disque majeur. On sent instinctivement que, derrière ces paroles qu’on ne comprend pas, les Touareg pleurent leur désert et le chaos à l’œuvre un peu partout. Ils ont peut-être jadis pris les armes, mais c’est bien un message de paix et d’unité qu’ils véhiculent. Et c’est beau.

Commentaires