La semaine dernière a été marquée, dans notre pays, par des évènements et des choses. Certains paraissent sérieux et méritent par conséquent que l’on s’y penche. D’autres, du reste dégelasses, n’honorent pas du tout la République, seront rangés dans les placards. Il s’agit, entre autres, de l’enlèvement d’une ”sœur catholique colombienne dans le cercle de Koutiala, de la tenue d’une énième rencontre du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) de Paix à Bamako, des attaques au Centre et au Nord du pays. Juste avant, une soi-disante réunion du G5 consacrée à la lutte contre le terrorisme avait eu lieu à Bamako. Retro !
Mercredi dernier, les Maliens furent réveillés par la triste nouvelle de l’enlèvement d’une ”sœur” catholique dans le village de Karangasso, cercle de Koutiala. Ressortissante colombienne, la religieuse exerçait dans la zone, parait-il, depuis de longues années. Située à des dizaines de kilomètres du Centre de Koutiala, la localité n’avait pas connu de problèmes et était loin, à notre avis, des zones à risques. Mais, puisque la frontière avec le Burkina Faso fut régulièrement la cible d’attaques armées, et qu’à Kadiolo, près de la Côte d’Ivoire, il y avait eu plusieurs affrontements avec des groupes armés, tout le monde pensait que de sérieuses dispositions avaient été prises pour sécuriser toute la région. Les autorités se glorifiaient régulièrement de l’arrestation de présumés ”terroristes” relevant de la Katiba de Sikasso, la 3ème région du pays.
Voilà que l’enlèvement de la religieuse vient mettre à nu toutes ces allégations. Très facilement, quelques individus, mêmes armés, franchissent les frontières, opèrent en toute impunité car ne rencontrant aucune résistance, font ce qu’ils veulent, puis s’en vont. C’est ce qui s’est passé à Karangasso.
A Bamako, l’on se contente de dire qu’ils seraient venus à motos, qu’ils auraient ”volé” un véhicule, patati, patata.
Dans la foulée, l’on annonce que d’intenses poursuites sont entamées pour traquer les assaillants. A ce jour, l’otage n’a pas été retrouvée. C’est dire qu’aucune personne n’est à l’abri d’une telle situation. L’insécurité ne concerne plus les régions du Nord et du Centre. Le Sud inquiète sérieusement. Les Maliennes et les Maliens sont désespérés. Les ressortissants étrangers le sont plus.
Cela dit, Bamako vient d’abriter une énième réunion du Comité de Suivi de l’Accord dit de paix (CSA) sous le parrainage de l’Algérie. A la table, l’on retrouvait un peu de tout : des Patriotes, des bandits, des escrocs mais aussi et surtout des assassins d’enfants et de femmes. ”Réunion de dernière chance”, ont claironné certains. Pour d’autres, elle aura permis de recadrer des dispositions dérangeantes de l’Accord de Paix. Aux sortir, il est dit que les fameuses autorités intérimaires seront installées dans les trois régions (Kidal, Gao, Tombouctou), que des patrouilles mixtes (FAMAS, Plateforme (des Patriotes) et CMA (conglomérat des bandits, escrocs et assassins) se tiendront, etc.
Un cocktail explosif en perspective. Les initiateurs de la réunion ont vite oublié la nature des gens comme Hamada Ag Bibi, Mohamed et Alghabass Ag Intallah et consorts. Ces gents-là n’ont jamais tenu parole. N’était-ce pas les mêmes qui ont promis de faire taire les armes en 2006 et 2013 ? Alliés objectifs des jihadistes, adossés à la médiation algérienne qui n’en n’est pas une, ils avancent à grands pas vers l’atteinte de leur dessein : la partition du pays. Toute chose qui ne déplairait pas à l’Algérie qui aura tout fait pour chasser d’autres Consulats de Kidal et Gao. Sinon, comment comprendre que les pouvoirs publics nationaux ne puissent pas exercer leur autorité à Kidal et environs ? A qui profite la situation actuelle ?
Deux pays en profitent allègrement : l’Algérie et la France. Le premier est le voisin encombrant du Mali. Depuis des lustres, il instrumentalise les différents groupes armés des régions du Nord. Ce n’est pas pour rien que tous les Accords dits de paix au Mali ont été signés en Algérie (Tamnarasset, Alger,…). Les Officiers et caciques du parti au pouvoir en Algérie sont les véritables manœuvres de la guerre imposée à notre pays. Rappelons que dans les années 80, la carte du Mali a vu disparaitre le bout de son triangle frontalier de l’Algérie. Il est même grand temps de voir cela.
Le second est la France. L’ancienne puissance colonisatrice n’a pas pardonné aux autorités de notre pays son retrait, surtout la perte du site stratégique de Tessalit en 1961, 1962. Ses militaires dont des Officiers étaient de la partie lors de la 1ère rébellion (1963-1964). Il n’y a pas longtemps, c’est le pouvoir d’Etat de France qui accompagnait un mouvement indépendantiste : MNLA. C’était en 2011-2012. La capitale française, Paris, servit de passage obligé pour ses leaders : Moussa Ag Assarid, Ag Acharatoumane, … La France était présidée par un certain Nicolas Sarkozy. Beaucoup de Maliens avaient salué l’arrivée à sa place du Socialiste François Hollande. Ce fut de courte durée. Son envoi de l’Armée française fut décisif pour stopper les bandes rebelles. Mais, cela cachait le dessein de la partition du pays. Son Armée, celle de France, travaillait de concert avec l’Armée malienne, jusqu’aux portes de Kidal. La suite est connue.
Pour terminer, très friandes de messes, les autorités de notre pays ont organisé une rencontre du G5 : Mauritanie, Tchad, Niger, Burkina Faso et bien sûr Mali. Au sortir, l’on eut l’impression de retourner au moyen-âge politique. Ces pays, faisant partie des plus pauvres du monde, n’ayant rien pour vivre, se proposent de lutter contre le terrorisme au Sahel. Une diplomatie parallèle a vu le jour. Au Mali, il y a déjà la Mission de la CEDEAO, la mission de l’ONU et les Forces françaises. Toutes ces forces n’arrivent pas à vaincre l’hydre terroriste. L’on nous dira qu’il s’agissait d’un engagement politique, mais encore faudrait-il qu’il y ait de la sincérité. Comment un pays comme la Mauritanie, refuge et site des groupes terroristes, pourrait-il mener une telle lutte ?
Nous ne doutons point du Tchad. Les autorités actuelles de ce pays ont grandi dans la rébellion et la guerre. Nous nous rappelons des différentes batailles de N’Djaména. Faya Largeau, Ouadi Doum, Moundou, entre autres, sont des tristes souvenirs. Et nous n’ignorons pas les manipulations de l’extérieur dans la crise tchadienne jusqu’à la mort de Hassane Djamouss : Soudan, Libye, France. Ce sont les fils du Tchad, Idriss Déby Itno en tête, qui libèrèrent leur pays. Ce sont des unités Goranes et Zaghawas en particulier, avec leurs colonnes de Land qui étaient en avant.
Au Mali, l’on pense que c’est l’extérieur qui viendra faire le boulot. Pour passer le temps, l’on va de messes en messes, galas en galas, l’on prie. Tout cela est bon en temps normal. L’heure étant très grave, avec des morts et blessés toutes les semaines, il faudrait se réveiller, se soucier. Rien ne sert de gaspiller l’argent public dans des réunions et rencontres. L’on a assez prié et l’on s’est longuement rencontré. N’aurait-on plus de solutions ? Que Dieu sauve cependant le Mali !