Notre pays, le Mali, connaît la pire crise de son histoire contemporaine, conséquence de l’exacerbation de la mal gouvernance avec son lot de corruption, de clientélisme, de népotisme, de mensonge et d’impunité.
Pour tous les observateurs de la scène politique malienne, les événements du 22 mars 2012, condamnés par la communauté internationale, étaient pourtant prévisibles voire inévitables tant la situation sociopolitique s’était détériorée. Même si l’on ne saurait se réjouir d’une rupture violente de la légalité constitutionnelle, force est de constater que cette appréhension était largement partagée, face à l’aveuglement d’une classe dirigeante incapable de se remettre en cause, et qui a volontairement tourné le dos aux aspirations du peuple et à la satisfaction de ses besoins élémentaires.
Les événements du 22 mars 2012, ont laissé entrevoir une possibilité de changement et un nouveau départ pour le Mali. Pour tous ceux qui ont un souci réel pour le Mali et son avenir. Mais c’était sans compter avec les forces politiques rétrogrades, œuvrant au maintien de l’ordre établi qui avait conduit le Mali à la perte et à l’occupation des deux tiers de son territoire national. Avec leurs soutiens extérieurs, elles ont miné et compromis la transition. Installant ainsi le pays dans une situation, plus catastrophique qu’avant le 22 mars 2012.
Une Feuille de route de la Transition politique est adoptée par l’Assemblée nationale. Elle prévoit l’élection du Président de la République pour le mois de juillet 2013.
Les restaurateurs de l’ordre ancien qui cherchent à renouveler leur bail à la tête du pays distillent dans l’opinion que le prochain Président de la République ne sera pas élu par le peuple souverain, mais plutôt désigné et imposé par l’Extérieur. Quelle injure pour le Mali et pour ses amis de par le monde !
Il doit cependant être clair pour tous que notre peuple meurtri a certes besoin de l’aide et de l’assistance de la communauté internationale, mais il est suffisamment mature pour ne pas accepter d’être infantilisé par qui que ce soit.
L’idéal aurait été qu’avant de se rendre aux urnes, les Maliens se rassemblent et se parlent franchement ; que par la critique objective et l’autocritique sincère, toutes les vérités soient dites et les responsabilités situées ; parce qu’on ne peut pas tourner la page alors que les rancœurs et les rancunes ne sont pas dissipées.
Parce que, tourner ainsi la page équivaudrait à un suicide collectif. C’est-à-dire, se refuser les moyens d’aller de l’avant. Ce que, aucun peuple, au monde, ne saurait accepter !
Notre peuple bafoué dans sa dignité, meurtri dans sa chair, humilié dans son être et tourmenté dans son âme veut et doit comprendre pourquoi il est tombé si bas. Il veut et doit savoir ce qui est à faire pour nous sortir du gouffre de la honte et du déshonneur. Il veut et doit tirer les leçons de la situation dramatique que nous traversons pour que plus jamais notre pays ne soit la risée du monde.
Quand on évoque aujourd’hui le Mali, l’image que l’on présente est celle d’un Etat effondré dont l’autorité a volé en éclats ; une armée en proie à la décrépitude morale et matérielle ; un système éducatif complètement déstructuré ; une jeunesse désemparée, sans repères et à l’avenir hypothéqué. Pour sortir de cette impasse et faire renaître l’espoir, il nous faudra réussir l’indispensable sursaut national ainsi que le réveil des consciences. Ceci n’est possible que si l’on change fondamentalement notre façon de gérer la cité.
Ce pays a besoin d’une nouvelle gouvernance politique, d’une nouvelle gouvernance économique, d’une nouvelle gouvernance morale. Il a besoin d’une alternance vraie avec une autre race de dirigeants ayant à cœur le souci de dissiper le climat d’incertitude et de méfiance qui enveloppe les acteurs de la vie politique et de la société civile. Si tel n’était pas le cas, il faudrait alors craindre que la situation postélectorale ne soit plus agitée que celle que nous vivons présentement.
Voilà pourquoi nous lançons un vibrant appel :
A tous les patriotes maliens debout pour un «autre Mali»,
A ceux qui sont indignés par la crise actuelle,
A ceux qui sont révoltés contre la misère morale de notre société,
A ceux qui souhaitent pour ce peuple un avenir radieux.
A tous, nous demandons de fédérer leurs efforts, de mettre en commun leurs énergies et leurs intelligences pour se lever et constituer un grand mouvement, le mouvement pour rebâtir la maison Mali.
Quand la patrie est dans la tourmente, opter pour l’indifférence est condamnable. La place des patriotes n’est pas en dehors mais au centre de l’action. Chacun peut exprimer ses nuances et ses spécificités, tous doivent former un véritable bloc autour de l’essentiel : la volonté partagée de changement. Evitons le piège de la course solitaire. C’est en formant une équipe soudée que nous libérerons notre pays des griffes des prédateurs et que nous gagnerons la bataille de la paix, de la stabilité, de la dignité et de la cohésion nationale.
Avec le mouvement «rebâtir la maison Mali», notre pays sera un pays véritablement démocratique qui met un accent particulier sur la sauvegarde de l’intérêt général, comme garant des intérêts particuliers. Un pays qui opte pour la préservation du capital humain, la sécurité alimentaire et la santé, un pays qui offre une égalité de chance à tous ses enfants, qui assure le plein exercice des libertés individuelles et collectives, un pays qui s’engage résolument dans la voie d’un développement harmonieux et équilibré.