Jamais l’histoire d’un mansa n’aura été si mouvementée, si troublée. Lui qui rêvait sa vie comme un havre de paix, à l’instar d’un pacha, a été littéralement brinquebalé. Il aurait voulu que nos complaintes ne lui parviennent pas aux oreilles, mais elles lui ont cassé les oreilles.
Il aurait souhaité que Karim lèche ses babines sans faire de bruit, mais un glouton ne sait pas le faire. Il voulait que Bouba mange en cachette, mais il avait besoin de sortir pour chercher sa pitance. D’autant qu’être fils de président n’est pas une profession rémunérée. Il aurait voulu que sa douche moitié se tienne à carreau. Ainsi, elle n’aurait pu faire profiter de la «mangeoire» sa parentèle.
Inéluctablement, le quotidien de mon cousin devait être mouvementé. Il ne profite guère de la tranquillité. Puisqu’il entend tous les jours les «si je savais» plaintifs de son peuple.
Cousin d’amour, t’arrive-t-il de visualiser la procession de personnes valides et invalides s’étirant vers les bureaux de vote pour te faire élire ? Penses-tu encore au sentiment fusionnel que tu disais partager avec cette masse électorale ? Cousin d’amour, peux-tu regarder dans les yeux ce vieillard perclus qui s’est rendu aux urnes pour te faire élire ?
Cousin d’amour, te sachant très soin, j’ose imaginer que tu te regardes dans la glace avec beaucoup de fierté. Ça devrait être un rituel pour toi. Mais, le devrais-tu, quand tous les jours apportent leur lot de désillusions, d’humiliations, de morts ?
Emmuré dans l’insolence de ton luxe, je ne suis pas sûr que tu puisses te soucier de la misère de ton peuple. Tout cela est normal, puisque tu nous avais prévenus que tu serais emmené à poser des actes qu’on ne comprendrait pas, que seul Dieu comprendrait, en sus de ta majesté. Hep, le «messie» !
Celui qui a pour philosophie, «Dieu, le Mali, ma conscience», revisitée en «Le Mali d’abord», le «messie», certes en détresse, ne nous laissera pas brûler en enfer. Inch’Allah !
Issiaka SISSOKO