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La radio de Gao, fer de lance de la résistance
Publié le samedi 2 mars 2013  |  AFP


© AFP par DR
La radio communautaire AADAR-Koïma


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GAO (Mali) - Gao, principale ville du Nord du Mali, est aussi celle qui a le plus résisté à la loi imposée, aux coups de fouet ou de cimeterre, pendant dix mois par les rebelles touareg puis par les islamistes armés, portée par une poignée d'animateurs, de techniciens et de directeurs de
radio.

Les ennuis ont commencé, dès la fin mars pour la radio communautaire AADAR-Koïma, quand les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) envahissent la ville. Malick Aliou Maïga, animateur-journaliste, raconte les menaces reçues pour avoir dénoncé leurs pillages et leurs viols.

"Je me suis alors rapproché de mon directeur. Je lui ai dit: +directeur, le
temps est grave, c'est le moment ou jamais.. Si on laisse cette population
sans communication, sans radio, ils vont mourir enterrés. J'ai dit +il faut
qu'on trouve un moyen de parler aux gens. Il faut que les gens sentent qu'on
les écoutent et qu'ils nous écoutent".

"Le directeur m'a dit +c'est risqué mais si tu peux le faire, vas-y+".

Fin juin, sous la domination du Mujao (Mouvement pour l'Unicité et le Jihad
en Afrique de l'Ouest), "on a dû cesser la musique et diffuser des messages
appelant à adhérer aux mouvements religieux", dit Souleima Maïga, directeur
des programmes.

"On s'est rendus compte que leurs grands chefs ne parlaient pas songhaï
(langue locale), On lançait des petits messages, on répétait que le Mali est
indivisible, que cette situation était passagère, on appelait les populations
au calme, à ne pas s'enrôler".

"Plusieurs fois, les jihadistes m'ont proposé une salaire, mais j'ai dit
+Non+. Alors, ils m'ont menacé, par texto".

"On voulait que le monde sache"

Jusqu'au 6 août. "Ce jour-là, ils sont venus ici, avec un avis à la
population appelant à un rassemblement le lendemain sur la +Place de la
Charia+ pour assister aux premières cinq amputations, des jeunes, soit-disant
des voleurs", se souvient Soumaila Maiga.

"On a lu l'avis, mais on a appelé les gens à occuper très tôt le matin la
+place de l'indépendance+ (ainsi nommée avant que les islamistes ne la
rebaptisent) pour que ces envahisseurs n'appliquent pas la charia".

"Le Mujao est venu à la radio, j'ai reçu des coups de fouet, Malik,
l'animateur, a été tabassé dans le studio, ils l'ont ensuite emmené sur un
terrain vague où ils l'ont bastonné".

"Je me suis retrouvé à l'hôpital", se souvient Malik. "On m'a dit que les
gens sont sortis dans la rue, qu'ils manifestaient, c'était une grève
populaire de nuit ! Il y a eu des blessés. C'est seulement quand les gens ont
su que j'étais en vie qu'ils se sont ressaisis".

Le lendemain, dès l'aube, la population de Gao répond à l'appel et se
rassemble en masse, à l'aube, sur la place de l'Indépendance et devant le
commissariat islamique et empêche les amputations.

Ce 7 août, AADAR-Koïma est fermée.

Soumaila Maiga, son directeur Boubacar Touré, et quelques animateurs,
décident alors de continuer la lutte.

"On s'est réparti les tâches", raconte Soumaïla. "On a travaillé pour les
radios étrangères, VOA (Voice of America) RFI, BBC. Notre animateur Oumar
Yacouba filmait en caméra cachée et envoyait les images aux médias
internationaux et à Bamako. On voulait que le monde sache !"

"Nous avons aussi décidé de sensibiliser et d'organiser les jeunes de Gao
afin de faire des brigades de vigilance, et nous avons aussi appelé à des
manifestations", ajoute-t-il.

"Ce n'était pas seulement les jeunes qui sortaient, il y avait aussi des
vieux, des enfants, qui voulaient manifester leur mécontentement, dire +non+ à
l'occupation, appeler les forces armées du Mali à revenir ici pour qu'elles
jouent leur rôle", se souvient Mali.

"Depuis la libération notre combat se poursuit", assure Soumaïla.

La radio diffuse régulièrement "des messages contre les amalgames, les
règlements de comptes et appelle à dénoncer les terroristes et leurs
complices, là où qu'ils se cachent", explique-t-il.

"On a aussi appelé les gens à ramener les biens publics qu'ils
retrouvaient", dit-il en sortant d'un sac un dictaphone, des câbles, des
munitions ou un uniforme.

"On a lancé un avis pour tenter de retrouver la chaise et le fouet
qu'utilisait le Mujao pour les séances de flagellation. C'est symbolique mais
on doit garder ça pour l'avenir, pour que nos enfants sachent..."
alc/mpd

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