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Lassina Kone : “La danse est un moyen d’avancer et de résister au quotidien”
Publié le vendredi 17 fevrier 2017  |  le r
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«Au Mali, si l’Art trouve une place dans le cœur des enfants un jour, les artistes maliens pourront vivre de leur art» ! Telle est la conviction de Lassina Koné, directeur artistique de Don Sen Folo (Premier pas de danse) de Kalaban-Coro Kouloubléni. Danseur, chorégraphe et chercheur, il est l’initiateur du Centr’Art Don Sen Folo. Cet espace dédié aux arts et la culture abrite un stage de danse depuis 3 février (du 3 au 24 février 2017) sur le thème, «Identité-Danse-Racine». Dans l’entretien qu’il a nous accordé, M. Koné nous parle de cette formation, de la danse et des projets du Centr’Art Don Sen Folo ! Interview !





– Le Reflet : Pouvez-vous présentez à nos lecteurs ?

Lassina Koné : Je suis danseur, chorégraphe et chercheur. Je suis également le directeur artistique de “Don Sen Folo” ou premier pas de danse. J’œuvre au développement de la recherche et de la connaissance dans le domaine des danses maliennes, africaines et contemporaines et je le transmets au niveau national et international. J’ai été formé dans un premier temps par Karim Togola du Mali. J’ai ensuite continué ma formation dans d’autres centres comme l’Ecole des sables (Sénégal) et la Termitière (Burkina Faso)…



– Le Reflet : Pouvez-vous nous présenter brièvement votre Centr’Art Don Sen Folo ?

Lassina Koné : J’ai créé le Centr’Art “Don Sen Folo” en 2012 dans mon quartier, à Kalabancoro, à partir de rien. Je veux ainsi offrir un lieu aux artistes et donner un accès à la culture au plus grands nombre en commençant par les habitants de mon propre quartier. Ce lieu est un espace pour tous. Et c’est un lieu qui attend les propositions des artistes dans toutes les disciplines.

– Le Reflet : Cet atelier de danse est-elle la première activité du centre ?

Lassina Koné : C’est le premier gros stage de danse financé par la Coopération suisse et l’Institut français du Mali (IFM) avec le soutien de l’Association Acte Sept. Ce stage se passe sur trois semaines avec 19 stagiaires.

Sinon le centre a déjà reçu beaucoup d’ateliers de formation de courte durée ainsi que des résidences de création et des représentations de spectacles de danse, de théâtre et de marionnettes… Le centre est un lieu qui reçoit aussi des rassemblements culturels organisés par les résidents du quartier.

– Le Reflet : Pourquoi un atelier de danse ?

Lassina Koné : Etant moi-même danseur, les projets de “Don Sen Folo” sont souvent autour de la danse. Hier comme aujourd’hui, la danse est pour moi un moyen d’avancer et de résister au quotidien, danser pour les récoltes, danser pour manifester sa joie, danser pour des commémorations, danser pour la vie, danser encore et toujours pour la vie pour l’éternité. Car la parole est là pour compléter la communication, car les gestes suffisent pour tout. Et l’important, c’est de communiquer, de danser pour vivre la fonction première de l’Humain.

– Le Reflet : Qui participe à cette formation ?

Lassina Koné : Les stagiaires sont des danseurs maliens qui sont engagés dans la danse au niveau professionnel et qui sont déterminés à faire rayonner et à développer la danse dans leurs régions. Deux danseurs ont été sélectionnés dans chaque région. Ils sont formés en danse par Raouf Tchakondo (Togo) et en administration par Agnès Quillet (France)

– Le Reflet : Qu’attendez-vous de cet atelier ?

Lassina Koné : L’atelier se présente en deux parties. Il y a un volet formation en danse et un volet formation administrative.

La formation danse consiste à donner des outils à partir de l’échange sur les danses traditionnelles pour les amener à construire et à travailler sur l’évolution de ces danses pour une écriture contemporaine. L’idée était également de décentraliser la création pour que chacun puisse donner le meilleur de lui-même dans sa région. La formation en administration est là pour leur donner des bases afin de continuer à évoluer dans ce milieu de manière plus structurée.

– Le Reflet : Qui sont vos partenaires dans cette initiative ?

Lassina Koné : La Coopération suisse, l’Institut français du Mali. Nous bénéficions aussi du soutien de l’Association Acte Sept Bamako.

– Le Reflet : Quels sont les projets envisagés par le centre dans les mois à venir ?

Lassina Koné : Le mois prochain, le Centr’Art “Don Sen Folo” accueille une résidence de création pour deux semaines de la compagnie Nama. Il s’agit d’une formation professionnelle avec un danseur français venant se former auprès de ma modeste personne.
Ce même mois, il y aura aussi la réalisation de films sur la danse. Ainsi qu’un projet de court métrage artistique avec des danseurs.

Je prévois aussi une résidence de création pour la création de mon solo intitulé “Do So Baa”. Nous organisons aussi des cours le lundi et le mercredi après-midi pour les danseurs avancés et le samedi après-midi des cours de danse malienne pour tous

-Le Reflet : Quant on regarde les clips africains on a peur parce que la danse n’est plus un art, mais une perversion tournant à la débauche. Comment expliquez-vous cela ?

Lassina Koné : Je pense d’abord qu’il faut éviter de comparer une danse qui dans les clips est là pour divertir un public de télévision et ce que nous faisons nous lorsque nous créons des œuvres artistiques. Et je veux pas jeter la pierre à quelqu’un car ils font ce que l’on attend d’eux et font cela comme ils l’entendent.

Notre démarche est différente. Je suis dans une recherche artistique, on est tous des danseurs mais toute la question est ce que tu fais avec ta danse, ce que tu exprimes et la façon de l’exprimer. Comme le dit si bien Raouf Tchakondo, le formateur danse sur notre stage «La danse que nous faisons va au delà du divertissement». Ici, je crois que tout est dit.

– Le Reflet : Qu’est-ce que des professionnels comme vous doivent faire pour changer la mauvaise image de la danse ?

Lassina Koné : Faire comme ce que nous faisons, c’est-à-dire réaliser des actions de médiation avec le public, inviter les habitants à venir découvrir des formes de création contemporaine. Nous devons œuvrer à faciliter les rencontres entre les habitants, les publics et les artistes pour qu’ils puissent eux-mêmes expliquer leur travail. La communication est la meilleure manière pour que la population africaine consomme la création de leurs artistes africains. Ceux-ci parlent très souvent de leurs difficultés qui sont également des problèmes qui concernent tous les Africains.

– Le Reflet : Un dernier mot ?

Lassina Koné : Des restitutions de cette formation auront lieu ce samedi 17 à 21 h à l’Institut français et le 21 février à 10 h au marché de Kalabancoro (pour aller à la rencontre des publics) et l’après-midi du même jour à 16 h 30 au Centr’Art “Don Sen Folo”. Le 21 février à 21 h, nous présenterons la création “On ne coupe pas”, le dernier solo du danseur chorégraphe Alou Cissé dit Zol de la compagnie “Graines de danseurs” de Bamako. Ce spectacle sera suivi d’un conte du conteur Salif Berthé de la compagnie Sac à paroles du Mali.

Propos recueillis par

Moussa Bolly
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