La promotion de l’enseignement technique et l’avenir des élèves formés par les écoles professionnelles du pays figurent parmi les grandes priorités de la direction de l’Institut de Formation professionnelle et industrielle de Kayes (IFPI). Soucieux de l’insertion socioprofessionnelle des diplômés de son établissement, la direction générale de l’IFPI-Kayes, en partenariat avec la direction régionale de l’Agence nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) a organisé le 10 février dernier une conférence-débat sur le thème : « La Problématique de l’emploi des jeunes ». Cette conférence qui a été co-présidée par Ie directeur général de l’IFPI de Kayes, Adama Cissé, et le directeur régional de l’ANPE, Amadou Nouhoum Coulibaly, s’est déroulée dans le hall dudit établissement.
« Le choix de notre école par l’ANPE pour abriter cette conférence n’est pas fortuit et nous réconforte. En plus de notre mission traditionnelle de formation, nous oeuvrons dans le cadre de l’insertion des jeunes à travers des stages pratiques suivis d’embauche dans les entreprises. C’est pourquoi, nous avons entrepris des démarches auprès de l’ANPE pour l’organisation de cet événement », a expliqué le directeur général de l’IFPI de Kayes.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, le directeur régional Amadou Nouhoum Coulibaly a retracé le contexte en ces termes : « Il s’agit du développement du Mali. Qui parle de développement, parle d’école », a-t-il souligné.
L’exposé du directeur régional de l’ANPE s’articulait autour de trois parties : le chômage, les solutions et les missions de son agence.
Amadou Nouhoum Coulibaly a rappelé que le Mali a connu le chômage « massif » des jeunes en 1983 avec l’instauration du concours d’entrée dans la fonction publique suite aux injonctions des partenaires techniques et financiers, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). « Le régime du général Moussa Traoré a eu toutes les difficultés pour payer régulièrement les salaires des fonctionnaires. Certains travailleurs attendaient trois à six mois pour percevoir leurs soldes. Compte tenu de ces difficultés, le gouvernement a pris contact avec les bailleurs de fonds qui ont préconisé des solutions, dont la suppression du recrutement direct dans la fonction publique, la privatisation des sociétés et entreprises d’Etat », a-il- souligné. Selon lui, le FMI et la BM ont demandé à l’Etat de jouer le rôle d’arbitre en matière de commerce. Or, d’après le conférencier, le privé a pour souci de réduire son personnel pour augmenter ses revenus. Cette situation a entraîné la compression au niveau des sociétés et entreprises d’Etat, dont la SOMIEX et la retraite anticipée au niveau de la fonction publique.
«Le marché est rempli de chômeurs. Les écoles ne font que former pour former des chômeurs car, l’Etat ne peut plus recruter tout le monde à cause de ses maigres ressources », a déploré le directeur régional de l’ANPE.
Parmi les autres causes du chômage des jeunes, le conférencier a cité l’inadéquation entre la formation et l’emploi. « Est-ce que nous formons à la demande et aux besoins des entreprises », s’est interrogé Amadou Nouhoum Coulibaly. Il a attiré l’attention de l’assistance sur le fait que chaque année, les écoles formaient des gens (ex : anthropologues, psychologues) dans des domaines sans tenir compte des réalités du marché de l’emploi qui est sérieusement affecté au plan international par la crise économique internationale et au plan national par la crise sécuritaire et politique de 2012.
En évoquant le manque de qualification et de niveau, le conférencier a indiqué que l’enseignement au Mali est plutôt général et théorique que pratique. « Les jeunes ont besoin d’aller faire des stages dans les entreprises pour avoir de l’expérience », a-t-il estimé. Pour lui, le chômage est aussi dû au fait que certains jeunes refusent de travailler dans des zones rurales pour des raisons de commodité et d’autres détestent l’auto-emploi ou l’entrepreneuriat. Il a aussi décrié le problème de financement, l’absence d’alternatives en cas d’exclusion des élèves, l ’insuffisance d’industries de transformation, notamment des produits agricoles et artisanaux et le manque d’investissements des opérateurs économiques.
Parmi les solutions, le conférencier a proposé la promotion de l’enseignement technique et professionnel, le développement de l’agrobusiness (maraîchage, arboriculture, pisciculture, aviculture, embouche), la relance de l’industrie manufacturière des biens de consommation pour rebâtir des perspectives de croissance, la valorisation de la culture, des arts, de l’industrie sportive et des nouvelles technologies de la communication.