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Graine de vérité : Le camouflet
Publié le lundi 20 fevrier 2017  |  Le sursaut
Conseil
© aBamako.com par A.S
Conseil des ministres du mercredi 30 septembre 2015
Bamako, le 30 septembre 2015 le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita a présidé le conseil des ministres du mercredi a Koulouba
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Inédit dans les annales d’un Etat digne de ce nom : une poignée de séparatistes s’opposent à l’exécution d’une décision prise en Conseil de ministres. Une poignée ! Combien sont-ils au juste ? Que représentent-ils ?

Des questions qui, depuis que cette situation à la fois inadmissible et intolérable dure, auraient dû être posées et qui ne l’ont jamais été.

Une très mauvaise lecture d’un texte, de l’annexe d’un texte, a inspiré un acte contraire à toute pratique de la démocratie. L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a retenu, dans une de ses annexes, l’observation d’une période intérimaire pour sa mise en œuvre. A la place de « période intérimaire », nos gouvernants ont compris « autorités intérimaires ». Du coup, ils se sont lancés dans des négociations pour trouver la formule permettant d’installer ces « autorités ». Et voilà qu’un texte sorti d’on ne sait où précise ce que sont ces autorités et leur attribue des prérogatives que ne possède pas le président de la République.

Jusque là, tout donne satisfaction. Les nouvelles autorités ne seront pas élues, mais nommées, sur une base consensuelle. L’Etat accepte de « se déculotter » pour donner satisfaction à une infime minorité de la composante nationale, de partager ses prérogatives avec des citoyens qui se sont arrogé le droit de parler à la place de toute communauté.

Que donne le consensus ? Un résultat à faire tomber en syncope tout patriote : « Nous avons discuté et nous nous sommes compris. La CMA a obtenu Tombouctou. La Plateforme a obtenu Gao. Pour Kidal, le gouvernement va désigner un gouverneur. Pour Ménaka et Taoudéni, les négociations continuent. »

Le chef de la diplomatie algérienne ne s’y trompe pas. Il vient de remporter, en sa qualité de chef de file de la médiation internationale, un bon succès et ne manque pas de s’en réjouir publiquement, déclarant que les groupes armés et le gouvernement sont parvenus à se mettre d’accord sur le partage des régions du Nord. Partage qu’il appelle de tous ses vœux : le Maroc a récupéré le Sahara Occidental ; l’Algérie serait fière de prolonger le Hoggar jusqu’à l’Adagh, invitant, par la même occasion, la Mauritanie à prolonger le Hodh jusqu’aux rives du Niger.

Ainsi, un premier partage est consommé. Il préfigure, si l’on y prenne garde, le désastre, le naufrage de la nation. Le Nord est partagé. Le Centre est soumis à l’autorité de personnes qui n’ont rien de républicain. La mise en place des autorités intérimaires ouvre la voie, à n’en pas douter, à la partition du pays. Le jeu est subtil, il ne manque pas d’être suffisamment clair, sauf pour ceux-là qui nous gouvernent et qui ignorent qu’à trop courir derrière la paix, on perd la guerre.

Agissons pour ne pas en arriver là. En attendant, le camouflet subi samedi dernier en dit long sur la déliquescence de l’Etat : Kidal allait retourner à la Mère-Patrie. Une poignée d’hommes en a décidé autrement. Peut-être pourra-t-on, comme en démocratie où l’information du peuple est une obligation, nous dire ce qui justifie cet échec.

L’Accord retient le principe d’une période intérimaire. Ne peut-on trouver un contenu à donner à cette expression qui ne mette en péril les intérêts supérieurs de la Nation ?

Diaoulèn Karamoko Diarra
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