La démarche ‘’inclusive’’ entre les parties signataires pour la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali a connu une avancée le week-end dernier. De commun accord, des hommes ont été désignés pour la gestion des régions du nord. Gao, Tombouctou, Kidal… La mise en place de ces autorités intérimaires tant annoncées avait du mal à se matérialiser.
Les groupes armés pro gouvernement (Plateforme) et ex- rebelles (CMA), chacun se positionnait afin d’avoir la mainmise sur les zones stratégiques du septentrion. Plateforme à Gao, CMA à Tombouctou, Etat malien à Kidal, l’entente de gestion n’a produit qu’une courte lueur d’espoir. Vendredi soir, le gouvernement malien, lors du conseil des ministres spécial a procédé à la nomination du gouverneur de Kidal, un homme proche du GATIA, groupe pro gouvernement commandé par le Général Gamou. La décision gouvernementale, comme un coup de tonnerre, a choqué les ex- rebelles de la CMA.
Elle est intervenue à la veille de la cérémonie d’investiture du Président régional de Kidal H. FAGAGA cet homme aux paluches ensanglantées de sangs d’innocents maliens. Samedi matin, la cérémonie est annulée ; une rencontre d’urgence s’est tenue dans la capitale malienne pour décanter la situation. Cette nouvelle menace de la CMA à quitter la table de la paix est révélatrice. La CMA veut toujours rester maître absolu de Kidal, c’est la seule hypothèse rationnelle après cet agissement.
Pourquoi ne s’est-elle pas opposée à la nomination de FAFAGA mais à celle d’un homme proche du Gatia. FAGAGA est l’un des acteurs clés de la vie infernale instaurée au nord du Mali, donc un des pères de la rébellion ; l’actuel Gouverneur de Kidal est sensé proche du Gatia du Général Gamou, un homme grâce à qui les rebelles n’ont pas pu atteindre leurs desseins sordides. Les rebelles voient en ce gouverneur, un obstacle posé par l’Etat malien pour empêcher la paralysie chronique à laquelle ils s’emploient pour des intérêts particuliers.
Le Gouvernement échappe de justesse à sa propre pendaison. Le fait d’être responsable de la gestion de Kidal était une décision qui allait embraser davantage la crise et mettre tout droit et sans difficulté le Mali vers la partition. Sans son armée et sans l’administration, comment l’Etat malien allait gérer cette zone en proie, écumée par les présences des terroristes, djihadistes et membres de la CMA ? Ces derniers, une fois les autorités installées, allaient profiter pour commettre davantage de forfaitures et accuser par la suite l’Etat malien d’incapacité à sécuriser la zone sous son contrôle. Et partant de ce constat, ils allaient réclamer un autre mode de gestion : l’autonomie ou l’indépendance à ne pas exclure !
Aujourd’hui avec cette décision d’IBK et son gouvernement de placer un homme de confiance en ce lieu, c’est comme si le Mali prenait en otage la CMA placée (Tombouctou) entre les deux régions. Donc, elle ne pourrait pas mettre en œuvre ses actions déstabilisatrices sans se buter à la présence des vrais amis de la République du Mali (La plateforme).
Un piège, pas le moindre, vient d’être déjoué au bénéfice de la mise en œuvre de l’accord pour un Mali de paix.
Kidal, l’épilogue ? Pas certain pour le moment, au regard de la tension qui règne déjà à Tombouctou et Gao opposées aux autorités intérimaires. L’Etat doit faire face à cette résistance car sans le soutien de ces deux villes, il serait utopique de voir Kidal définitivement dans le giron malien.
Boubacar Yalkoué