‘’…Pour ma part, président élu d’un peuple qui a souffert, qui est depuis plusieurs décennies dans l’attente d’un mieux-être, je veux être celui qui apporte l’espérance, pas un marchand d’illusions, mais celui avec qui on commence à croire que les choses peuvent changer, que les actes vont enfin suivre les paroles. Je ne suis pas un Père de la nation. Hommage aux Pères de notre nation qui ont contribué à l’éveil de la conscience politique, et qui nous ont conduits à l’indépendance. Je ne suis qu’un fils parmi les fils, appelé à jouer aujourd’hui un rôle d’ainé sans être le plus âgé. J’ai besoin de l’aide de tous, pères, mères, frères et sœurs, fils et filles, puisque rien ne pourra réduire tous ces liens sociaux qui devront fonctionner à côté des responsabilités nouvelles. Je sais notre peuple capable de grandes choses, pour autant qu’il vive réconcilié avec le tissu de valeurs qui a fait sa trace dans l’histoire. Ce sont le travail et la solidarité, une certaine créativité sociale qui nous permettaient de produire des équilibres actifs entre les perspectives individuelles et les destinées collectives. Ce sont la dignité, le sens des engagements passés et de la responsabilité.
Je veux être l’opérateur de cette réconciliation.
Elle a besoin pour ce faire et je m’y emploierai, résolument que se renforcent les institutions démocratiques qui garantiront la participation de tous à l’élaboration de la loi, qu’un Etat de droit assure ; que cette loi vienne à s’appliquer à tous, et que se forme une active politique d’intégration sociale et nationale.
Une de nos priorités sera d’assurer la paix sociale et de garantir la stabilité.
Il est indispensable que l’autorité de l’Etat soit affirmée, contrôlée et acceptée par tous. Nous veillerons à ce que les lois soient connues de tous et que nul ne soit au-dessus des lois.
Je veillerai scrupuleusement au respect de la Constitution, à la séparation des pouvoirs, à la liberté indispensable des moyens de communication.’’
Alpha Oumar Konaré Président de la République (8 Juin 2002)
Mes chers compatriotes,
‘’Vous avez accepté de confier les plus hautes responsabilités nationales à moi, « le fils d’un maître d’école et d’une ménagère », venu à vous les mains vides. Toutes ces années, vous m’avez accompagné, vous m’avez tant donné.
Toutes ces années, vous avez fait de moi tantôt un esclave, un cordonnier, un forgeron, un griot, un noble. J’ai accepté d’être tout cela parce que tout cela est en vous, en nous.
Vous avez fait de moi un catholique, un protestant, un musulman, voire un athée. Je suis devenu tout cela parce que tout cela est de vous. Vous avec fait de moi tantôt un Songhaï, un Bamanan, un Foulbé, un Dogon, un Tamasheq, un Soninké, un Sénoufo, un Maure, un Minianka, un Bobo, un Bozo, etc. Je suis tout cela en effet.
Vous m’avez fait naître à Diéma, à Tombouctou, à Bamako, à Kayes, à Djenné…J’ai accepté tout cela parce que c’est de tous ces lieux, de toutes ces différences qu’est fait notre pays, ce pays de toutes les couleurs, le Mali si uni, si divers, si pluriel.
Quel bonheur, quel honneur, de l’incarner, mes chers compatriotes ! Vous m’avez dit, vous m’avez appris que pour être au-devant chez nous, on doit pouvoir accepter d’être traité de tout, d’entendre tout. C’est pourquoi j’ai fait miennes, depuis le début, ces phrases du poète :
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,