Le tronçon Gao-Bourem est devenu depuis quelques temps un corridor mortellement infranchissable pour les voyageurs de ces villes, avec la fréquence de cambriolages, d’extorsions de biens et d’enlèvements de véhicules. Aucun usager n’est à l’abri, mais les proportions prises par les rivalités politiques dans le Cercle de Bourem font de certains des cibles choisies. C’est le cas de la députée Haidara Aïssata Cissé “Chato”. En effet, après l’impitoyable guère déclenchée contre ses proches collaborateurs – y compris par des tentatives d’assassinat – l’adversité semble peu à peu se transporter sur le terrain des intérêts économiques. De sources concordantes, en tout cas, les manœuvres vont bon train pour asphyxier économiquement la redoutable élue et se traduisent notamment par une expropriation à un rythme jamais égalée contre une seule et même personne. En moins d’une semaine, en effet, au moins trois véhicules appartenant à la famille de la célèbre députée de Bourem ont été interceptés sur la route de Gao et retirés de force à leurs occupants.
Exploités à des fins commerciales par ses parents du terroir, les engins sont souvent sollicités par l’administration ainsi que par une clientèle privée qui y ont recours pour leurs besoins en logistique. Leur location rapporte par conséquent des revenus et fait ainsi de la famille de Chato une concurrente redoutable et sérieuse d’adversaires politiques évoluant auxquels la même activité rapporte de la fortune. C’est à eux d’ailleurs que nombre d’observateurs imputent les persécutions et la guerre économique livrée aux proches Mme Haidara avec d’énormes conséquences sur la population urbaine de Bourem. Cette dernière étant totalement sevrée de véhicules qui servent souvent de moyens de transport gratuit pour les besoins sociaux les plus urgents.
Taxés de narcotrafiquants par les citadins, les auteurs présumés des enlèvements, explique-t-on, agissent en intelligence avec des complices tapis dans la ville. Ils pointent du doigt notamment un célèbre et sulfureux habitant de la ville connu sous le nom d’Ibrahim Bella. C’est lui aussi, confient nos sources, qui aurait la sale besogne de filer les mouvements des véhicules et de donner des indications sur leur position aux ravisseurs. Si les soupçons et accusations convergents massivement vers sa personne c’est aussi parce qu’il est connu comme homme de main d’un grand manitou de la place qui a souvent recours à ses services pour faire ombrage à ses potentiels adversaires politiques.
Le hic est qu’en dépit de tous les indices, l’intéressé n’est inquiété par la moindre enquête policière pour déterminer ses liens avec la terreur qui règne dans la zone et affecte les honnêtes citoyens.