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Les recettes du parc national du Mali ne couvrent "absolument pas" ses charges (responsable, INTERVIEW)
Publié le mardi 21 fevrier 2017  |  Alerte-info
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© L’Essor par DR
Parc National du Mali à Bamako
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Les recettes engrangées par le parc national du Mali, qui a accueilli en 2016 un peu moins de 500 personnes par jour en moyenne, ne couvrent "absolument pas" ses charges, a indiqué lundi Assitan Diakon, la directrice marketing et commerciale de l’établissement, lors d’une interview accordée à ALERTE INFO.

Assitan Diakon, DCM du parc national

Depuis quand le parc national du Mali est-il ouvert ? Et quelle en est la superficie ?
Le réaménagement à partir de 2008 du parc national (et aussi le zoo, gérés tous deux par la même structure) est le fruit d’un partenariat public-privé entre l’Etat malien et la branche culturelle du réseau Aga Khan.
En 2010, à l’occasion du Cinquantenaire de l’indépendance du pays, on a inauguré le parc national et en juin 2013, le zoo. Le réseau Aga Khan a obtenu de l’Etat 103 hectares pour réaménagement. A ce jour, 17 hectares ont été réaménagés pour le parc et six au niveau du zoo.

Que propose le parc national du Mali aux visiteurs ?
Le parc et le zoo ont trois missions : éducative, récréative et sociale et assurer la conservation de la faune et de la flore
Au parc, il y a un parcours sportif, des aires de jeux pour enfants, des espaces verts, un jardin médicinal, des espaces aménagés pour des événements, un salon de thé, un restaurant VIP (pour les événements d’une certaine envergure), et d’autres points de restauration dont un snack. On envisage de créer une pépinière qui sera un conservatoire de la flore.
Le parc national du Mali est d’un certain standing qui lui permet de recevoir également des personnalités. On a par exemple déjà reçu le prince Karim Aga Khan IV, le prince de Monaco. En 2014, plusieurs chefs d’Etat de la sous-région sont venus avec leurs épouses. En 2016, l’ex président allemand Joachim Gauck.
Par ailleurs, le parc abrite des espèces végétales assez rares (endémique au Mali ou à l’Afrique), qui sont même en voie de disparition.

Quels sont vos jours et horaires d’ouverture ?
Nous sommes ouverts tous les jours de 9 à 21H. L’accès au parc est payant. Les adultes maliens paient 500 FCFA, les enfants maliens, 300 FCFA. Mais actuellement, en raison de notre rôle éducatif et pour inciter les enfants de trois à 11 ans à venir, on leur fait l’entrée à 150 FCFA.

Combien de personnes avez-vous accueilli en 2016 ? Et quelles sont les périodes d’affluence ?

En 2016, on a accueilli un peu moins de 500 personnes par jour. Depuis 2012, compte tenue de la situation sécuritaire et socioéconomique du pays, le nombre d’entrée a beaucoup chuté.
Le tourisme a vraiment pris un coup au Mali. Le parc était beaucoup sollicité par les étrangers. Les périodes d’affluence, c’est pendant les vacances scolaires ou pour les sorties scolaires.
Malheureusement, ce ne sont pas toutes les écoles qui peuvent organiser des sorties, faute de moyens de transport. Au niveau du zoo par exemple, on donne même des pass annuels pour permettre aux scolaires de venir en profiter, mais on arrive difficilement à drainer du monde, malgré cela.

Quel a été l’impact du Sommet Afrique-France qui s’est récemment tenu à Bamako, sur la fréquentation du parc ?
On a la chance ou la malchance d’être sur la voie qui mène à Koulouba (au palais présidentiel). Cela à ses avantages et ses inconvénients.
Les retombées positives du Sommet, nous n’en avons pas vues, honnêtement, dans la mesure où les gens ne sont pas sortis, tous les chemins étant bloqués.

Les recettes que vous engrangez couvrent-elles vos charges ?
Malheureusement non, les recettes ne permettent pas de couvrir nos dépenses.
Le Parc National du Mali est une société à but non lucratif qui doit s’autofinancer mais son bon fonctionnement, son développement et sa réussite demandent des sommes importantes qui malheureusement ne peuvent être couvertes uniquement par les tarifs d’entrée.

A combien s’élève les recettes que vous engrangez par an ?
Le compte est vite fait, quand on multiplie 500, le plus gros chiffre que nous faisons, par le nombre de jours.
Si nous devions être en équilibre recettes-dépenses, il faudrait que nous fassions un minimum de 45 millions voir 50 par mois. Chose dont nous sommes assez loin.
C’est vrai qu’il y a les points de restauration mais vous êtes d’accord avec moi qu’ils marchent avec le ticketing. Aussi, on n’impose pas non plus notre restauration au public (qui peut librement venir pique-niquer). Parfois le parc est rempli, d’enfants en général, mais quand vous avez 2.000 gamins à l’intérieur cela ne signifie pas forcément que 2.000 gamins sont en train de profiter de notre restauration.

Si vos recettes propres ne permettent pas de faire face à vos charges, d’où viennent éventuellement les fonds complémentaires ?
On se tourne vers des partenaires, des sponsors, vers tous ceux qui sont sensibles à cet espace qui est le poumon de Bamako. Ce n’est pas forcément pour espérer obtenir d’eux de l’argent, mais une aide de toute nature.

Devant ce manque à gagner pour couvrir vos charges, vous réfléchissez sans doute à des pistes de solution.
Oui, on y réfléchit. Il faut comprendre que la situation est aussi culturelle. Les enfants sont habitués à venir avec leur gouter, s’asseoir sous un arbre et manger. On va probablement devoir penser à des kits du genre.
Il y a une nouvelle équipe qui s’installe cette année. Il y a beaucoup de choses qu’on est venue trouver, qu’il faut qu’on change. Il y a un nouveau système, une nouvelle organisation qu’il va falloir mettre en place. Le parc à quand même 7 ans, les choses ont évolué, il a besoin d’un nouveau souffle pour être beaucoup plus accrocheur, plus attirant.
On a un public de tout âge, on doit pouvoir leur proposer des types de produits ou services adaptés. Chacun doit pouvoir trouver son compte.

Il se dit qu’une certaine dégradation des mœurs est de plus en plus manifeste au parc, que certains viendraient pour s’adonner à des choses peu recommandables. Avez-vous fait ce constat ?
Au niveau du parc, nous avons des règles qui sont clairement affichées, qui disent ce qu’on est en droit ou pas de faire. Il est du rôle de chacun de les respecter. Il est également du nôtre de les faire respecter.
Si on constate que ces règles ne sont pas respectées, on prend les dispositions idoines pour y mettre un terme.

RKO
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