Le ministre de la Culture, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo, a procédé hier après-midi à l’ouverture officielle de la 7è édition de la Rentrée littéraire.
C’était au Musée national, en présence de Barthélémy Togo, ministre de l’Education nationale, de Amadou Koïta, ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, des écrivains, des élèves et étudiants et, bien sûr, des invités venus d’Afrique et d’Europe.
Le thème retenu, cette année, est “Renouveler le monde”. Il sera décliné à travers plusieurs sous-thèmes qui seront débattus au cours de cafés littéraires, de tables rondes, conférences, spectacles, expositions dans de nombreux endroits de la ville de Bamako. La Rentrée littéraire prendra fin, samedi 25 février, par une soirée de remise de prix littéraires 2017 à l’Institut français du Mali.
Evoquant le thème de cette 7è édition, le ministre de la Culture, a souhaité la bienvenue aux hôtes et distingués invités de la Rentrée littéraire « sur la terre africaine du Mali, carrefour de brassage et d’intégration par excellence », dans un monde qui, a-t-elle ajouté, « prend malheureusement goût aux vicissitudes politiques qui prônent un nationalisme exacerbé, appelant à une fermeture des frontières sous d’autres cieux ».
Pour elle, “Si le Mali était un livre, il serait sans doute le meilleur hymne aux vertus de l’hospitalité et du dialogue interculturel”. Le ministre fait le pari, ici à Bamako, de “Renouveler le monde” par le biais de la littérature. Ce n’est pas un pari fou quand on sait que la littérature est une discipline universelle qui participe, selon ses méthodes et ses moyens propres, à l’émancipation et à l’épanouissement intellectuels de l’homme. Elle a acquis droit de cité dans un monde qui a besoin d’élargir ses horizons. La littérature fait partie, en effet, des formes de représentations qui contribuent à forger l’identité d’une société, à en façonner le visage. Elle offre des créneaux inédits pour alimenter la réflexion sur l’évolution du monde. Il serait intéressant, par conséquent, de cerner son apport spécifique au renouvellement des représentations du monde.
La mobilisation internationale autour de la littérature africaine revêt une signification symbolique, puisqu’elle met en exergue la contribution de l’Afrique au renouvellement de la conscience collective. En dépit de la polémique qui agite périodiquement les cercles littéraires, les écrivains africains tentent de se frayer leur propre chemin, en se dédiant pleinement à un travail fécond d’imagination et de créativité. Paraphrasant Cheikh Hamidou Kane, le célèbre romancier sénégalais, Mme Ndiaye se demande si « l’ère des destinées singulières n’est pas révolue » ?
Les initiateurs de la Rentrée littéraire ont compris tout ce que la littérature africaine peut apporter en termes d’expériences humaines et de visions du monde. Elle repose, en l’occurrence, sur un projet qui vise à explorer la connaissance de l’homme et de la société, à travers la création littéraire. Les écrivains accomplissent un travail fantastique dont il convient de mesurer la portée et les enjeux. Sous leurs plumes, c’est la reconfiguration du monde qui se donne à lire, une reconfiguration qui déchire le masque des idées reçues, remet en question les stéréotypes et les clichés, affranchit le lecteur des conformismes stériles, déconstruit et reconstruit les mythes, ouvre enfin de nouvelles perspectives pour le progrès et le développement.
C’est dans cette optique que la présente édition a été conçue. Elle offre certainement l’opportunité de cerner l’impact et les limites du travail remarquable auquel se livrent nos écrivains. Depuis sa création, la Rentrée littéraire s’efforce d’accomplir un travail de proximité, en créant des passerelles entre les auteurs et le public.
Elle a permis, au fil des rencontres, de créer régulièrement des espaces féconds d’échanges et de discussion sur la production littéraire en Afrique.
D’une édition à l’autre, les littératures francophones d’Afrique sont devenues un terrain propice à l’expression de la diversité artistique et culturelle. Aujourd’hui, le défi serait de faire de ce rendez-vous de la littérature, un tremplin pour l’éducation de notre jeunesse.
Il est question ici de cette sorte d’éducation qui allie le savoir au savoir-être.
Pour Alain Holleville, ambassadeur de l’Union Européenne au Mali, la Rentrée littéraire trouve, naturellement, toute sa place dans la relation entre son organisation et notre pays, y compris à travers sa coopération bien connue.
Y. DOUMBIA