Alors que la communauté internationale est en train de se repositionner dans la crise libyenne, le gouvernement malien n’arrive toujours pas à se démarquer du camp des milices. C’est du moins l’analyse du député Oumar Mariko, de retour d’une mission dans le pays de Mouammar Kadhafi, ex-guide de la Jamahiriya libyenne.
Benghazi, Darnah, Al Bayda, etc. Telles sont des localités libyennes que le député Oumar Mariko, à la tête d’une délégation constituée essentiellement de parlementaires maliens, a visitées du 5 au 11 février 2017. De retour de cette mission qui a déposé un rapport auprès de l’Assemblée nationale du Mali, Dr Mariko a bien voulu partager ses impressions avec la presse malienne au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le mardi 21 février, au siège de son parti, à Djelibougou. Ainsi, le conférencier est longuement revenu sur les péripéties de cette mission dont le but était de s’enquérir de la situation qui prévaut en Libye dont sa délégation a rencontré les autorités, ainsi que les conditions dans lesquelles vivent les Maliens y résidant. Au regard de ce qu’il a vu et entendu, le député se dit convaincu que La Libye et le Mali vivent des situations identiques en ce que dans l’un ou l’autre pays, l’Etat n’exerce pas sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national. Aussi, la Jamahiriya libyenne et notre pays sont-ils presque contrôlés par la communauté internationale et ils sont tous en passe de reconstruire leurs armées. Oumar Mariko a ensuite déploré le fait que les migrants maliens en Libye restent otages des bandes armées qui se partagent Tripoli, la capitale, qui reste sous le contrôle de 7 milices. «Nous estimons que le Mali et la Libye ont intérêt à collaborer pour le retour de la paix et de la sécurité, parce que tous les mouvements terroristes qui se trouvent en République du Mali ont leurs nids en Libye. La Libye que nous avons vue va régler très rapidement son problème. Mais si cette Libye gagne alors que le Mali est à la traine, ce qui risque de se passer, c’est que les terroristes vont se déporter sur le Niger et vers le Mali. Ce qui va davantage compliquer la situation dans notre pays », a analysé le président de Sadi. Pour parvenir à cette collaboration entre Tripoli et Bamako, il estime que les autorités maliennes doivent avoir un certain respect vis-à-vis de celles libyennes, notamment le parlement « légitime et légal », ainsi que le gouvernement que celui-ci a eu à mettre en place.
Selon le conférencier, la vision des autorités maliennes reste « extrêmement faible » par rapport à la situation libyenne. Tout comme la communauté internationale, le Mali, par sa politique, est, de l’avis de M. Mariko, du côté des milices. Mais, à la différence de notre pays, la communauté internationale est en train de se repositionner, alors que le gouvernement malien reste, dit-il, à la traine. « Le Mali qui croit au discours officiel de la communauté internationale ne joue pas la carte de ses intérêts nationaux. Ces intérêts sont la sécurité et la paix», accuse l’élu de Kolondièba pour qui la résolution de la crise malienne passe par la Libye.
Oumar Mariko a par ailleurs expliqué que si sa mission ne s’est pas rendue à Tripoli, c’est à cause de l’insécurité qui y règne. A preuve, il n’y a que 15 ambassades, dont 7 africaines, qui y sont ouvertes. Toutes les autres représentations diplomatiques ont pris leur quartier général en Tunisie, et elles font la navette entre Tunis et la capitale libyenne. Ainsi, Mariko et sa délégation n’avaient pu échanger avec l’ambassadeur du Mali en Libye que par téléphone.
Il importe de rappeler que ladite mission était composée de 2 députés de l’ADP-Maliba, un de l’Adema-Pasj, un du RPM, un de Sadi et un cadre du Pids.