Les tentatives d’adoption de l’outillage agricole au Mali et dans la sous-région, montrent les limites et dysfonctionnements des structures de fabrication et de commercialisation, dans l’essentiel, jusque-là laissées aux seuls acteurs du marché: agriculteurs, artisans, petites et moyennes entreprises/industries. Dire que nos champs familiaux sont encore dans un état de vétusté criard: 70% de nos champs traditionnels sont encore cultivés, labourés et entretenus avec du petit matériel agricole à traction animale pour les plus «modernes»…Voyons voir comment cet état de fait a une incidence nette dans la précarité de la situation alimentaire et nutritionnelle malienne et africaine en général…
Saviez-vous que le petit outillage agricole actuel en Afrique sub-saharienne (daba, houe, hilaire…) est vieux de plusieurs siècles, depuis leur conception initiale? Malgré les exigences nouvelles d’une agriculture adaptative, au changement climatique, aux habitudes de consommation urbanisées, aux forces du marché, bref à tout cet environnement évolutif et dynamique à la fois?
Et pourtant au Mali j’ai rencontré des génies d’artisans qui ont l’expertise avérée de concevoir entre autres, des machines de transformation de fonio, de battage (allégeant le travail pénible des femmes)…des artisans sages, calmes et silencieux, car n’étant pas doublés de compétences marketing pour vendre et se vendre…
A ceux-là et bien d’autres acteurs intéressés à la mécanisation agricole, la plateforme du WAAPP-PPAAO a vu le jour suivant ces quelques lignes directrices pour:
La définition des stratégies et modalités de développement d’une expertise locale en vue de normaliser les fabrications, évitant ainsi la multiplicité redondante des modèles de technologie.
L’identification d’artisans bien équipés et qui seraient en mesure de produire des équipements agricoles normalisés répondant aux besoins et aux possibilités des agriculteurs.
L’identification d’exemples de technologies réussies (ex. semoir motorisé ….) et déterminer ainsi dans quelle mesure la fabrication de tels outils pourrait être améliorée et étendue aux agriculteurs.
Servir d’interface entre la demande et l’offre de machinisme agricole pour la production, et la maintenance des équipements agricoles.
L'amélioration et la rentabilisation de cette chaine de valeur dépendra de la capacité d’anticipation ainsi que de la dynamique des structures, du choix des modèles d'équipements proposés aux agriculteurs et de leur adaptation à la fabrication locale. C’est exactement ce que le WAAPP-PPAAO Mali a tôt compris au point d’en convenir d’une plateforme mécanisation dont l’atelier de Banankoro tenu les 23, 24 et 25 Août 2016 marquait le lancement officiel.
Au Mali comme dans toutes les autres contrées fortement dépendantes de l’agriculture, la productivité par hectare est tributaire du niveau de mécanisation à l’usage. Jusqu’en 2007, le taux moyen national d’équipement en culture attelée est estimé 35 % avec une forte concentration dans les zones d’encadrement dense (CMDT, 47 % à Sikasso et ON, 36 % à Ségou). Pour les autres régions, ce taux varie entre 2.5 et 4 %. En regroupant les acteurs de la mécanisation, les artisans, les commerçants, producteurs, la recherche et les partenaires au développement impliqués à ce stage de la productivité agricole, le WAAPP-PPAAO Mali venait ainsi de relever le défi de l’harmonisation de l’offre de mécanisation agricole au Mali. D’où la nécessité de traiter ces aspects de coordination, d’évaluation, d’adaptation, d’entretien, de marketing et de transfert de technologie, comme des fonctions complémentaires du rôle de la plateforme de mécanisation qui venait ainsi d’être mise sur orbite.
Au moyen d’activités de vulgarisations de proximité, l’intérêt grandissant d’autres partenaires est appelé à mieux asseoir le profil communautaire de la plateforme, voire de centre d’excellence.
M.Demba Ndiaye
Consultant IEC ComDev PPAAO-WAAPP Mali
E-mail: demba@comengip.org