La semaine dernière, la Fondation pour le Développement au Sahel (FDS) a conjointement organisé avec Oxfam, un atelier de renforcement des capacités des médias. Thème : «la gouvernance des ressources minérales au Mali ». Une cinquantaine de journalistes de la presse publique, privé et de la presse internationale, ont pris part à la rencontre placée sous la présidence de M. Alexis Dembélé, secrétaire général du ministère des mines.
Avec une production moyenne annuelle de 47 tonnes d’or, 8 mines en exploitation, le Mali figure en bonne place parmi les pays africains qui ont un sous-sol très riche en ressources minérales. Dans le secteur de la production aurifère, notre pays est classé quatrième producteur en Afrique, après l’Afrique du Sud, le Ghana et la Tanzanie. Avec 70% des exportations et 8% du produit intérieur brut (Pib), le poids économique de l’or dans l’économie malienne, ne fait l’ombre d’aucun doute. Selon les statistiques, en 2014, le métal jaune a apporté 205, 666 milliards de FCFA à l’économie nationale. Et tout indique le Mali peut encore tirer plus de son or. Certaines sources crédibles révèlent que les réserves du Mali en or sont loin d’être épuisées. Il y a deux ans, dans un document qu’elle a publié, en 2015, la Banque Mondiale estimait, entre 50 et 600 tonnes d’or les réserves prouvées dans notre pays où plusieurs permis, 23 plus exactement ont été attribués par l’Etat. Mais, on le sait, le potentiel minier malien va au-delà de l’or. Des recherches effectuées dans le secteur extractif ont, en effet, mis en évidence la grande diversité et l’extraordinaire richesse du sous-sol malien où l’existence d’importants gisements de diamant, manganèse, fer, plomb, cuivre, calcaire, phosphate, bauxite, marbre, a été prouvée. Grand pays minier qu’il est, le Mali, n’échappe pourtant pas à ce qu’il est désormais convenu d’appeler la malédiction «des ressources naturelles» et qui renvoie à l’idée selon laquelle les pays riches (en ressources) tirent peu de profit de l’exploitation minière, à cause de la faible gouvernance et le manque de transparence, d’une part, et le manque de rédevabilité d’autre part. Conscientes des conséquences néfastes liées à cet état de fait, les autorités maliennes ont adhéré à divers mécanismes de transparence dans les industries extractives. Il s’agit, entre autres, de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), la Coalition Publiez Ce que vous Payez, le processus de Kimberley. En s’associant à ces différentes initiatives, les autorités maliennes affichent leur volonté de ne point soustraire le trésor de l’or au control citoyen et de faire toute la transparence autour de l’exploitation minière.
Malgré les textes…
Malgré toutes ces actions, initiatives et mécanismes auxquels notre pays adhère, une réalité demeure : la gouvernance extractive demeure toujours entourée d’opacité au Mali. Très peu de transparence existerait autours des quantités réellement produites, en ce qui concerne également la part de l’Etat après le raffinage de l’or, ou encore le mode de répartition des ressources versées par les sociétés minières à titre d’impôts. La même opacité entoure, semble-t-il, la gestion des ressources allouées par ces mêmes sociétés pour le développement des collectivités abritant les sites miniers. A tous ces différents niveaux se posent de réels problèmes de traçabilité des fonds dus généralement à la faible connaissance de ce secteur par les populations et surtout un manque de transparence érigé en règle. Une situation qui serait beaucoup amplifiée à cause de la faible implication des médias dans le contrôle de la gestion des ressources issues de l’activité des sociétés minières au Mali. C’est contre une telle faiblesse que se bat depuis plusieurs années une organisation de la société civile : la Fondation pour le Développement au Sahel. Avec l’appui de son partenaire financier, Oxfam, la FDS s’investit dans l’information, la formation et la sensibilisation du public. C’est dans ce même objectif que les deux partenaires ont organisé un atelier de renforcement des capacités à l’intention des médias ; une rencontre qui s’est déroulée du 13 au 14 Février dernier, au Grand Hôtel de Bamako sous le thème : «la gouvernance des ressources minérales au Mali ». Pour la circonstance, la Fondation pour le développement au Sahel a fait appel à plusieurs spécialistes qui ont donné aux hommes de médias les outils leur permettant un meilleur traitement de l’information minière.
«L’information sur les questions extractives est sensible. Nous avons besoin des journalistes pour distiller la bonne information », a déclaré Tiémoko Souleymane Sangaré, le Directeur Exécutif de la FDS. «Cet atelier de renforcement des capacités des journalistes sur les programmes extractives est une chance pour nous», a affirmé, Mohamed Coulibaly, le Représentant résidant d’Oxfam Mali. Il a débuté ses propos par une présentation de la vision de son ONG, qui se bat dans les pays pour le respect des droits, notamment celui de ne pas vivre dans la pauvreté ; une pauvreté qui tire, selon lui, sa source de la mal gouvernance dans les Etats. «En tant que pays minier, il est important d’insister sur la redevabilité ; nous sommes une organisation de plaidoyer et la presse une organisation de changement ; pour lutter contre la pauvreté au Mali il est nécessaire d’instaurer une meilleure gouvernance du secteur», a-t-il souligné.
«Cet atelier est une invite à notre égard pour qu’on joue pleinement notre rôle en tant que professionnels de l’information», reconnait Idrissa Sacko, le président du réseau des journalistes pour la gouvernance des ressources minières au Mali.
Pendant deux jours, la cinquantaine de journalistes a été à l’école du secteur avec plusieurs communications qui ont touché tous les aspects : Cartographie géologique et inventaire minier au Mali ; les impacts sociaux et environnementaux de l’exploitation minière; la politique minière au Mali ; le processus de révision du code minier ; l’Initiative de transparence dans les industries extractives ; la vision minière africaine, la politique de Développement des ressources minérales de la Cedeao…
Oumar Diamoye