A près un blocage de plusieurs longs mois, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger reprend.
Les premières patrouilles mixtes, formées de soldats maliens, combattants de la Plateforme et de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont été lancées jeudi à Gao, plus grande ville du nord du Mali. La cérémonie de lancement de ces patrouilles mixtes, censées préfigurer la refonte d’une armée unitaire, s’est déroulée au camp de regroupement de ces mouvements, siège du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), chargé d’organiser ces patrouilles en périphérie de Gao.
Le chef adjoint de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), Koen Davidses, a souhaité que ces patrouilles puissent «inspirer de la confiance chez les populations». Pour M. Koen, qui est le représentant adjoint du secrétaire général de l’ONU au Mali, avec ce premier regroupement, «le processus de paix avance désormais». Il s’est réjouit en outre du démarrage d’une «étape très importante de la mise en œuvre de l’accord». La Minusma avait auparavant indiqué que les trois parties signataires de l’accord de paix avaient fourni chacune une liste de 200 hommes devant constituer la première unité pour les patrouilles mixtes, qui sera basée à Gao.
Le MOC, qui doit coordonner ces actions de mise en confiance et de sécurisation, est installé depuis octobre 2015 à Gao. Jeudi, ils étaient une centaine de «soldats» qui, après le rassemblement sur le site du MOC, sont montés dans des pick-up en direction de la ville de Gao. Leur lancement, qui avait été sans cesse remis à plus tard, intervient cinq semaines après un attentat-suicide contre le camp où la cérémonie a eu lieu jeudi.
Revendiquée par Al Mourabitoune, groupe affilié à Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque a fait près de 80 morts, selon des bilans concordants. A Gao, beaucoup exprimaient l’espoir de voir ces forces mixtes être véritablement présentes dans tout le Nord, en proie depuis 2013 à de sanglantes attaques terroristes contre populations et forces maliennes et étrangères.
Le prochain objectif sera désormais la ville de Kidal, où les anciens rebelles touareg du MNLA se disent aujourd’hui prêts à accueillir des membres de l’Armée nationale malienne et leurs alliés pour constituer ces patrouilles mixtes. Alors que depuis 2015, aucun soldat malien n’a mis les pieds dans l’ancienne capitale targuie, la constitution d’une telle force serait un exploit. Le retour de la représentation de l’Etat et des services déconcentrés se fera concomitamment avec l’installation des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes prévues pour le 28 février. Ces autorités intérimaires auront la tâche d’organiser les prochaines élections dans le Nord du Mali.
Petit à petit la paix gagne les esprits.
Les signataires de l’Accord de paix au Mali avaient, rappelle-t-on, établi le 10 février dernier, dans le cadre du Comité de suivi de l’Accord de paix au Mali, un nouveau calendrier prévoyant la mise en place avant la fin février de deux dispositions importantes du traité : les patrouilles mixtes et les autorités intérimaires dans le Nord. En janvier, le Conseil de sécurité de l’ONU a estimé que «les retards continuels menacent la viabilité de l’accord», censé isoler définitivement les terroristes de la région. Donc tout le monde est aujourd’hui averti.
Deux suspects maliens de l’attentat en Côte d’Ivoire arrêtés
Deux Maliens liés à l’attentat terroriste contre la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam en mars 2016 ont été arrêtés, jeudi, à Dakar, a annoncé à la presse le porte-parole de la police sénégalaise. Cet attentat, revendiqué par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), a fait 19 morts et une vingtaine de blessés. Plus de 10 suspects ont déjà été arrêtés dans l’enquête sur l’attaque, dont plusieurs au Mali, mais l’homme présenté comme le principal cerveau de l’attentat, identifié comme étant Kounta Dallah, de nationalité malienne, demeurait recherché jeudi.
Selon le porte-parole de la police sénégalaise, Henry Boumy Ciss, joint par téléphone, les deux suspects arrêtés jeudi à Dakar sont «de nationalité malienne» et ont été identifiés comme étant «Ould Sidy Mohamed Sina et Ould Am Sidalamine». Le premier a été arrêté dans une auberge et le second, «probablement son chauffeur», dans une gare routière alors qu’il était «à bord d’un véhicule immatriculé en Gambie», a détaillé M. Ciss. Les deux hommes «sont détenus à la Division des investigations criminelles (DIC, police judiciaire) pour des enquêtes et des investigations», a-t-il ajouté. R. I.