Bamako, - Des dizaines de jeunes ont saccagé samedi des bars et débits d’alcool à Tombouctou, dans le nord du Mali, en qualifiant ces sites de "lieux de dépravation", ont déclaré des auteurs des raids et d’autres sources.
"Les jeunes étaient très organisés. Ils avaient ciblé les endroits à détruire. De nombreuses bouteilles de bière ont été cassées et des sachets contenant de l’alcool détruits", a témoigné anonymement un habitant joint par téléphone dans cette ville située à plus de 900 km au nord de Bamako.
Au moins cinq de ces établissements de consommation et vente d’alcool ont été mis à sac par "plusieurs dizaines" de jeunes, selon une source policière sur place, un autre témoin évoquant une trentaine de manifestants.
De même source, cela représente environ la moitié des lieux de ce genre à Tombouctou, surnommée "Cité des 333 saints" en référence à des mausolées,d’érudits et de personnages vénérés musulmans qu’elle abrite.
Aucun blessé n’a été signalé, il n’y a pas eu d’interpellation par les
forces de l’ordre déployées en ville à la suite de ces destructions, a indiqué
une source au sein de l’armée.
Les jeunes impliqués sont membres d’associations notamment de la jeunesse
de Tombouctou et des jeunes musulmans de Tombouctou, selon un des meneurs,
Ousmane Maïga.
"Depuis un moment" à Tombouctou, "la consommation d’alcool dans les bars a augmenté. Nous sommes en terre musulmane, nous ne voulons plus voir ça", les jeunes ont "décidé d’interdire désormais l’installation de lieux de dépravation" dans la ville, a déclaré M. Maïga, de l’Association de la jeunesse de Tombouctou.
"Nous ne voulons plus de vente d’alcool à Tombouctou", a de son côté dit Hamed Haïdara, de l’Association des jeunes musulmans, indiquant avoir participé à "une campagne de salubrité publique".
Il y a eu pour "des millions de FCFA (des milliers d’euros) de marchandises" détruites, en attendant l’évaluation concernant les sites, a estimé le propriétaire d’un hôtel dont l’établissement n’a pas été touché.
Tombouctou a connu des scènes similaires en avril 2012, alors que le nord
du Mali était contrôlé par des rebelles touareg alliés à des groupes islamistes radicaux liés à Al-Qaïda qui ont fini par les évincer.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit toujours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.