Bamako - Vingt-quatre personnes arrêtées par l’armée malienne lors d’une opération anti-jihadiste le 11 février dans la région de Mopti (centre du Mali), ont été libérées sans charge, a annoncé dimanche à l’AFP leur avocat.
"Mes 24 clients accusés injustement d’être des jihadistes ont été libérés samedi", deux semaines après leur arrestation, "les enquêtes ont prouvé qu’ils n’étaient que de simples citoyens", a déclaré Me Hassan Barry
Selon lui, l’opération s’est déroulée du 10 au 12 février à Dialloubé, contre une base supposée de fidèles du chef jihadiste peul Amadou Koufa, dans la foulée d’affrontements meurtriers entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et Bambaras, en majorité agriculteurs, dans des localités proches.
Ces affrontements, ayant fait 20 morts selon le bilan officiel, avaient éclaté à la suite de l’assassinat le 11 février d’un agriculteur bambara, imputé à des jihadistes, suivi de "représailles" contre des Peuls.
Les tensions sont fréquentes entre communautés dans cette zone, où les Peuls sont soupçonnés par certains de collusion avec les jihadistes en raison de la présence dans la région depuis 2015 du mouvement armé d’Amadou Koufa.
Depuis leur arrestation, les 24 suspects étaient détenus par la gendarmerie, dont un responsable a confirmé à l’AFP dimanche les libérations, sans toutefois se prononcer sur leur nombre.
"Ils étaient chez nous, ils ont effectivement été libérés", a-t-il simplement déclaré.
Selon Me Hassan Barry, tous ses clients libérés "se portent bien".
Après les arrestations, l’avocat, par ailleurs membre d’une association de défense des Peuls, avait dénoncé un "amalgame" à l’encontre de sa communauté dans le centre du pays.
"On fait croire que ce sont des terroristes, alors que ce sont des civils chez qui on n’a même pas trouvé une seule arme, un seul bâton", avait-il dit à l’AFP le 15 février.
Le mouvement d’Amadou Koufa est allié à Ansar Dine du chef touareg Iyag Ag Ghali, un des groupes jihadistes proches d’Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant près de dix mois à partir de mars-avril 2012, à la faveur d’une rébellion touareg.
Les jihadistes, qui avaient fini par évincer leurs ex-alliés touareg, ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.