Les lignes commencent-elles à bouger dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali 20 mois après sa signature? Apres moult reports, les patrouilles mixtes ont enfin démarré le jeudi dernier à Gao. Un nouveau calendrier vient, aussi, d’être fixé pour l’installation des autorités intérimaires dans les régions du nord malgré les protestations de certains mouvements politico-armés.
A Gao, pour la première fois, les militaires maliens et les éléments des groupes armés (Plateforme et CMA) ont patrouillé ensemble le jeudi 23 février. Premier acte concret dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, cette patrouille mixte ne concerne pour l’instant que la seule région de Gao où, le 18 janvier passé, une attaque terroriste contre le camp du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) a fait 77 morts et une centaine de blessés. Jean Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, après une rencontre avec le président malien Ibrahim Boubacar Kéïta le vendredi 24 février à Bamako, s’est réjoui de « cette avancée » dans le processus de paix. « Je trouve que nous sommes sur le bon chemin », a déclaré le ministre français.
Un nouveau calendrier pour l’installation des autorités intérimaires dans les régions vient d’être, aussi, établi par les parties signataires de l’accord, en présence de la médiation internationale. L’annonce a été faite le vendredi 24 février, par Mahamadou Diagouraga, le Haut représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Le nouveau calendrier se présente comme suit : Kidal : 28 février ; Gao et Ménaka : 02 mars ; Tombouctou et Taoudéni : 03 mars.
Tension encore palpable
Le processus de paix est il donc enfin sur des bons rails ? Difficile de le dire tant les tergiversations continuent dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Le vendredi 10 février 2017, pour surmonter les nombreux blocages constatés dans la mise en œuvre de l’accord, une réunion de haut niveau s’est tenue à Bamako. Un énième calendrier avait été fixé, à la fin des travaux, pour l’installation des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes d’ici fin février dans les régions Nord du Mali. L’installation des autorités intérimaires était prévue du 13 au 20 février 2017, et les patrouilles mixtes devaient démarrer le 20 février à Gao, le 28 février à Kidal, et une semaine après à Tombouctou.
Des associations de la société civile des régions du Nord et les mouvements signataires de l’entente du 25 janvier 2017(CPA, CMFPR2, CJA et MSA) ont bruyamment protesté contre le nouveau calendrier. Ces mouvements politico- armés s’insurgent contre « la désignation non consensuelle des autorités intérimaires dans les régions de Taoudéni, Tombouctou, Gao et Ménaka ».
Le samedi 18 février 2017, au moment ou était presque fin prêt, l’installation de Hassan Ag Fagaga, le président de l’autorité intérimaire à Kidal, a été annulée. La Coordination des Mouvements de l’Azawad(CMA) a fait volte face en apprenant la nomination de Sidi Mohamed Ag Ichrach, un proche de la Plateforme, au poste de Gouverneur de la région de Kidal.
Le même jour, à Tombouctou, la société civile à donner de la voix en manifestant contre le mode de désignation des autorités intérimaires.
En conclave à Bamako sur la « situation sécuritaire au Mali et son impact sur l’espace sahélien », le lundi 6 février 2017, les chefs d’Etat du G5 Sahel ont relevé que, « malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, la situation sécuritaire au Mali demeure préoccupante, en raison de la persistance des attaques asymétriques de groupes terroristes et extrémistes contre les populations civiles, les forces de Défense et de Sécurité du Mali et les Forces internationales ».
Au Mali, le processus de paix faisait du surplace depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers inter maliens d’Alger le 20 juin 2015 à Bamako.