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Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique du Mali: « Que le président de la République se ressaisisse … »
Publié le mardi 28 fevrier 2017  |  Le Républicain
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de signature de l`accord de paix d`Alger
Bamako, le 15 mai 2015 au CICB. Le Gouvernement malien et les groupes rebelles du nord ont procédé en présence de nombreux chefs d`Etats africains et de la médiation internationale à la signature du document de paix issu du processus d`Alger. (Photo Mahmoud DICKO, imam et président du Haut Conseil Islamique du Mali)
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Pour sensibiliser et informer sur les conflits intercommunautaires dans le centre du pays, le Haut Conseil Islamique du Mali (HCI) a organisé un grand meeting, le dimanche 26 février 2017, au Palais de la culture de Bamako. L’imam Mahmoud Dicko, le président de l’institution, lors de la rencontre, est revenu sur les sujets brulants de l’heure (la gouvernance du pays, le cas des terroristes maliens, la pratique de l’excision au Mali, la révolte de la jeunesse de Tombouctou contre les lieux de loisirs…) au Mali. Selon l’imam Dicko, fervent soutien du président Ibrahim Boubacar Kéïta, lors des élections présidentielles de 2013 : « Que le président de la République se ressaisisse. Il y a trop de bourdonnements, trop de laisser-aller dans le pays. Mais, il vaut mieux tard que jamais. Nous l’avons interpellé dans ce sens. Il doit revoir sa copie avec l’ensemble de ses collaborateurs… »

A l’appel du Haut Conseil Islamique du Mali, le Palais de la Culture de Bamako a refusé de monde le dimanche passé. Le gouvernement malien et Ousmane Madani Haïdara, le Guide spirituel des Ançars et 2e vice président du HCI, ont brillé par leur absence à l’événement qui a enregistré la présence de la quasi-totalité des leaders religieux, et de plusieurs personnalités politiques et de la société civile.

Dans son exposé sur les conflits intercommunautaires, sujet du meeting, le 1er vice-président du Haut Conseil Islamique Tierno Hady Oumar Thiam a rappelé l’histoire du pays. Selon Thiam, le musulman malien ne peut pas être encore dans des conflits intercommunautaires ou religieux, quand on voit « la belle disposition géographique des communautés sur le territoire et le brassage interethnique séculaire qui les caractérise ». Le vice président du HCI ajoutera : « tous les Maliens sont métissés, il n’y a pas de Malien d’une seule ethnie à 100%. Comment les musulmans peuvent s’armer pour tuer leurs frères musulmans ?...».

« Complot contre le Mali »
Tierno Hady Oumar Thiam insistera sur les défaillances de la justice malienne qui ne dit pas, selon lui, le droit. «De Kayes à Taoudénit, chaque tribu, chaque ethnie est une brique de la maison Mali. Ces briques se complètent et ne doivent jamais se dresser les unes contre les autres. Les difficultés doivent être gérées de façon consensuelle. La justice dans notre pays a failli, il y a des procès qui datent de mon enfance et qui sont toujours dans les tiroirs.

La justice doit être le creuset de la vérité et non un espace de racket des populations. Chaque malien est un métis. Il y a une ethnie malienne dans le sang de chaque malien. Nous sommes tous unis… Ne laissons pas les ennemis de la nation nous diviser et détruire notre tissu social…Si on n’y prend garde, les conflits intercommunautaires risquent de disloquer nos familles, notre société ». Selon le premier vice président du HCI, « Il ne faut pas que ce qui se passe au centre du Mali se généralise. » Il faut, de son avis, s’agripper « à notre religion et à notre nation ».

L’imam Mahmoud Dicko, le président du Haut Conseil Islamique, dans ses propos, a mis en garde ceux qui veulent diviser le Mali. Selon lui, tout est orchestré pour « créer une guerre civile au Mali ». « Ceux qui œuvrent contre la religion de Mohamed ne vaincront pas. Nous serons là en rempart…, et le combat continue contre ceux qui veulent diviser le pays.

Ils sont maintenant à leur plan C, après l’échec des plans A et B. Ils ont d’abord voulu diviser, sans succès, le pays. Face à cet échec, ils ont mis en place leur plan B consistant à vouloir créer la zizanie entre les courants islamiques du pays. Là aussi ils ont échoué. Maintenant, ils veulent un plan C, fondé sur les conflits intercommunautaires au centre du pays pour, in fine, créer une guerre civile au Mali. Là aussi il faut se mobiliser pour les mettre en échec. Le Mali est une source de lumière pour le reste du continent, et c’est ce qu’ils veulent détruire. C’est un complot contre notre pays ».

Le Haut Conseil Islamique contre une loi incriminant l’excision au Mali
Selon le président du Haut Conseil Islamique, le ministre de la justice du Mali Mamadou Ismael Konaté, a tenté de diviser les musulmans après sa promesse de faire adopter une loi contre la pratique de l’excision au Mali lors de la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines. « Lorsque le ministre de la justice a déclaré qu’il y aura une loi interdisant l’excision dans notre pays d’ici le 31 décembre prochain, j’ai fais une déclaration.

Quand il a su que nous étions au sérieux, il est parti rencontrer le groupement des leaders spirituels du Mali où il a apporté un démenti. Vous voyez comment c’est malhonnête. Son objectif, c’était de diviser les musulmans sans savoir que nous sommes unis. Que Dieu ait pitié de nos politiciens, ils se trompent en croyant qu’ils peuvent nous diviser. Celui qui s’est engagé à adopter une loi contre la pratique de l’excision au Mali, le saura ».

Dialoguer avec « nos frères djihadistes »
Le président du Haut Conseil Islamique a réitéré son appel à négocier avec les djihadistes maliens. « On a eu à effectuer une mission dans ces pays occidentaux pour défendre notre pays, comment allons-nous refuser de parler avec nos frères peuhls qualifiés de terroristes pour qu’il y ait la paix au Mali ? Nous avons eu à expérimenter ces genres d’initiatives, mais qui ont été sabotées. Par qui ? Je le dirai un autre jour pour l’histoire. Que la France refuse de dialoguer avec nos frères, mais nous ne devons pas nous en empêcher. Ils ne veulent pas de la paix au Mali, parce qu’ils ne veulent pas quitter de sitôt », a indiqué Mahmoud Dicko.

Quid du saccage des bars et lieux de loisirs, par les jeunes, le samedi dernier à Tombouctou ? L’imam Dicko a félicité les jeunes de Tombouctou pour l’acte posé. « Je tire mon chapeau aux jeunes de Tombouctou qui ont détruit les caches d’alcool. Les jeunes de Tombouctou ne sont pas des terroristes, mais des gardiens de la culture malienne… », a déclaré le premier responsable du HCI.

« IBK doit revoir sa copie avec ses collaborateurs »
L’imam Mahmoud Dicko a demandé à IBK, le président de la République, de se ressaisir. « IBK a juré dans toutes les mosquées du Mali qu’il défendra l’islam. Ce n’est pas à moi de lui rappeler à l’ordre car Dieu le punira s’il dévie », selon le président du HCI. Il indiquera : « Que le président de la République se ressaisisse. Il y a trop de bourdonnements, trop de laisser-aller dans le pays. Mais vaut mieux tard que jamais. Nous l’avons interpellé dans ce sens. Il doit revoir sa copie avec l’ensemble de ses collaborateurs. Ce n’est pas pour rien que les Maliens l’ont surnommé Kankélétigui. Nous lui avons dit de tenir bon, et il y a de l’espoir de croire encore en lui, mais à condition que la situation change. Tant qu’il sera juste, il aura toujours le soutien de la communauté musulmane».

Dans ses recommandations, à la fin du meeting, le Haut conseil islamique préconise une mission urgente de l’institution avec les forces vives de la nation, dans le delta central du Niger afin d’apaiser le climat social ; des actions de médiation et de réconciliation entre les communautés ; la mise en place d’un mécanisme national de prévention et de gestion des conflits ; une plus grande implication de l’Etat conformément à sa mission régalienne dans la protection des populations et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national ; la mise en place d’une politique efficace de communication afin d’éviter l’amalgame entre auteurs de crimes et leur communauté ou leur religion.

Madiassa Kaba Diakité
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