Dans un entretien qu’il nous a accordé dans les locaux du Groupement mobile de sécurité (GMS), le mercredi 22 février 2017, le Commissaire principal Abdoulaye Coulibaly, connu sous le sobriquet de sorcier, a fait le point sur les nouvelles mesures de sécurité prises pour soulager les usagers de la circulation routière. En outre, le nouveau Commandant de la Compagnie de la circulation routière (CCR) nous édifie sur ses grands projets. Lisez !
Quelles sont les mesures d’urgence prises pour soulager les usagers depuis votre prise de fonction ?
Je suis venu dans un contexte d’urgence. Parce que j’ai été nommé Commandant de la Compagnie de la circulation routière (CCR) à trois semaines du sommet Afrique-France. L’objectif était d’abord le sommet. Dieu merci, ça été une véritable réussite. Ce pari étant gagné, il fallait se tourner vers d’autres défis. Il s’agissait de faire en sorte que les usagers puissent circuler à l’intérieur de Bamako, sans encombre.
Nous avons essayé de renforcer certaines grandes artères qu’on appelle les heures de fluidité. Par rapport aux heures de fluidité, un dispositif a été mis en place qui prend effet à partir de 6 h du matin. Tous les matins, je suis au niveau du Monument de la nation à partir de 6h 20 mn, sauf en cas d’urgence. Le soir aussi, à partir de 17 h, je suis au niveau du foyer de l’air pour veiller sur le dispositif. En outre, nous avons mis en place des dispositifs pour certaines situations d’urgence à l’intérieur de Bamako, notamment au niveau des 30m, feu Kodonsso, du rond-point Général Abdoulaye Soumaré.
A ce jour, quels sont les problèmes corrigés au niveau de la circulation routière ?
Le vrai problème qui se posait était le comportement des usagers et des policiers. Aujourd’hui, vous allez constater que les agents de la circulation routière sont bien habillés et sont accueillants. Nous allons continuer avec cette sensibilisation afin que nos compatriotes puissent être servis avec beaucoup de dignité et de loyauté de la part de ces policiers. Il faut comprendre que nos compatriotes ne sont pas des ennemis. Ce sont des gens qu’il faut traiter avec beaucoup d’égards. Nous allons continuer avec cette phase de sensibilisation qui a beaucoup évolué. L’autre problème qu’on a corrigé est la rétention des pièces.
Certains agents se permettaient de garder les pièces des véhicules sur eux ou partaient à la maison, munis de ces documents. Sur ce plan, j’ai mis une note de service pour arrêter ce comportement. Il faut que les pièces saisies au niveau des carrefours, après le contrôle, puissent être déposées au niveau du poste de police, enregistrées et répertoriées. Et quand les usagers vont se présenter au poste, il faut qu’ils sachent quelle infraction on leur reproche pour qu’ils puissent y faire face. Et après avoir réglé la contravention, il faut quand même leur restituer les pièces. Et je crois qu’à ce jour, nous avons corrigé cette situation.
Qu’est-ce qu’on peut retenir comme innovations ?
L’Axe Samè-N’gomirambougou-Bamako était la croix et la bannière pour tous les usagers de cette route. Je suis domicilié à Kati. Et lorsque j’étais commissaire du premier arrondissement je voyais qu’il y avait un problème là-bas. Et maintenant que je suis commandant CCR, j’ai vite compris qu’il fallait trouver une solution pour que les usagers de cette route puissent circuler librement. J’avais essayé de démarcher les responsables des transporteurs routiers pour essayer de mettre en vigueur l’arrêté n°006 du M-DB qui réglemente la circulation et le stationnement des gros porteurs dans le district de Bamako.
En outre, j’ai été saisi par l’Association pour le développement de Samè Cité rail (ADS-cité Rail) pour ce même problème. J’ai rencontré les notables de Samè et j’ai rassuré le chef du quartier de Samè et sa population que le problème sera désormais pris à bras-le-corps pour que les populations riveraines puissent vivre en sécurité. Aujourd’hui Dieu merci, car depuis une semaine, les usagers de la route nationale 3 (RN3) sont soulagés à travers le nouveau dispositif mis en place. Et d’ailleurs, c’est la raison pour laquelle l’ADS-cité Rail m’a adressé une lettre de remerciement.
Il faut comprendre que ce n’est pas une nouveauté, car toutes ces mesures se trouvent dans l’arrêté n°006 du M-DB. Seulement que cet arrêté était un peu endormi, mais nous avons jugé de le réveiller. L’autre innovation apportée est la répression des infractions que les usagers commettent en roulant. J’ai compris qu’il ne faut pas s’arrêter seulement au niveau des carrefours pour verbaliser. Il faut suivre les usagers lorsqu’ils roulent. Il y a certaines infractions qu’ils commettent en roulant, notamment les écoutes téléphoniques, les supports à trois. A savoir aussi que j’ai donné l’ordre d’interpeller les usagers de façon professionnelle, sans risque pour nous et pour l’usager. Si nous pensons qu’interpeller l’usager peut lui causer un désagrément, nous préférons le laisser partir. Nous sommes en train de sensibiliser les agents afin qu’ils œuvrent dans ce sens.
C’est ainsi que tous les jours, 6 motards circulent à travers Bamako, avec un plan de patrouille bien détaillé. Ils contrôlent et s’il y a des infractions, ils ont des quittances sur eux. Donc, les usagers n’ont pas besoin d’aller au Groupement mobile de sécurité (GMS) pour payer. Donc, sur place, si vous payez, ces motards vous donnent le reçu et vous continuez à circuler. C’est une nouvelle méthode permettant de ne pas causer des désagréments aux usagers, en tenant compte de leur temps, de la distance, tout en étant professionnel sur le terrain.
Quels sont les grands projets auxquels vous allez vous attaquer ?
Dans les mois à venir, nous allons réprimer les supports à trois dans les carrefours. Les principaux auteurs de cette infraction sont les parents d’élèves qui amènent les enfants à l’école. Ils pensent qu’en prenant deux petits enfants, ce n’est pas un support à trois. Il faut changer cette mentalité car, le décret est clair sur la question. Le décret ne prend pas en compte l’âge de la personne. Ce qui veut dire que même le nourrisson est concerné. Nous allons monter un dispositif spécial pour les interpeller sans risque pour eux et pour nous. Toujours en termes de projet, il faut savoir que nous avons des besoins de formation et d’effectif. Bamako s’agrandit et le volume du trafic monte de façon exponentielle.
En une minute, sur le pont Fahd, dans un seul sens, vous avez en moyenne 198 véhicules qui passent lors des fortes densités de circulation. Donc, le triste constat est qu’à Bamako, la plupart des véhicules sont vétustes et ne respectent pas les normes. Les visites techniques ne sont pas respectées et les véhicules sont dans un état de dégradation très avancé. Ce qui fait que juste après un bouchon de 10 minutes, il y a certains véhicules qui se chauffent et çà lâche.
Ce qui cause des désagréments. Nous allons aussi sensibiliser des chauffeurs au niveau de certaines auto-gares par rapport à la consommation de l’alcool et de certains stupéfiants. Nous allons aussi cibler certaines écoles pour apprendre aux enfants les panneaux de signalisation et les règles élémentaires par rapport à la circulation. Nous allons aussi attirer l’attention des autorités par rapport à la régularisation du transport urbain. Certes le trafic est énorme, mais nous n’avons pas de route. Il y a tout une panoplie d’innovations, mais en réalité il nous faut aussi des moyens pour les réaliser.