De toutes les dispositions de l’Accord issu du processus d’Alger, seule celle se rapportant à l’installation des Autorités Intérimaires semble être le point focal de tous les intérêts, tant du côté du gouvernement que de celui des groupes ex-rebelles touareg et de médiation internationale.
Si avec toutes les difficultés inhérentes à l’application de cette disposition controversée, puisque contestée par les populations des localités dans lesquelles elles sont destinées, le gouvernement s’obstine à les installer, selon le désir des responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), il y a lieu de prier pour que tout se fasse sans couacs.
Car au-delà de la contestation des populations concernées, les responsables de la CMA aussi n’en finissent pas de narguer tout le monde, dès lors qu’il est question de Kidal, bien qu’ils n’aient d’yeux que sur ces autorités intérimaires, parce qu’ils y ont des visées mercantiles.
C’est donc à juste raison qu’un confrère de place estime que : « L’installation des Autorités Intérimaires officialiserait en quelque sorte leur mainmise sur les localités placées sous leur autorité et par voie de conséquence, ils pourraient non seulement s’en donner à cœur joie au trafic de drogue et autres activités illicites, mais aussi ils pourraient avoir les coudées franches pour donner le gîte et le couvert à leurs complices que sont les groupes terroristes.
C’est d’ailleurs à juste raison que bon nombre d’observateurs ne s’embarrassent pas de soutenir que ‘’l’installation des Autorités Intérimaires dans les régions du septentrion malien, n’est rien d’autre qu’une prime à la partition du pays’’. En tout cas le moins que l’on puisse dire est que, les populations, dans la plupart des localités concernées par l’installation des autorités intérimaires, ne s’accommodent pas du tout avec cette disposition de l’accord d’Alger, ou plus exactement, elles rejettent catégoriquement le procédé par lequel les membres de ces organes des collectivités territoriales sont nommés par le gouvernement ».
L’équation à grande inconnue demeure toujours, à savoir, quelle attitude adopteront les responsables de la CMA vis-à-vis du calendrier élaboré pour la mise en place des autorités intérimaires ? La question mérite d’être posée, car à Kidal, le président du conseil régional n’a pu être installé le 18 février dernier comme prévu, eu égard à une volte-face de la CMA, qui reprochait au gouvernement d’avoir nommé un nouveau gouverneur pour la région qui n’est pas issu de ses rangs.
C’est dans cette situation d’incertitude que le Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, a rendu public un communiqué, dans lequel il est dit que : « le vendredi 24 février 2017, les parties signataires de l’accord, en présence de la Médiation Internationale, ont convenu d’un accord pour la mise en place des Autorités Intérimaires dans les régions du nord, selon le calendrier suivant : Kidal, le mardi 28 février 2017 ; Gao et Ménaka, le jeudi 02 mars 2017 ; Tombouctou et Taoudéni, le vendredi 03 mars 2017 ».
Quelle est la nature de l’accord convenu entre les parties ? Quelle garantie a-t-on donné aux responsables de la CMA pour qu’ils se la ferme à propos de la nomination du nouveau Gouverneur qui, d’après nos sources, sera installé en même temps que le Président des autorités intérimaires de Kidal ? Le communiqué du Haut Représentant du Président de la République n’en dit pas un mot !
Enfin une dernière question : la journée d’aujourd’hui consacrera-t-elle la fin du suspens autour de l’installation de ces fameuses autorités intérimaires dans les régions du Nord ? Rien n’est moins sûr, car après la phase des tractations entre parties engagées dans le processus, les populations du Nord semblent n’avoir pas encore dit leur dernier mot… Attendons donc pour voir !
Que de tractations, que d’accusations mutuelles pour enfin parvenir à un consensus autour de l’installation des autorités intérimaires, qui est une disposition prévue dans l’annexe 1 de l’accord. Extrait :
ANNEXE 1:
Période Intérimaire
En attendant la mise en place des mesures prévues dans le présent accord, les mesures intérimaires, ci‐après, sont convenues. Elles doivent être mises en œuvre durant une période intérimaire qui prend effet immédiatement après la signature de l’Accord global et définitif de paix, et devant s’étaler sur une durée allant de dix‐huit à vingt et quatre mois. Cette période aura pour fonction de favoriser la mise en place des conditions de nature à réconcilier les Maliens, et à jeter les bases d’un Mali nouveau, démocratique et uni grâce, entre autres, à la promotion de la paix, de la démocratie et de l’acceptation de la diversité culturelle. Elle permettra également d’assurer le retour, la réinstallation et la réinsertion des maliens vivants hors du territoire national ainsi que la réhabilitation des sinistrés.
Objectifs et durée de la période intérimaire
Une période intérimaire sera ouverte immédiatement après la signature du présent
Accord
Durant cette période, et en attendant l’adoption et l’entrée en vigueur des dispositions légales et de gouvernance énoncés dans le présent Accord, des mesures exceptionnelles en ce qui concerne l’administration des régions du nord du Mali sont prises et mises en œuvre.
Ces dispositions ont pour objectifs:
– De garantir l’adoption de textes réglementaires, législatifs, voire constitutionnels, permettant la mise en place et le fonctionnement du nouveau cadre institutionnel et politique, sécuritaire et de défense, de développement économique, social et culturel, de justice et de réconciliation nationale;
– De réviser la loi électorale de manière à assurer la tenue aux niveaux local, régional et national, au cours de la période intérimaire, d’élections en vue de la mise en place des organes prévus par le présent accord;
– D’appliquer les mesures et arrangements relatifs au rétablissement de la paix, à la cessation des hostilités et à la réforme des forces de défense et de sécurité en vue de renforcer son professionnalisme et son caractère républicain;
– De veiller à l’adoption de mesures convenues pour faire face au défi du terrorisme et d e l’extrémisme et éviter toute répétition de l’exclusion, la marginalisation et l’impunité;
– D’appliquer l’Accord conformément au chronogramme de mise en œuvre. Afin d’assurer la continuité de l’Etat, les institutions actuelles poursuivront leur mission jusqu’à la mise en place des organes prévus dans le présent Accord.
– La mise en place, le cas échéant et au plus tard trois mois après la signature de l’Accord, des autorités chargées de l’administration des communes, cercles et régions du Nord durant la période intérimaire. Leur désignation, compétences et modalités de leur fonctionnement seront fixées de manière consensuelle par les parties…