Quand on sait que le président du Conseil régional est le véritable patron de la région et que c’est bien le rebelle Fagaga qui en est le titulaire du portefeuille à Kidal, il faut dire que cela ne pouvait être mieux pour Iyad Ag Ghali, le terroriste qui se fait passer pour un défenseur de la cause de l’islam.
Quelle hypocrisie venant de quelqu’un connu pour tous ses vices à Bamako, y compris celui exécrable de pédophilie en CVI, sous Alpha O. Konaré ! Fagaga paraît être une belle opportunité pour le terroriste de mieux protéger ses arrières. En effet, si l’on met de côté le fait qu’avec ces gens-là, c’est toujours un marché de dupes où l’on ne sait pas de quoi demain sera fait, il est de notoriété publique que les deux hommes entretiennent de bonnes relations. Lorsque Mme Bah Hawa Keïta, alors ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, s’était rendue à Kidal pour apaiser une population supposée être en colère pour des raisons de chômage, entre autres, le gouvernement lui avait instruit de tout faire pour rencontrer le lieutenant-colonel Fagaga.
Celui-ci avait déserté l’armée et avait déjà déclenché sa rébellion à lui. Partie par avion à Kidal pour revenir le même jour, la délégation fut contrainte d’y passer la nuit. Dans le seul but de rencontrer le déserteur rebelle qui avait donné au moins trois rendez-vous qu’il n’avait pas respectés.C’est le lendemain, au deuxième ou troisième rendez-vous que l’ex-berger devenu colonel de l’armée honorait enfin un membre du gouvernement malien. Le médiateur de cette rencontre n’était personne d’autre que Iyad Ag Ghali. En somme, les deux hommes entretiennent une certaine complicité que même la mauvaise foi ne saurait nier.
Le gouvernement agit-il en connaissance de cause ?
C’est fort possible. Un certain nombre d’hypothèses nous viennent à l’esprit. Courtiser un Iyad Ag Aghaly à travers un Fagaga ne serait pas une option insensée venant d’un gouvernement qui semble croire que c’est en reculant devant l’ennemi qu’on l’amène à abandonner notre poursuite. Donc une première hypothèse serait que le gouvernement veuille à la fois contenter la CMA (dont est issu Fagaga), le prétendu djihadiste, Iyad Ag Ghali. Et pourquoi pas la France ?
Ce qui nous amène à une deuxième hypothèse qui rentre dans la déclaration sus citée de Yves Le Drian, à savoir prendre des ‘’décisions courageuses’’. Et parmi ces fameuses ‘’décisions courageuses’’, on peut certainement mettre celle qui consisterait à ‘’calmer le jeu’’ à la fois avec la CMA et le chef terroriste, en nommant une personnalité qui leur conviendrait à tous deux. Mais aussi à la France. Fagaga pourrait être cet homme. Mais cette victoire a été entachée par cette autre nomination, celle de Sidi Mohamed Inrach au gouvernorat. En qui Bamako a peut-être vu un contrepoids à la toute-puissance de la CMA dans une région qui échappe totalement à son contrôle.
Le gouverneur pourrait-il d’ailleurs jouer le rôle de contre-pouvoir au président du Conseil régional ?
En principe non. En effet, c’est l’une des nombreuses dispositions contestées dans l’Accord d’Alger, le gouverneur n’agit qu’à posteriori. En termes plus simples, le gouverneur n’est là que pour être mis devant le fait accompli par le Conseil Régional. Il n’a aucune possibilité de s’opposer à l’exécutif régional ; lequel, après coup, doit légalement avoir simplement l’amabilité de lui présenter ce qu’il aura eu à faire. Une sorte de compte-rendu qui ne change rien à l’avenir, et encore moins à ce qui a été déjà fait. En somme et en principe, le gouverneur ne présente aucunement un risque majeur pour le président du Conseil régional.
Une autre question qui pourrait hanter les esprits est la suivante : en quoi la France pourrait-elle être concernée par une option favorable à Iyad ?
Question légitime mais tout aussi superflue au regard du jeu trouble auquel se livre l’ex-puissance coloniale depuis son intervention en janvier 2012, tel ce sable mouvant des déserts. Onse souvient, notamment, que le terroriste s’était vanté du rôle majeur qu’il a eu à jouer dans la libération d’otages français. Beaucoup de personnes continuent à ne pas comprendre que la France soit présente au Mali et qu’Iyad continue de narguer au quotidien tout le monde. Un raisonnement logique compte-tenu de tous les moyens dont dispose la France.
Par ailleurs, dans un documentaire diffusé récemment sur Canal+, ‘’Le Bourbier :l’impossible coalition’’, il apparaît clairement que la France, tout comme ses alliés occidentaux, collabore, à travers de soi-disant rebelles modérés, avec des groupes armés qu’elle-même a classés officiellement dans la catégorie des ‘’terroristes’’ : « C’est incohérent mais c’est comme ça », résume le général de l’Armée Syrienne Libre, qui combat aux côtés d’Al Nostra considéré comme groupe terroriste. Interrogé sur la question, le porte-parole du Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères français) ne nie en aucun moment sa connaissance de cette liaison dangereuse.
Un autre exemple est que l’Arabie Saoudite, principale alliée des pays occidentaux, est sinon le principal, du moins l’un des principaux soutiens de groupes terroristes radicaux comme l’Armée de l’Islam. Et c’est certainement à cause de ses incohérences que les pays occidentaux « n’arrivent à rien quand ils interviennent quelque part ». Ou plutôt ne font rien pour enrayer le mal. « L’Occident n’arrivera à rien en Syrie tant qu’elle continuera à parler de rebelles modérés…
Le mot ‘’rebelle’’, c’est ce que les Américains ont créé ; c’est pour la presse, pour l’opinion… », affirme un diplomate saoudien dans le même documentaire. Tout porte donc à croire que l’objectif premier des Occidentaux est d’avoir la situation sous contrôle, puis de maintenir cette situation de ‘’ni paix ni guerre’’. Une situation qui, tant qu’elle perdurera, leur assurera un rôle indispensable à l’hégémonie qu’ils veulent entretenir, fera tourner leurs industries de la mort.
S’est-on seulement demandé qui fabrique et vend ces armes qu’on utilise tous les jours pour tuer des millions d’innocents ? Mais ne nous égarons pas. Cette analogie a pour but simplement de nous faire mieux voir, si besoin était, la nature du ‘’partenaire ‘’ français et de la possible sinon probable similitude des rôles qui sont les siens ailleurs et au Nord Mali. La France veut absolument que ses «amis Touareg» (propos tenus par Yves Le Drian) échappent à la République ; si ce n’est déjà fait. Et elle serait prête à toutes les compromissions pour ce faire. Y compris en allant dans un sens souhaité par Iyad, dont on sait la proximité avec la CMA.