Pendant que la guerre fait rage dans les massifs des Ifoghas, un tapage médiatique est entrepris dans les régions du sud pour, dit-on, sensibiliser les forces armées et de sécurité sur les missions du comité militaire de suivi de réformes des forces de défense et de sécurité.
En effet, depuis quelques jours, les missionnaires de cette structure sont dans des garnisons militaires. Ils seraient là pour informer les soldats sur les objectifs du comité militaire de suivi de réformes des forces de défense et de sécurité. Les envoyés du capitaine putschiste (qui préside cette instance) ont choisi ces instants cruciaux (pour le Mali et l’armée) pour sillonner les garnisons. Or, tout le monde sait qu’en ce moment, l’heure doit être à la mobilisation des forces pour la guerre au nord. Et toutes les initiatives doivent concourir à cela. Et non à une autre démarche.
Le comité militaire de suivi de reformes des forces de défense et de sécurité oublie-t-il que le Mali est en guerre contre le terrorisme ? Que l’armée malienne doit être à l’avant-garde de cette guerre censée libérer notre pays des terroristes et des narcotrafiquants. Que des forces armées étrangères se battent à nos côtés pour nous aider à bouter hors de nos frontières les djihadistes et autres bandits armés.
Le moment est-il réfléchi pour entreprendre des actions de sensibilisation ? Le président tchadien, Idriss Deby l’a dit à Yamoussoukro : « il est temps d’arrêter les discours et passer à l’action ». Et Deby avait invité les militaires maliens à aller se battre au front. Et c’est là qu’ils ont leur place, avait-il martelé devant les chefs d’Etat de la Cedeao. Que font alors tous ces militaires (loin du théâtre d’opérations) qui réclament de meilleures conditions pendant que d’autres soldats sont au front ? Le minimum de décence veut qu’on respecte ceux qui ont accepté d’aller se battre pour la nation. Rien ne peut expliquer que l’armée malienne, qui a sollicité l’appui d’autres forces armées, se consacre à d’autres choses. Y-a-t-il urgence à expliquer les missions du comité de suivi des réformes aux forces armées et de sécurité ? Quelles sont les missions exactes de ce comité ? Et le ministère de la défense dans tout ça ? La seule urgence qui vaille pour notre armée, c’est la libération totale de notre pays. Il est dès lors très clair que l’heure n’est pas ni à la fanfaronnade, ni à la démobilisation, encore moins à un tapage médiatique pour tenter d’endormir la conscience des Maliens et l’armée malienne. Les réalisations du comité militaire de suivi des réformes des forces de défense et de sécurité ? Que du vent !
Ces sorties, à la limite, ridicules et indécentes, pourront éventuellement saper le moral des troupes. Qui ne comprendront pas que pendant que les vaillants soldats sont en train de mourir sur le front, d’autres se la coulent douce au nez et à la barbe des autorités de la transition. Le Mali n’a pas besoin de ça.
Au même moment, plus de vingt tchadiens ont trouvé la mort dans les montagnes de Kidal en défendant notre patrie. Nos « réformateurs » n’ont pas trouvé mieux que de harceler les Maliens par des images qui choquent la conscience de nos valeureux soldats. Des ex-putschistes qui brandissent en quelque sorte devant des compagnons d’armes leur trophée de guerre, qui est ce « machin de reforme ». Si ce n’est pas ça les rencontres de sensibilisation. Ça y ressemble car un comité militaire installé il y a moins de deux semaines, ne peut pas revendiquer un bilan, à fortiori se targuer de l’avoir réalisé.
Idrissa Maïga