BAMAKO, 04 mars 2013 (AFP) - La mort d’Abdelhamid Abou Zeid, un des chefs
au Mali d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, semblait se confirmer lundi, l’armée
française la qualifiant de "probable" et un membre d’Aqmi l’ayant admise.
Celle d’un autre dirigeant jihadiste, Mokhtar Belmokhtar, était en revanche
beaucoup plus incertaine.
La mort au cours de combats dans le nord-est du Mali d’Abou Zeid et de
Belmokhtar dit "Le Borgne", tous deux Algériens, avait été annoncée par le
Tchad en fin de semaine dernière.
Sous couvert d’anonymat, un jihadiste d’Aqmi a lui aussi déclaré lundi
qu’Abou Zeid était bien mort mais il a démenti le décès de Mokhtar Belmokhtar,
selon l’agence mauritanienne d’informations en ligne Sahara Médias (privée).
Abou Zeid a été tué "par un bombardement aérien français dans les
montagnes" des Ifoghas (nord-est du Mali) "et non par les Tchadiens" qui
étaient "à plus de 80 km" lors du bombardement, affirme ce jihadiste qui a
l’habitude d’écrire pour des sites jihadistes, selon Sahara Médias.
Il a en revanche démenti la mort de Mokhtar Belmokhtar, "pour la simple
raison qu’il se trouve dans la région de Gao (dans le nord du Mali, mais plus
au sud du massif des Ifoghas) où il mène les combats contre l’ennemi". "Il est
bien vivant, il n’a pas été tué par les Tchadiens", dit le jihadiste cité par
Sahara Médias.
Selon lui, Mokhtar Belmokhtar va publier "une déclaration dans un proche
avenir pour démentir les allégations mensongères du président tchadien (Idriss
Deby Itno) renégat".
La mort d’Abou Zeid, annoncée par le président tchadien, est "probable"
mais la France n’a pas de "certitude" faute d’avoir récupéré le corps, a de
son côté déclaré le chef d’état-major des armées françaises, l’amiral Edouard
Guillaud. Concernant Belmokhtar, il a dit être "d’une extrême prudence".
Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, issus des groupes islamistes qui ont
terrorisé l’Algérie dans les années 1990, ont été ensuite à la tête de leurs
katibas (unités combattantes) respectives les maîtres d’oeuvre d’Aqmi au Mali,
où ils se sont implantés, au Niger et en Mauritanie.
Ils y ont commis de nombreux enlèvements et exécutions d’Occidentaux,
attentats ou tentatives d’attentats, s’y sont également livrés à divers
trafics, dont celui de la drogue.
Belmokhtar a quitté Aqmi fin 2012, pour créer son propre groupe, "Les
signataires par le sang", dont la première action d’envergure a été une prise
d’otages massive et sanguinaire en janvier sur un site gazier du sud de
l’Algérie, In Aménas.
"Casser les reins d’Aqmi"
"Nous sommes en train de casser les reins d’Aqmi et ça, c’était bien
l’objectif tel qu’il nous avait été fixé par le président de la République",
François Hollande, a assuré l’amiral Guillaud.
Il a précisé qu’une "organisation industrielle du terrorisme" avait été
découverte dans le nord-est du Mali, citant "plus d’une cinquantaine de caches
dans des maisons, des hangars ou des grottes", "plus d’une dizaine d’ateliers
de fabrication y compris de bombes dans l’un des ateliers", "vingt bombes
artisanales en cours de fabrication simultanément".
Concernant les sept otages français détenus par des groupes islamistes que
l’on pensait être dans le massif des Ifoghas, l’amiral Guillaud a reconnu que
l’armée française ne savait pas où ils se trouvaient. "Il est possible qu’ils
aient été déplacés, pas forcément vers un autre pays", a-t-il dit.
Le président Hollande avait affirmé début février à Bamako que les forces
françaises au Mali étaient désormais "tout près" des otages français.
Quinze otages français sont retenus en Afrique, dont au moins six au Sahel
par Aqmi, un septième ayant été enlevé au Mali par un autre groupe islamiste
armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Les familles de quatre otages au Sahel ont estimé lundi que leurs proches
ne seraient pas sauvés par les opérations militaires et ont appelé le
gouvernement français à "négocier" avec Aqmi.
"La France doit donner à Aqmi des signaux clairs montrant une volonté de
négocier, en lien avec les sociétés Areva et Vinci", estiment dans un
communiqué les familles des quatre otages enlevés le 16 septembre 2010 par
Aqmi dans le nord du Niger, à Arlit, un site d’extraction d’uranium de la
société française Areva.
Ces développements coïncident avec la visite de quelques heures lundi à
Bamako du ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, la
première d’un haut responsable occidental au Mali depuis celle, le 2 février,
de François Hollande.
Le Royaume-Uni contribue par une aide logistique à l’offensive contre les
islamistes armés au Mali, menée depuis le 11 janvier par l’armée française,
alliée à l’armée malienne et celles d’autres Etats africains, dont le Tchad.
Cette visite "souligne la volonté du Royaume-Uni de travailler avec ses
partenaires internationaux pour aider le Mali et les (autres) pays de la
région à lutter contre le terrorisme et à rétablir la sécurité" au Mali, a
souligné M. Hague à son arrivée.