Après le report du 18 février dernier, Hassane Ag Fagaga a été finalement intronisé à la tête du conseil régional de Kidal, hier mardi, conforment aux recommandations de la deuxième réunion ministérielle du Comité de suivi de l’accord du 9 février à Bamako. C’est donc la fin du suspens à Kidal qui reste sous le contrôle de la CMA, 18 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Pendant qu’à Gao et à Tombouctou, les conseils régionaux sont occupés par des éléments armés, Kidal accueillait hier dans la ferveur, une importante délégation ministérielle conduite par Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Administration territoriale, pour l’installation du président de l’autorité intérimaire en la personne de Hassane Ag Fagaga. La délégation était composée des diplomates français et américains, des représentants de l’Union européenne, de la CEDEAO et de la Minusma. On y notait également la présence du haut représentant du président de la république, des représentants des groupes armés de la CMA et de la Plateforme.
C’est une salle bien ornée avec les commodités qui a accueilli l’événement qui marque le retour de l’Etat dans la cité rebelle, un maillon essentiel pour aboutir à la paix. Dieu merci, le drapeau national flotte enfin dans la région de Kidal grâce au dialogue, une vertu qui tient à cœur le président de la république, Ibrahim Boubacar Keita et son gouvernement.
Si l’installation du nouveau chef du conseil régional marque le début d’un retour de l’administration à Kidal, le nouveau Gouverneur de la région a tenu à tempérer les ardeurs soulignant que ce retour se fera de façon progressive. Et pour cause ? Il y a non seulement lieu de rénover certaines infrastructures, mais aussi de mettre les agents de l’État en confiance.
« Il faudrait que les gens comprennent que le redéploiement de l’administration ne peut pas se faire d’un seul coup, parce que, l’administration par définition est lourde. Beaucoup d’infrastructures locales ont besoin d’être refaites, adaptées, équipées, etc. Les agents de l’État ont besoin d’être mis en confiance. Et il est du rôle des acteurs, je parle des groupes armés, c’est à dire la CMA et la Plateforme de créer cette confiance pour le retour de l’administration », a confié Sidi Mohamed Ag ICHRACH Gouverneur de la région de Kidal à nos confrères de Tamani.
À Kidal où la population attendait avec beaucoup d’impatience l’installation des autorités intérimaires, on espère que l’application de cette étape de l’accord permettra le retour des services sociaux de base.
« C’est un événement qui est attendu. Et si ça se passe bien, la population ne fera que se réjouir. Franchement, à travers ce qui se dit dans les rues de Kidal par rapport à cette activité, je pense que la population est déjà prête pour la mise en place de ces autorités intérimaires. L’attente des populations est très grande. Aujourd’hui, à Kidal, il y a beaucoup de problèmes et de besoins en matière de services sociaux tels que : l’eau, l’électricité, l’éducation, l’approvisionnement en produits alimentaires, la santé. Nous pensons qu’avec l’installation de ces autorités intérimaires, des solutions vont être trouvées pour une satisfaction des populations », a indiqué un habitant sur place.
Notons qu’en lieu et place du nouveau gouverneur Sidi Mohamed Ag Ichrach, c’est l’ancien chef de l’exécutif proche de la CMA, Koina Ag AHMADOU, qui était présent à ce rendez-vous historique, en raison de la non-effectivité de la passation de service entre les deux responsables.
L’on se rappelle que l’investiture de Hassane Ag Fagaga avait été reportée la semaine dernière suite à la nomination du tout nouveau gouverneur pour la région. Les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, ex-rébellion, avaient dénoncé cette décision du Gouvernement estimant qu’elle aurait été influencée par les groupes armés de la Plateforme. Le week-end dernier, à l’issue des discussions entre les parties, le Haut représentant du Président de la république a annoncé un nouveau chronogramme pour la mise en place des présidents des autorités transitoires dans les régions du nord. Ainsi, ce programme prévoit, l’installation du Président de l’autorité intérimaire de Kidal hier mardi suivi de celles de Ménaka et Gao demain 2 mars et de Tombouctou et Taoudéni le vendredi 3 mars. Mais déjà des mouvements de contestation ont surgi à Gao et à Tombouctou où des acteurs locaux exigent leur implication dans ce processus.