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Affaire des otages français d’Arlit, l’assassinat de nos confrères Ghislaine Dupond et Claude Verland : « Les politiques français ont monnayé la vie de leurs ressortissants contre des intérêts…, martèle Cheick Amadou Diouara
Publié le mercredi 1 mars 2017  |  Mali Demain
Diouwara
© Autre presse par DR
Diouwara
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Cheick Amadou Diouara, journaliste reporter, freelance, a travaillé pour Reuters, Al Jazira, Associated Presse ( AP), attaché de presse dans le système des Nations Unies. Aujourd’hui, cet enfant du désert, Natif de Gao mais originaire de Kayes, parle explique de façon décontractée, la libération des otages français d’Arlit, de l’assassinat à Kidal le 02 novembre 2013, de nos deux confrères : Ghislaine Dupond et Claude Verland, de la situation sécuritaire au nord Mali. Bref, c’est un témoignage accablant de cadres de l’Elysée au « Quais d’Orsay » sous le règne de Nicolas Sarkozy qui sont accusés d’avoir formé une vraie machine à sous pour libérer leurs compatriotes et « profitant de se faire les poches ». Mais avec l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, cette mafia a été stoppée nette et un nouveau réseau Lorenzy a vu le jour et qui verra l’assassinat d’Abu Zeïd qui détenait les otages français et depuis lors, c’est la traque aux terroristes dans le nord du Mali et dans le Sahel. Lisez plutôt !

Mali Demain : Quand est-il de la libération des otages français d’Arlit enlevés en septembre 2010 ? De quoi s’agit-il ? que s’est-il réellement passé ?

Cheick Dioura : Ce qu’il faut savoir, c’est qu’après le rapt des otages français à Arlit, immédiatement, il y a Guy Delbrel, qui est un cadre d’Air France et qui connait très bien la région, non moins grand ami du Président du Faso de l’époque, S.E. M. Blaise Compaoré et qui est Conseiller à l’époque à la sécurité d’AREVA, contacte la patronne et propose ses services afin de retrouver rapidement les otages enlevés. Après étude de cette proposition, il a l’autorisation et file voir Blaise qui est un vieux ami à lui afin qu’il l’aide à réussir sa mission.


Blaise conseille Delbrel de voir ATT

Le président Compaoré lui conseille d’aller voir son homologue malien, ATT avant même que les otages n’arrivent à Abou Zeïd caché en territoire malien, celui-là même qui a fait enlever les otages. Arrivé à Bamako, ATT le met en relation avec Soumeylou Boubèye Maïga, qui est chargé de gérer ce dossier brûlant. Fin connaisseur du nord et de ses différents acteurs et non les moindres, SBM fait appel Ag Bibi, à l’époque député de Kidal mais surtout très proche d’Iyad Ag Aghaly, par conséquent d’Aqmi. Lorsqu’Ag Bibi débarque à Bamako, SBM le présente à Guy Delbrel à qui, il propose tout de suite d’aller voir Abu Zeïd dans son fief des montagnes des Ifoghas.

ATT a insisté sur des négociations avec en retour paiement de rançon

Précisons qu’ATT avait dit qu’il ne veut pas de négociations qui se termineront par des paiements de rançons qui viennent renforcer nos ennemis qui nous combattent. Mais, le président malien dit agir parce que la France le demande et aussi, de pauvres otages souffrent dans les mains de leurs ravisseurs. Mais, insiste-t-il, voir comment faire libérer les otages sans payer de rançon ou en payant, le minimum possible. C’est après avoir précisé sa position à Guy Delbrel, qu’il ordonna à SBM, de prendre le dossier en charge. Ce qui fut fait.

Ag Bibi débarque chez Abu Zeïd

Après le retour de Guy Delbrel à Paris, il envoie un émissaire à Bamako avec la modique somme de moins de dix mille Euros (100 000 Euros). Donc, Ag Bibi débarque sur le terrain pour convaincre les ravisseurs à libérer les otages détenus par Abu Zeid. Il ramène les premières informations selon les quelles, Abu Zeïd reconnait détenir les otages ; deux, les otages sont vivants et bien portants ; trois, il d’accord pour négocier avec la France pour d’éventuelles libérations ; trois, pour désigner Hamada Ag Bibi, comme seul interlocuteur dans le cadre de cette négociation. Une lettre manuscrite signée d’une emprunte d’ancre rouge, apparemment du sang, a été ramenée par Ag Bibi qui s’est révélée authentique.

Abu Zeïd était prêt à libérer trois otages mais…

Lorsque cela s’est passé, jusqu’à présent, c’est la filière AREVA à travers Guy Delbrel/ Ag Bibi/ATT qui fonctionnait à merveille. Entre temps, Abu Zeïd était prêt à libérer la femme, dont la détention était difficile pour lui, ainsi que les deux africains dont la détention était sans enjeu.

Le SG de l’Elysée coupe-circute ATT/SBM/Delbrel

Ce réseau précité était presque sûr d‘obtenir la libération des trois (la femme et les deux africains), sans payer d’argent ou maximum, deux millions d’Euros (2 000 000) pour l’otage français. Lorsque cette nouvelle est tombée, le SG de Elysée monte une nouvelle filière, M. Claude Guéant, avec Jean Marc Gadoulet, un ancien de la DGSE, négociant du gouvernement français, pour rentrer directement en contact avec Hamada Ag Bibi, en coupe-circulant Guy Delbrel et même ATT/ SBM chez qui, se joue cette prise d’otage.

Ag Bibi rompt avec Koulouba

Ce nouveau négociant, convaincra Ag Bibi à lâcher Guy Delbrel/ATT/SBM. Ce qui fut fait à, la stupéfaction de Koulouba. Mais « laisser mouton courir, Tabaski arrive », dit-on. Aussitôt, Ag Bibi, rompt le contact avec la colline du pouvoir de Bamako et s’acoquine avec ses nouveaux amis de l’Elysée, c’est-à-dire Gadoulet/Guéant. Entre temps, ils organisent un voyage qui a permis à Ag Bibi de conduire Gadoulet devant Abu Zeïd où ils discuteront une journée entière.

ATT fâché, convoque le DG de la SE

C’est de là que le Président ATT apprend qu’un avion français est parti de « Villa Coublet » : motif récupéré trois otages d’Arlit pour une somme d’environ dix sept millions d’Euros, soit près de neuf (09) milliards de nos francs. Furieux, le Président ATT, convoque le DG de la SE de l’époque Mamy Coulibaly et l’interrogea. Embarrassé, mamy, semblait être tombé dans une manipulation puisqu’apparemment, Guéant lui aurait fait communiquer que le Président Sarkozy était chargé d’informer ATT. Ce qui n’a pas été fait jusqu’à ce que le Chef de l’état l’apprenne par d’autres canaux et se déchaîna sur lui. C’est fort de cela que le locataire de Koulouba fera savoir que la libération des otages ne se fera plus au Mali. Ag Bibi, se terre dans la région de Kidal et évite de se hasarder vers Bamako.

Niamey pour libérer les trois otages

La libération aura enfin lieu un mois plus tard à Niamey. Et losr qu’ATT a appris que cette libération a coûté plusieurs dizaines millions d’Euros, il était furieux. Il faut adresser une note blanche au « Quais d’Orsay » à travers le département des Affaires Etrangères alertant la diplomatie française sur le jeu malveillant d’un réseau mafieux conduit depuis l’Elysée pour survendre la libération des otages afin de récupérer des rétro commissions. En réalité, ces nouveaux négociants se sont débarrassés d’ATT, pour pouvoir gonfler la facture et se partager le surplus. Les choses sont très claires.

Claude Guéant furieux contre ATT

II faut rappeler qu’après le refus d’ATT pour l’avion devant ramener les otages à Paris d’atterrir à Bamako, Claude Guéant débarqua manu militari dans la capitale malienne pour engueuler ATT et le mettre en garde tout en promettant de lui faire regretter de les avoir fait échouer cette libération d’otages. C’est ainsi que les Ag Bibi et consorts ont pris goût aux libérations d’otages.

Ab Bibi/ Gadoulet ont pris goût aux libérations d’otages

C’est ainsi qu’ils ont engagé les négociations pour faire libérer Marc Férré. La libération par paquets qui les arrange. Ag Bibi débarque à Niamey avec ses véhicules 4×4 pour chercher Jean Marc Gadoulet. Ils arrivent à Gao qu’ils devaient traverser pour Kidal où ils seront interceptés par des hommes en armes où il y a eu des tirs où Gadoulet a été touché. Ils arrivent à poursuivre leur route. La mission s’est foirée. Rapidement, Gadoulet a repris son avion pour renter à paris où il sera admis à l’hôpital « Val de Grâce ». Entre temps, le temps que Gadoulet guérisse, Abu Zeïd, n’était pas disponible. C’est après que les négociations ont été relancées où Gadoulet revient à Niamey et attend l’autorisation de rejoindre Abu Zeïd. Curieusement, le Général Pougard bloque l’action de la libération puisqu’ils étaient à la veille des élections présidentielles françaises. Pendant ce temps, Ag Bibi, qui se trouve dans son campement, continue à appeler Gadoulet pour le mettre en garde sur les conséquences de l’échec de la libération de l’otage par rapport même à l’avenir d’éventuels.

Descente aux enfers pour ATT

Ce coup d’Ag Bibi. Gadoulet et consorts, déclenchera la véritable descente aux enfers du vieux Commando. Patatras ! Il y a eu le coup d’état du 22 mars 2012.

L’équipe Hollande ne cautionne pas Gadoulet

Après la libération des otages à Niamey, Guy Delbrel s’est retiré, ATT est tombé, Gadoulet blessé, l’affaire des otages est arrangé dans les tiroirs. La nouvelle équipe qui vient d’arriver à l’Elysée, ne cautionne pas Gadoulet et après avoir pis connaissance de la lettre blanche de Bamako qui les avertissait sur ce réseau mafieux qui spéculait sur la tête des otages, monte une nouvelle filière. Ici, le nouveau gouvernement prend els choses en main à travers la DGSE, entre temps, François Hollande décidé d’intervenir au Mali.

En finir avec la mafia et Abu Zeïd

L’occasion était propice d’en finir avec l’hydre Abu Zeïd qui aurait été tué, et a mis de côté le dossier AQMI. L’adjoint d’Abu Zeïd prend le relai. L’Elysée relance celui-ci. Ledrian arrive à Bercy et monte un autre réseau avec Lorenzy qui est aussi un ancien de la DGSE, propriétaire d’une société de sécurité en charge de la sécurité de SATOM(sous-traitant). Un autre James Bood qui n’a peur de rien. Il se trouve que les Gadoulet avaient négocié la libération de deux otages pour trente millions d’Euros (30) qui devaient être payés par AREVA. Lorenzy contacte le nigérien Mohamed Akotey pour voir le Président nigérien. Et pendant que la négociation est en cours, ils tentent de rentrer en contact avec Abu Zeïd, celui-ci les fait savoir que son seul interlocuteur demeure Ab Bibi, qui les demande de contacter Gadoulet. Du coup, le processus de libération des otages prend du plomb dans l’aile. La situation est restée bloquée jusqu’à l’intervention française qui a fini par tuer Abu Zeïd. Le blocus est levé. Les Akotey ont proposé leurs services à AREVA, qui ont été longtemps refusé par cette société. Ainsi prend fin, le parcours du réseau Gadoulet/Ag Bibi.

Trente millions d’Euros pour libérer tous les otages

AQMI décapité, accepta les trente (30) millions proposés par Lorenzi/ Akotey pour libérer tous les otages tout en s’attendant à recevoir trois (03) millions d’Euros (soit Deux milliards de nos francs) de commissions qui selon lui, pour payer des chauffeurs et des gardiens. Le patron de la DGE, M. Bernard Bageolet refuse de payer puisque détentrice des fonds de la république française et que les trente millions d’Euros devraient être payés à AQMI. Pas question de surplus.

Assassinat de Ghislaine Dupond et de Claude Verland

Le paiement de rançon va provoquer l’ire des intermédiaires qui se sont vus floués dans cette opération de libération d’otages. Apparemment, l’affaire Serge Lazarezvichi, enlevé à Hombori en novembre 2011, il devait avoir libération de leurs ravisseurs wassoudène et son frère emprisonnés à Bamako), donc l’enlèvement de Ghislaine et de Claude leur est attribué. Malheureusement, la panne de véhicule, a provoqué l’assassinat de nos deux confrères puisque la prise d’otages venait d’échouer.

Ces prises d’otages profitaient à certains du système français

Enfin, on voit bien que ces prises d’otages profitaient bien à certains au sein du système français (qu’il soit politique, financier) puisqu’ils se sont livrés une guerre de gang sans pitié, sans se soucier de la vie des otages.

Cette enquête, je l’ai réalisé avec mes confrères (Geoffrey Livolski, Michel Despratt, deux journaliste de France 2) au Mali et au Niger. L’enquête était très difficile mais nous sommes parvenus à la réaliser.

Un dernier mot ?

Cheick Dioura : La leçon que j‘ai tirée de ce travail, nous avons l’impression que les politiques français ont monnayé la vie de leurs ressortissants contre des intérêts politiques, financiers, matériels, en montant des scénarios pour distraire l’opinion.

Propos recueillis par Bokari Dicko

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