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Kalabancoro : Jusqu’où ira le maire, Issa Bocar Ballo ?
Publié le jeudi 2 mars 2017  |  Le Républicain
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On sait maintenant une chose : le maire de Kalabancoro, Issa Bocar Ballo, n’a pas son pareil dans l’art, frisant le larbinisme, de débiter les louanges du président Ibrahim Boubacar Keïta. Rien ne le montre mieux que sa prestation du mardi 28 février, lors de l’inauguration de la cité universitaire de Kabala :
« IBK, vous êtes un grand bâtisseur qui n'a jamais cessé de rêver grand pour notre grand Mali. Notre président bâtisseur connu pour son pragmatisme, sa rigueur, son patriotisme et son sens de l'honneur, procédera encore une fois de plus à l'inauguration d'une autre réalisation parmi tant d'autres.....

Par ma voix les populations de Kalaban et N'Golobougou disent merci au " Kankeletigui" que vous êtes. Son excellence, avec vous, tout le Mali d'aujourd'hui plus qu'hier est un vaste chantier de constructions multiples dans tous les domaines. Cela excellence, avec le retour de la paix, de la sécurité et du mieux-être pour tous. IBK, vous êtes réellement l'homme de la situation au Mali, n'en déplaise à qui ne veut l'entendre »

Il n’y a rien d’autre à dire sinon qu’il y a de quoi s’alarmer pour les griots qui sont à deux d’être détrônés par un concurrent qui excelle à se donner en spectacle. Et c’est vraiment dommage pour un maire dont on sait qu’il est en train d’épuiser sa capacité d’imagination et de communication pour s’imposer à des populations qui disent en avoir assez d’un homme qui a passé tout son premier mandat à « non-gérer » la commune rurale de Kalabancoro (12 villages).

Pour s’en rendre compte, il suffit juste de lire et d’écouter ce qui se dit et s’écrit sur Kalabancoro. Début décembre, la Coordination des chefs de village de la commune a adressé une correspondance au Premier ministre Modibo Keïta, à laquelle ils disent n’avoir reçu aucune réponse à ce jour. Que dit celle lettre ? Ils contestent la réélection du maire sortant Issa Bocar Ballo, qu’ils accusent d’avoir « dilapidé les ressources de la commune » durant son premier mandat, d’avoir « morcelé et vendu aux plus offrants les 120 espaces verts, les 13 marchés ».

Mais il n’y a pas que ça. La coordination dénonce aussi la fraude dont le maire aurait usé pour gagner les communales à travers « la détention illégale de cartes NINA, le transfert des non militants de la commune, le bourrage des urnes, achat de conscience ».

Cette plainte, comme il fallait s’y attendre, n’a en rien ébranlé le maire qui continue d’employer sa stratégie de bulldozer consistant surtout à réprimer les tentatives de contestation populaire. Comme ce fut le cas lors de la manifestation des femmes du marché, à qui le maire a tenu la dragée haute, car c’est lui qui a la force : au lendemain de sa réélection la police de la commune, qui semblait lui obéir au doigt et à l’œil, a empêché les femmes de manifester. Si l’on en croit le commissaire principal de l’époque, Ismaël Traoré, cinq femmes et cinq hommes ont été interpellés « pour trouble à l’ordre public».

« Une marche non autorisée est à disperser. Et pour cela, on utilise la force publique », avait ajouté le commissaire. Comme s’il était sans savoir que les populations n’étaient pas les seules à contester cette réélection qui a surpris plus d’un, y compris au-delà des seuls murs de la commune de Kalabancoro.

En effet, parmi les partis politiques qui ont intenté une action en justice à l’encontre du maire, figure le Rassemblement pour le Mali (RPM) dont le candidat, Madou Tièkoura Diarra, est arrivé 2e aux Communales. Ce parti accuse le maire d’avoir fait des transferts massifs d’électeurs en provenance du village de Bougoufiè (Ségou), ce qui aurait eu des répercussions sur l’électorat de cette commune.

Ces électeurs transférés auraient voté pour la plupart dans les villages comme Gouanan, Siracoro-Meguetana et Sabalibougou Kourani où un candidat du parti du maire (CNID-Faso Yiriwaton), du nom de Souleymane Coulibaly, aurait échappé à un lynchage grâce à l’intervention des forces de l’ordre.
Les deux camps feront valoir leurs arguments devant la Cour suprême dans moins de deux semaines. Et il va sans dire que les populations de Kalabancoro, dont on sait qu’elles sont chauffées contre le maire, suivent cette affaire.

Qu’on se le dise, tout ce qui vient d’être dit est déjà beaucoup pour dire que la situation est explosive à Kalabancoro avec un maire qui était à ce point conscient de son impopularité qu’il n’a affiché aucune photo de lui durant la campagne, et une population qui ne souhaite qu’une seule chose : son départ. Il y a un mois, les quatre clans du village de Kalabancoro ont refusé de le recevoir au motif qu’ils ne veulent pas passer pour des traitres aux yeux des autres chefs de village signataires de la lettre en s’accommodant d’un maire qui a semé la discorde dans la commune. Parce qu’à Kalabancoro, ce qu’on ne dit pas assez, le cœur du problème est cette affaire du marché principal dont l’expropriation par le maire, avec la complicité de certains autochtones, a fait voler en éclats beaucoup de liens de famille, d’amitié. Des couples se sont cassés.

Et si, on ne sait comment, le maire venait à remporter cette bataille judiciaire, c’est que l’urgence s’impose de faire quelque chose pour la commune rurale de Kalabancoro pour maintenir l’équilibre. Sinon, il risque d’y avoir une rupture surtout avec un maire qui donne la douloureuse impression de bâtir sa conduite sur cette conception de Machiavel selon laquelle le but de la politique est la réussite et non la morale.
Il appartient donc à ceux qui détiennent les leviers du pouvoir d’agir sans retard.

Boubacar Sangaré
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