A la faveur de l’insurrection populaire de mars 1991, notre pays a basculé dans le multipartisme intégral et la liberté d’expression. Ainsi, facilités par la Loi fondamentale qui n’impose aucune restriction ou limite, les partis politiques et les journaux n’ont cessé d’être créés, à l’effet que la démocratie malienne puisse pleinement bénéficier d’un climat de libéralisme politique intégral.
Toutefois, s’il est une réalité que notre pays compte plus d’une centaine de partis politiques, il est tout aussi évident que cette inflation de partis politiques ne contribue point à l’émergence d’un système démocratique. La majorité (pour ne pas dire l’essentiel) des partis politiques ont été créés par des promoteurs non démocrates et transparents. Lesquels continuent de gérer leurs partis respectifs comme des patrimoines familiaux.
Sans jamais se soucier de l’atteinte des tâches essentielles que devrait animer toute formation politique : éduquer, former et sensibiliser les masses populaires afin qu’elles puissent participer pleinement à la construction du système démocratique, les promoteurs n’utilisent leurs partis politiques que comme fonds de commerce. Présidents-fondateurs, ils détiennent à eux seuls le monopole à vie de la présidence.
L’ascension d’un militant aux postes de responsabilité, n’étant liée ni à sa valeur intrinsèque, ni à son degré de militantisme encore moins à une élection démocratique, est uniquement tributaire des seules émotions du Chef. Ce qui ouvre la voie à une gestion opaque de leurs entreprises politiques ; notamment dans l’usage des fonds annuellement alloués aux formations politiques.
D’où l’existence de fossé grandissant entre les acteurs politiques et les électeurs, lesquels ne faisant plus foi à la chose politique boudent de plus en plus les urnes. Tout cela aggravé par le nomadisme politique des leaders au gré du vent, en général, de celui qui souffle vers le pouvoir en place, sans jamais demander l’avis de leurs électorats qui ne sont d’ailleurs considérés que comme des bétails votants.
Ainsi, fonctionnant à l’image de la quasi-totalité des écoles privées maliennes, ces partis politiques n’existent que pour meubler la galerie. Leurs promoteurs étant dans la quête perpétuelle de biens pécuniaires, mais aussi cherchant à ne profiter que des avantages sociopolitiques tels l’obtention de postes ministériels, d’ambassadeurs et autres. Ce qui n’est possible sans leur allégeance au parti au pouvoir.
Toutefois, heureusement dans ce chapelet de formations politiques au Mali, un seul parti semble bénéficier de la démocratie et de la transparence. Il s’agit de l’Adema-Pasj, l’ancêtre des principaux partis actuels de l’échiquier politique nationale actuelle. Dans la pratique, l’Adema-Pasj pourrait être considéré comme le seul parti politique démocratique digne de ce nom car il est l’un des rares partis politiques à connaître l’alternance à sa tête, mais aussi des changements démocratiques de son personnel politique.
Présentement, à part l’Adema, tous les autres partis sont dirigés par des promoteurs. Alors que dans d’autres partis politiques, quand le promoteur meurt ou part à la retraite, il est systématiquement remplacé par son fils. L’exemple typique d’une telle dévolution dynastique du pouvoir est bien illustré à l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), où Tiéman Hubert Coulibaly a succédé à son père Moussa Balla Coulibaly. Certains partis sont presque morts avec leurs promoteurs, comme par exemple le cas de Mamadou Lamine Traoré du MIRIA.
Pour la promotion de la démocratie et l’émergence du système démocratique, les partis politiques maliens doivent procéder à des mutations démocratiques. La tête et la composition des membres du bureau politique doivent changer afin que d’autres s’expriment. Cette exigence concerne entre autres : l’URD, le PARENA, la CODEM, l’ASMA-CFP, YELEMA, le CDS Mogotiguiya, l’APR, le RPM, et biens d’autres qui sont interpellés.
Alfousseini Togo