Nouakchott - Le chef jihadiste malien Iyag Ag Ghaly a annoncé la fusion de son organisation avec deux autres, dont celle de l’Algérien Belmokhtar, dans une vidéo diffusée jeudi par l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar.
Cette fusion avait été annoncée plus tôt jeudi par l’Agence Nouakchott Information (ANI), qui avait précisé à l’AFP qu’elle ne comptait pas mettre en ligne le film.
Le nouveau mouvement, lié à Al-Qaïda et dirigé par le Touareg Iyag Ag
Ghaly, est baptisé "Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans", selon une traduction de l’arabe vers le français d’un journaliste de l’AFP. Une appellation retranscrite comme "Nosrat al-Islam Wal Mouslimine" par Al-Akhbar.
Ce groupe est formé d’Ansar Dine d’Iyad Ag Ghaly, Al-Mourabitoune de
Mokhtar Belmokhtar et "l’Emirat du Sahara", une branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) opérant dans le nord du Mali, selon la déclaration d’Iyad Ag Ghaly.
Ce dernier apparaît dans la vidéo avec quatre autres chefs jihadistes, arborant turbans et barbes fournies, tous assis côte à côte.
Amadou Koufa, le chef peul des "Katibas du Macina", mouvement actif dans le centre du Mali, fait partie des chefs jihadistes visibles dans la vidéo avec, au centre, Iyad Ag Ghaly devant un ordinateur portable. Les trois autres sont des dirigeants d’Al-Mourabitoune: Elhacen Al-Ansari, Yahya Abou El Hamame et Abou Abderrahmane Assanhaj (ou Al-Sanhadji), selon des spécialistes.
D’après l’un des experts joints jeudi soir par l’AFP, la présence d’Amadou Koufa est due à ses relations avec le chef d’Ansar Dine, auquel son mouvement a toujours été lié.
Dans sa déclaration, Iyad Ag Ghaly affirme que le nouveau mouvement a prêté allégeance à des chefs jihadistes, dont Ayman al-Zawahiri, actuel dirigeant d’Al-Qaïda. Il y loue notamment Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan en mai 2011.
Aucune indication n’a pu être obtenue sur la date d’enregistrement de la vidéo, produite selon l’ANI et Al-Akhbar par l’organe de production médiatique du nouveau mouvement.
L’ANI a reçu le film mercredi soir, a précisé à l’AFP son directeur,
Mohamed Mahmoud Abou-Elmaali. "Notre source nous a affirmé qu’elle a été récemment tournée", a-t-il ajouté, sans plus de détails.
Les groupes ayant fusionné étaient déjà clairement liés à Al-Qaïda, et
certains font partie des organisations jihadistes qui ont contrôlé le nord du Mali pendant près de dix mois, à la faveur d’une rébellion touareg, à partir de mars-avril 2012.
Les islamistes radicaux ont ensuite été chassés de cette vaste région et engrande partie dispersés par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013, et qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement cibles d’attaques jihadistes. Auparavant concentrées dans le Nord, ces attaques se sont étendues depuis début 2015 vers le centre puis le sud du Mali.
Al-Mourabitoune était lui-même né de la fusion en août 2013 du groupe des "Signataires par le sang", unité combattante créée moins d’un an plus tôt par Mokhtar Belmokhtar, et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), alors implanté à Gao, dans le nord du Mali.
Depuis, ce groupe a mené de nombreuses attaques sanglantes et spectaculaires dans la région du Sahel, dont un attentat-suicide à Gao le 18 janvier, ayant fait près de 80 morts selon des bilans concordants.